Les pandas roux, nouvelles cibles des braconniers
Une saisie de 6 pandas roux au Laos montre l’intérêt grandissant des braconniers pour cette espèce menacée.
Le braconnage pour le commerce des animaux exotiques, des perroquets aux primates nocturnes, met en danger des millions d’animaux sauvages et menacent leurs populations. Les pandas roux, aussi adorables que menacés, sont-ils leur nouvelle proie ? C'est la question que se pose Rod Mabin, directeur régional des communications de Free the Bears (Australie), une organisation de protection des animaux qui gère des sanctuaires en Asie du Sud-Est. En janvier dernier, l’équipe de Mabin et des douaniers de Laos sont intervenus pour sauver 6 pandas roux des mains des braconniers. Ils ont été trouvés lors de l'inspection aléatoire d'une camionnette à environ 16 km de la frontière chinoise.
D’après Rod Mobin, c’est la première fois que des pandas roux sont saisis au Laos et cet incident est probablement la plus grande opération de sauvetage de pandas roux à ce jour. « C’est une grande surprise pour nous tous », déclare le directeur dont l’équipe a transféré les pandas roux au sanctuaire de Luang Prabang. « Nous supposons que ces spécimens étaient destinés au marché pour devenir des "animaux de compagnie". »
Les pandas retenus dans des cages individuelles avaient été conduits dans une zone non-surveillée de la frontière avant d'être mis dans une camionnette, raconte Rod Mabin. Arrêté par les forces de l’ordre, le chauffeur laotien prétend qu'il prévoyait de charger les animaux dans un autre véhicule au relais routier au nord de la ville de Luang Namtha. Bien que ce dernier affirme ne rien savoir de la destination finale des pandas roux, Mabin estime que ces animaux étaient avaient pour destination la Thaïlande, plaque tournante du trafic d'espèces sauvages.
Trois de ces pandas, que Mabin décrit « comme très malades et tremblants », sont morts peu après. Les autres mammifères semblent être en bonne santé. Un contrôle médical leur est assuré par les vétérinaires du sanctuaire où ils resteront pour une période indéfinie.
Dans leur habitat naturel, les pandas roux vivent sur les flancs de montagnes allant du centre de la Chine au Népal, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature. En dépit de leur surnom, ces mammifères mangeurs de bambous sont en réalité plus proches des ours et des ratons laveurs que des pandas géants. Leur nombre a été réduit par la déforestation et la maladie et, dans une moindre mesure, par le braconnage faisant d'eux des animaux domestiques.
Les pandas roux sont censés être protégés par les lois locales du Laos et par un traité qui interdit leur vente dans les espaces transfrontaliers, mais ces dernières années de nombreuses saisies de peaux de pandas roux ont été faites en Asie. On compte par ailleurs au moins une tentative de vente de leur viande en Chine et un autre incident où des pandas vivants avaient été retrouvés dans un véhicule en Chine. Ils étaient eux aussi destinés au marché domestique.
Mabin craint que la saisie en question soit un signe de plus de l'intérêt du grand public pour ces animaux aux grands yeux et aux joues rondes, devenus les nouvelles stars de YouTube.
La demande accrue de pandas roux menace non seulement leur population sauvage - les frais requis pour leur élevage en captivité en fait des animaux peu rentables - mais en plus ils font de bien malheureux animaux de compagnie, comme le souligne Damber Bista de Red Panda Network, une organisation de défense des animaux. « Les petits pandas peuvent être adorables les premiers jours suivant leur naissance, mais les adultes se méfient de tous, même des autres pandas. Ils demandent par ailleurs beaucoup d'attention et de soin. Ils mangent l’équivalent d’un quart de leur poids chaque jour et peuvent aussi déféquer l’équivalent de leur poids en l'espace d'une semaine. »
Le marché international des animaux de compagnie va croissant, en faisant l’un des commerces les plus dévastateurs pour les animaux sauvages. Alors que certains animaux exotiques sont élevés en captivité pour satisfaire ce nouveau marché, d'autres espèces comme les lémuriens et certains lézards sont piégés dans leur habitat naturel. C’est animaux meurent souvent pendant leur capture ou le transport, et même quand ils arrivent vivants chez leurs nouveaux propriétaires, ils souffrent souvent dans leur nouvelle situation, incapables de manger et de se déplacer comme ils le feraient dans la nature.
Pour les pandas roux, « cette saisie montre une réalité terrible, qui peut encore s'aggraver si le public ne prend pas conscience du danger pesant sur ces fragiles créatures, » regrette Bista.