L'éprouvant parcours d'un paresseux, de sa capture à son arrivée sur le marché noir

Une vidéo retrace le périple d'un paresseux, de sa capture à l'état sauvage à sa mise sur le marché comme animal de compagnie ou pour satisfaire la « demande » en selfie.

De Natasha Daly
Le parcours d'un paresseux de sa capture à son arrivée sur le marché noir

Les images montrent un paresseux suspendu à la cime d'un arbre de la jungle péruvienne dont deux hommes coupent le tronc à la hache. Alors que l'arbre, qui s'élève à 30 mètres de hauteur, s'effondre, le paresseux chute avec lui. Les bûcherons saisissent l'animal encore en vie sous les décombres de l'arbre et le fourrent tête la première dans un sac noir. Ils ferment le sac, le transportent à travers la jungle et le jettent à bord d'un bateau. Ils l'ouvrent afin d'y jeter un bref un coup d'œil : le paresseux est trempé par la condensation de sa respiration à l'intérieur du sac serré et non ventilé. Les exploitants forestiers illégaux referment le sac, renvoyant ainsi l'animal dans l'obscurité.

Après avoir descendu l'Amazone jusqu'à la ville portuaire d'Iquitos, les bûcherons vendent le paresseux à un marchand pour 13 $ (11 €). Le marché de Belén, où le marchand commerce, est célèbre pour être un repaire du commerce illégal d'espèces sauvages.

Cette vidéo, tournée fin août et transmise à National Geographic par l'organisation à but non lucratif World Animal Protection, met en lumière le périple atroce d'un animal, de l'état sauvage à la captivité. Destinée aux touristes désireux de prendre un selfie aux côtés d'un paresseux mignon à l'apparence docile — ou d'un fourmilier, d'une tortue, d'un perroquet, d'un serpent ou d'un caïman — elle dépeint la souffrance subie par un grand nombre de ces créatures pour atterrir dans les bras des amoureux des animaux.

Plus tôt ce mois-ci, National Geographic a enquêté sur l'utilisation des espèces sauvages capturées illégalement dans l'industrie du tourisme en Amazonie. À Puerto Alegría, au Pérou (à environ 320 kilomètres en aval du lieu où ce paresseux a été capturé), j'ai découvert 18 espèces d'animaux sauvages différentes maintenus en captivité afin que, chaque jour, des dizaines de touristes les portent et les photographient.

Selon Neil D'Cruze, responsable des politiques chez World Animal Protection, si cet état de captivité est néfaste pour toutes les espèces, son effet sur les paresseux est particulièrement dévastateur. Ils dorment jusqu'à 20 heures par jour et leur tempérament d'apparence calme et docile les rend faciles à capturer, à transporter et à manipuler. Le stress engendré par ces expériences peut provoquer une mort prématurée.

Le caméraman s'est retrouvé à filmer cette scène par hasard. Il était en train de filmer le quotidien des bûcherons illégaux du Pérou ; s'il avait conscience que leur travail alimentait le commerce d'animaux sauvages, il ne s'attendait pas à assister à la capture d'un animal à proprement parler. Lorsque l'incident est survenu, sa caméra continuait à filmer.

Nous ignorons le sort qu'a connu ce paresseux, mais il est très probable qu'il ait été vendu sur le marché illégal des animaux de compagnie ou pour le commerce du « selfie touristique ». « À partir du moment où ces animaux sont arrachés à leur habitat naturel, il y a très peu de chances qu'ils connaissent une happy end », déplore Neil D'Cruze.

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