14 mètres : le Titanoboa, le plus grand serpent de tous les temps
Large de 80cm, long de 14 mètres et pesant plus d'une tonne, le Titanoboa arborait des mensurations extraordinaires pour un serpent.
Illustration d'un Titanoboa dévorant un crocodile.
Titanoboa cerrejonensis, traduit littéralement par le titanesque boa de Cerrejón était, avant la découverte des premiers fossiles en Amérique du Sud en 2009, une espèce de serpents totalement inconnue des scientifiques et paléontologues. Depuis, les restes de 29 Titanoboas ont été découverts dans des mines de charbon en Colombie, à Cerrejón, composés de vertèbres, de mandibules et de fragments de crânes. Cette espèce aujourd’hui éteinte a vécu il y a 60 millions d’années sur le continent sud-américain et se rapproche du boa constrictor actuel, qui vit lui aussi en Amérique du Sud.
Les scientifiques à l’origine de cette découverte ont comparé les os de Titanoboa avec ceux du plus grand serpent actuel, l’anaconda, pouvant atteindre 7 mètres de long pour les gros spécimens. Titanoboa cerrejonensis aurait mesuré 14 mètres de long, pour un poids d’environ une tonne et demi, des dimensions impressionnantes pour un serpent.
Comment expliquer de telles dimensions ? L’analyse des fossiles retrouvés a permis d’établir un lien entre le milieu dans lequel vivait le Titanoboa et sa taille. Jonathan Bloch, chercheur à l’Université de Floride, qui a dirigé les fouilles à l’origine de la découverte de cette espèce, affirme que « la taille géante du Titanoboa s’explique par un climat devenu beaucoup plus chaud après l’extinction des dinosaures ». À l’époque, les pôles n’étaient pas couverts de glace et les températures étaient de 4 à 5 degrés plus élevées sous les tropiques. Le chercheur ajoute qu’ « « après l'extinction des dinosaures, Titanoboa était le plus gros prédateur de la Terre pendant au moins 10 millions d'années ».
Les serpents étaient, à l’époque du Paléocène et comme les serpents actuels, poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température corporelle variait en fonction de la température du milieu dans lequel ils évoluaient. Leur taille était donc limitée et influencée par la température extérieure. Si cette dernière était trop basse, elle imposait à l’animal un métabolisme lent qui ne pouvait suffire à un corps trop grand. En faisant la comparaison avec les espèces actuelles de serpents, les paléontologues ont pu estimer que la température dans la Colombie du Paléocène était située entre 30 et 34°C.
Cette valeur rejoint celle qu'indiquent les modèles climatiques actuels, qui prédisent pour cette période du Paléocène une forte concentration de gaz carbonique et confirme qu’il existait entre les régions tropicales une différence de température semblable à celle que nous connaissons aujourd'hui.
L’analyse des sédiments dans lesquels les restes du Titanoboa ont été découverts ont également montré qu’il s’agissait d’un animal aquatique. Il vivait à proximité des rivières à fort courant où vivaient des tortues d’eau douce géantes et des crocodiles qui, à en croire les restes retrouvés, constituaient une majeure partie de son régime alimentaire.
Comment le Titanoboa a-t-il disparu ? Les scientifiques pensent que si son existence était intimement liée au climat chaud et à l’humidité du milieu qui l’entourait, un asséchement des points d’eau ou un détournement du cours des rivières auraient pu lui être fatals.
Cet article a initialement paru en 2021, il a depuis été mis à jour.