La Chine interdit la vente de viande de chien au festival de Yulin
Les défenseurs des animaux voient dans cette interdiction l'espoir de l'interdiction du commerce de viande de chien et de chat en Chine.
Dans une volonté de changement radical, le tristement célèbre festival annuel de viande de chien de Yulin, en Chine, aurait reçu l'interdiction de vendre ladite viande.
S'il n'est pas rare de manger du chien dans certaines régions de l'Asie de l'Est depuis des siècles, le Festival de la viande de chien et du litchi, d'une durée de dix jours au sud de la Chine, est un événement relativement récent. Lancé en 2010, le festival a d'ores et déjà suscité de nombreuses polémiques à travers le monde au cours de sa brève histoire. Des défenseurs chinois et internationaux des animaux ont condamné l'événement qui cause le massacre annuel de milliers de chiens, dont de nombreux animaux de compagnie volés ou errants.
Dans un communiqué de presse paru le 17 mai, l'organisation Humane Society International et l'association de défense des droits des animaux Duo Duo Animal Welfare Project ont déclaré que la ville était sur le point « d'interdire la vente de viande de chien aux restaurants, vendeurs ambulants et commerçants lors de l'événement ».
Mo Gong Ming, nouveau secrétaire du parti de Yulin, serait à l'origine de cette interdiction qui entrera en vigueur le 15 juin, soit une semaine avant le lancement du festival prévu le 21 juin. Le non-respect de cette interdiction sera puni par de potentielles arrestations et des amendes pouvant aller jusqu'à 100 000 yuan (l'équivalent d'environ 13 060 €).
« Ce n'est pas pour autant l'arrêt de mort du festival de viande de chien de Yulin », a expliqué dans un communiqué Peter Li, spécialiste de la politique chinoise chez Humane Society International. « Cependant, si cette information est vraie comme nous l'espérons, il s'agit d'un sacré coup dur porté à cet événement atroce devenu le symbole du commerce de la viande de chien criminel de la Chine. »
Lors d'une interview téléphonique, Wendy Higgins, porte-parole de l'organisation Humane Society International, a déclaré que les deux organismes avaient reçu indépendamment des informations relatives à l'interdiction de la part d'activistes chinois et de commerçants présents sur les marchés de Yulin. Les associations ne savent pas pour l'heure si l'interdiction s'appliquera également aux chats qui sont, eux aussi, abattus lors du festival.
Peter Li et Wendy Higgins estiment que les tentatives de contourner l'interdiction de la part des commerçants en distribuant de la viande de chien gratuitement sont peu probables. « Les restaurants ont reçu l'ordre de retirer les plats. Le festival de Yulin reposant essentiellement sur le commerce, plus que sur la culture, il est peu probable selon moi que les commerçants et propriétaires de restaurants s'attirent des problèmes et se mettent sur la paille », affirme la porte-parole dans un e-mail.
Les organismes n'ont pour l'heure vu passer aucune trace écrite de la part du gouvernement de Yulin qui confirmerait l'interdiction. Peter Li explique toutefois dans une interview téléphonique que l'absence d'une telle trace ne serait pas une surprise.
En 2014, dans une volonté gouvernementale d'établir des distances, le gouvernement de Yulin a donné l'ordre confidentiel aux fonctionnaires de la ville de ne pas se rendre dans les restaurants dont le menu proposait de la viande de chien au cours du festival. En l'espace de quelques heures, la note a été divulguée aux défenseurs de la cause animale, dont Peter Li.
« Le gouvernement était visiblement furieux mais n'avait pas été en mesure de trouver la personne à l'origine de cette fuite », déclare Peter Li, selon qui le nouvel ordre a très certainement été diffusé à l'oral. « Les responsables locaux auxquels nous avons parlé en 2015 ont déclaré qu'ils n'émettaient plus de documents écrits. »
Au moment de cette annonce, National Geographic n'a pas été en mesure de la confirmer de façon indépendante.
Un appétit décroissant pour la cruauté
Selon Humane Society International, plus de 10 millions de chiens et 4 millions de chats sont assassinés chaque année et destinés à l'alimentation humaine. Toutefois, la pratique fracture de plus en plus le pays.
Un sondage de 2016 a révélé que près de 52 % des Chinois, parmi lesquels les résidents de Yulin, souhaitent l'interdiction totale du commerce de la viande de chien, alors que près de 70 % de la population affirme n'en avoir jamais mangée, selon des données de l'agence de presse chinoise Xinhua. Cette opposition est particulièrement élevée chez les jeunes.
Le Festival de viande de chien et de litchi (plus connu sous le nom de Festival de Yulin), organisé par de simples citoyens et des entreprises privées, n'a pas l'approbation officielle du gouvernement chinois, local comme national. L'engouement local est mitigé, avec des visiteurs venus de l'extérieur enthousiastes et d'autres qui se plaignent de la mauvaise réputation que donne le festival à leur région.
L'opinion des détracteurs locaux est largement reprise par des millions de signataires de pétitions à travers le monde. En juin 2016, les organisations chinoises et internationales de défense des droits des animaux ont présenté au gouvernement une pétition contre l'événement rassemblant 11 millions de signatures à travers le monde.
« Cela nous embarrasse que le monde associe à tort le festival cruel de Yulin à la culture chinoise », expliquait Qin Xiaona, directeur de l'association caritative Capital Animal Welfare Association à l'origine de l'enquête de 2016 dans une interview pour Xinhua. « Cela n'a rien à voir. »
Les législateurs des États-Unis en ont également pris bonne note. En 2016, le député Alcee L. Hastings (élu démocrate de Floride) a présenté une résolution condamnant le festival et a appelé la Chine à mettre un terme au commerce de viande de chien. Le 6 janvier 2017, il a réintroduit cette résolution qui qualifie le festival de « spectacle d'une extrême cruauté envers les animaux ».