Des centaines de tortues de mer retrouvées mortes au Salvador

Cette hécatombe de tortues de mer au Salvador inquiète les scientifiques.

De Sarah Gibbens
Publication 8 nov. 2017, 12:52 CET

Entre 300 et 400 tortues de mer ont été retrouvées mortes le mois dernier au large de la côte Pacifique du Salvador dans la Baie de Jiquilisco.

Les habitants ont constaté la décomposition des cadavres de tortues de mer à partir du 28 octobre, mais cette inquiétante hécatombe n'a été rendue publique qu’après l’annonce du ministère de l’environnement et des ressources naturelles sur Twitter.

Les autorités sont toujours en train de collecter les informations quant au nombre exact de décès et la cause de ceux-ci. De nombreuses espèces de tortues vivent dans cette région : la tortue imbriquée, la tortue luth, la tortue olivâtre et la tortue verte.

Il semble que la tortue olivâtre soit à présent la plus touchée. Cette extinction rappelle d'autre épisodes survenus en 2006 et 2013, durant lesquels respectivement 200 et 120 tortues avaient été retrouvées mortes.

Dans ces deux précédents cas, c'était une marée rouge qui avait causé la mort des tortues. Les « marées rouges » sont des proliférations algales extrêmes. Dans certains cas, selon les micro-organismes en présence et les conditions climatiques, elles peuvent être toxiques pour la vie marine. Cette efflorescence peut se produire dans les eaux salées et est aggravée par l'écoulement des produits chimiques tels que les pesticides et les eaux usées non traitées. Pour les tortues, l'ingestion des algues toxiques peut être mortelle.

Mike Liles a vécu au Salvador ces dix dernières années. Il travaille sur la conservation des tortues, et plus spécifiquement pour la protection des tortues imbriquées dans le Pacifique oriental. Selon lui, 300 autres tortues auraient été retrouvées mortes dans une région appelée Isla Tasajara, 48 kilomètres à l'est de la Baie de Jiquilisco. Le ministère de l'environnement du Salvador n’a toujours pas confirmé cette information.

Mike Liles hésite à se prononcer sur une éventuelle marée rouge. C'est une possibilité, explique-t-il, mais il est impossible de l'affirmer jusqu'à la publication du rapport gouvernemental.

Des gardiens des mers ont relevé 300 à 400 tortues marines flottant dans la Baie de Jiquilisco.
Des gardiens des mers ont relevé 300 à 400 tortues marines flottant dans la Baie de Jiquilisco.

LA PÊCHE EST-ELLE EN CAUSE ?

Par le passé, la pêche chalutière a aussi causé la mort de nombreuses tortues. Les reptiles marins sont souvent pêchés en même temps que les poissons par les immenses filets qui balayent le fond de l'océan. Les acteurs de l'industrie de la pêche au Salvador pratiquent le chalutage depuis que le secteur a commencé à prospérer dans les années 1970.

Cependant depuis le 17 octobre, un moratoire d’un mois est entré en vigueur pour interdire la pêche dans les eaux salvadoriennes afin de permettre à la population de tortues de se reproduire. Comme le moratoire a été mis en application avant la découverte des cadavres de tortues, Mike Liles estime que la pêche n'est probablement pas la cause de cette extinction. Il souligne toutefois que cette pratique demeure dangereuse pour les tortues.

Alexander Gaos, écologiste au Laboratoire de conservation, ne parvient pas non plus à déterminer la cause exacte de ces morts, et préfère ne pas se prononcer avec la publication des rapports gouvernementaux.

 

VUE D'ENSEMBLE

Si le pays est le théâtre d'une hécatombe sans précédent des tortues de mer, Mikes Liles ne se dit pas inquiet quant à la survie de l'espèce. La plupart des tortues retrouvées mortes étaient en effet des tortues olivâtres, une espèce qui n'est plus considérée comme menacée d'extinction mais reste une espèce « vulnérable » pour l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Mikes Liles suspecte l'écoulement des produits chimiques agricoles d'aggraver la marée rouge. Dans le cas où les tortues auraient plus de liberté pour se reproduire, de nouvelles hécatombes comme celles-ci pourraient devenir de plus en plus communes. Alexander Goas souligne le besoin de la mise en place d'un programme de conservation.

« Le gouvernement devait en principe avoir une équipe d'experts pour définir les causes concrètes de cet incident », déclare-t-il. « Plus vous attendez, plus les cadavres (de tortues) ont le temps de se décomposer. » 

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