Les États-Unis n'autoriseraient finalement pas l’importation de trophées d’éléphants
Deux jours après l’annonce des autorités américaines du retour sur l'interdiction d'importer des trophées d'éléphants provenant du Zimbabwe et de Zambie, le président Donald Trump se rétracte et suspend sa décision.
Deux jours après les déclarations de son administration sur le lever de l'interdiction d’importation des trophées d’éléphants provenant du Zimbabwe et de Zambie, le président Donald Trump a annoncé sur Twitter vendredi 17 novembre qu'il maintiendrait finalement cette interdiction. La délivrance de permis d’importation des trophées des éléphants de ces deux pays a été « gelée » pour le moment, selon le secrétaire d'État à l'Intérieur, M. Ryan Zinke.
L’annonce de la décision de lever l’interdiction lors d’un forum pro-chasse en Tanzanie a suscité une avalanche de critiques dans la journée du mercredi 15 novembre. En 2014, sous l'administration Obama, l'U.S. Fish and Wildlife Service, organisme fédéral des États-Unis dépendant du Département de l'Intérieur, a interdit l’importation des trophées d'éléphants provenant de plusieurs pays, considérant que la chasse mettait en péril la survie de l'espèce.
Étant donné que les éléphants africains sont considérés comme « menacés » par l'Endangered Species Act - loi fédérale des États-Unis créée pour protéger les espèces menacées, la loi exige que l’importation de n’importe quelle partie d'éléphant participe d’une manière ou d’une autre à la protection de l'espèce en milieu naturel. Reste à déterminer si le fait de chasser des éléphants au Zimbabwe ou en Zambie contribue véritablement à la conservation et la protection de l'espèce, comme le prétendent les chasseurs du grand gibier.
La population des éléphants au Zimbabwe est en déclin de 11 % depuis 2005, et de 74 % dans certaines régions du pays, principalement à cause du braconnage d’ivoire. La Zambie a enregistré un déclin des populations d'éléphants plus faible mais le braconnage reste là aussi un vrai problème.
Les chasseurs de trophées d'éléphants estiment que les sommes qu'ils payent pour partir en safari et chasser, qui peuvent atteindre des milliers de dollars par voyage, reviennent aux communautés qui vivent avec ces animaux, ce qui les encouragerait à protéger la faune sauvage.
« De Charles Darwin et John James Audubon à Theodore Roosevelt et Ernest Hemingway, les chasseurs les plus cultivés se prétendaient être des naturalistes et des conservateurs engagés pour la préservation des populations animales et de leur habitat naturel, » écrit Micheal Paterniti.
Toutefois, la fondation africaine pour la faune (AWF), déclare dans un communiqué que « La chasse aux trophées peut être un outil de conservation effective quand les décisions sont transparentes et les ressources nécessaires sont disponibles pour garantir que la chasse soit gérée correctement. » Mais les dernières décisions annoncées par Washington ne rentreraient pas dans ce cas de figure.
Les opposants à la chasse aux trophées avancent que les frais de safari et de chasse reviennent très rarement aux communautés. Les critiques jugent immoral de tuer des animaux sauvages pour le plaisir. Beaucoup estiment que la chasse aux trophées ne devrait pas être autorisée pour les animaux par ailleurs menacés par le braconnage, comme les éléphants, les rhinocéros et les lions.
« Il y a un grand risque que la chasse légale des éléphants couvre les pratiques de chasse illégale. Quand les camions, les pistolets et les chasseurs sont autorisés à rentrer dans un espace sauvage, les gardes forestiers ne savent pas qui est qui », déclare Tanya Sanerib du centre de la diversité biologique. « À moins que et jusqu’à ce que la décision d’importation des trophées d’éléphants en provenance du Zimbabwe soit officiellement annulée ou révoquée, les éléphants sont en danger et nous ferons tout notre possible pour lutter contre cette décision. »
Le Fish and Wildlife Service américain a par ailleurs discrètement commencé à délivrer des permis de chasse permettant l'importation des trophées de lions provenant du Zimbabwe et de Zambie, comme le rapporte ABC News, revenant ainsi sur la décision prise par Barack Obama.
Alors que les résultats des études sur la contribution de la chasse aux trophées à la survie de ces espèces sont toujours valables, le Secrétaire d'État à l'Intérieur Rayan Zinke a déclaré dans un communiqué de presse que le Fish and Wildlife Service suspendait la délivrance des permis, suite au tweet de Donald Trump vendredi 17 novembre.
« Le président Trump et moi en avons discuté et nous considérons que la conservation de la santé des populations animales est cruciale », a-t-il déclaré. « En conséquence, conformément aux règles et lois en vigueur, la délivrance des permis est suspendue après la révision de cette décision ».
Rayan Zinke n’a pas précisé si la révision en question, relative aux trophées d'éléphants, allait également être étendue aux lions.