Pourquoi les oiseaux sont indispensables à notre survie
Le romancier américain Jonathan Franzen rend hommage aux oiseaux dans un texte écrit spécialement pour le magazine National Geographic.
« Pendant l’essentiel de ma vie, je n’ai guère prêté attention aux oiseaux. Mais, depuis mes quarante ans, mon cœur tressaille à chaque fois que j’entends chanter un cardinal ou crier un tohi, et je me précipite dehors quand on me signale la présence d’un pluvier bronzé – pour la simple raison que c’est un oiseau magnifique, au plumage doré, venu d’Alaska à la seule force des ailes.
Pourquoi les oiseaux sont-ils aussi importants pour moi ? Lorsqu’on me le demande, je ne peux que soupirer et hocher la tête, comme si je devais expliquer pourquoi j’aime mes frères. C’est pourtant une bonne question en cette année du centenaire de la Convention concernant les oiseaux migrateurs (entre les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne) : pourquoi les oiseaux sont-ils si importants ? Je pourrais répondre d’abord en évoquant l’immensité de leur domaine : si l’on pouvait voir simultanément tous les oiseaux du monde, on verrait le monde entier.
On trouve des créatures à plumes au-dessus de chaque recoin de chaque océan, et dans des régions si désolées qu’aucun autre animal n’y survivrait. Le goéland gris élève ses petits dans le désert d’Atacama, au Chili, l’un des endroits les plus secs de la Terre. Le manchot empereur couve ses œufs dans l’Antarctique, en hiver. Des faucons crécerelles nichent à Notre-Dame de Paris, des martinets dans des grottes marines, des vautours sur des à-pics de l’Himalaya, des pinsons à Tchernobyl.
Seules des formes de vie microscopiques sont plus répandues que les oiseaux. Pour survivre dans des habitats aussi divers, les quelque 10 000 espèces d’oiseaux ont évolué vers des formes extrêmement variées. Leur taille va des 6 cm du colibri d’Helen, endémique de Cuba, aux 2,50 m de l’autruche, très répandue en Afrique. Leur bec peut être massif (pélican), minuscule (gérygone à bec court), ou aussi long que tout le reste du corps (colibri porte-épée). Certains ont des couleurs plus flamboyantes que n’importe quelle fleur, tel le souimanga de Gould, en Asie du Sud, quand d’autres déclinent d’innombrables nuances de brun. […] »
Dans le numéro de janvier 2017 du magazine National Geographic, la suite de cette déclaration d’amour aux oiseaux par le célèbre romancier Jonathan Franzen.