Hécatombe de dauphins sur les côtes françaises depuis décembre 2019

Depuis décembre dernier, plus de 600 cétacés se sont échoués sur la côte atlantique française. 95 % d'entre eux portent des traces d'accidents de pêche.

De Arnaud Sacleux
Publication 22 mars 2019, 16:17 CET
Le dauphin n’est pas la seule espèce à subir de plein fouet ces dommages collatéraux. Le ...
Le dauphin n’est pas la seule espèce à subir de plein fouet ces dommages collatéraux. Le marsouin en fait également partie.
PHOTOGRAPHIE DE Wild & Free, getty images via istock

Ndlr : Cet article, initialement paru en mars 2019 a été mis à jour en février 2020. 

 

Un phénomène qui s’aggrave depuis 2017. L’observatoire de Pelagis observe et s’inquiète du nombre croissant de dauphins qui s’échouent sur la côte atlantique française. Le dernier chiffre consolidé était à 600 mi-février 2020, ce qui laisse présager un nouveau record pour cette année, surpassant les 844 dauphins retrouvés échoués entre janvier et avril 2019. « Les départements les plus concernés sont la Vendée, la Charente-Maritime puis la Gironde » indique Willy Dabin, ingénieur d'étude à l'observatoire Pelagis chargé d'étudier les populations de mammifères marins des côtes de France. Si l’état de la population de dauphins reste incertain, l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) considère l’espèce comme étant dans un état de conservation défavorable en Atlantique. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) classe quant à elle l’espèce en statut de « moindre préoccupation ».

 

LA FAUTE AUX CAPTURES ACCIDENTELLES

La cause première de ce phénomène est la pêche, notamment celle du bar et du merlu, qui engendre des captures accidentelles de cétacés. Cette capture accidentelle est faite par des engins de pêche non catégorisés, et les causes ne sont pas clairement identifiées. Cependant, les examens « démontrent systématiquement des animaux d’excellente condition physique. Mais les contacts avec les filets laissent des lésions et les opérations de démaillage [sont des opérations que l’on pratique normalement sur des animaux morts] : on parle ici d’ablations de parties du corps de l’animal afin de démailler la carcasse du dauphin. Cela laisse des lésions cutanées traumatiques associées à des hématomes importants » précise l’ingénieur.

En interne, l’observatoire de Pelagis observe donc des éléments tendant à prouver des asphyxies chez 90 % des animaux capturés. Les pathologies naturelles majeures sont exclues des causes de décès de ces populations maritimes.

« La capture zéro n'est pas visée car dès lors qu'on exploite le milieu, il y a des dommages collatéraux, mais il faut rester dans des mesures beaucoup plus raisonnables qu'aujourd'hui », souligne M. Dabin. Le dauphin n’est d’ailleurs pas la seule espèce à subir de plein fouet ces dommages collatéraux. Il y a également des problèmes de capture non-négligeables de marsouins en Atlantique, et surtout dans la Manche.

 

QUELLES MESURES ?

Comme le phénomène s’accentue depuis 2017, on pourrait penser que rien n’est fait pour protéger les cétacés de ces captures accidentelles. Pourtant, une législation existe. « Au niveau Européen, le règlement 812-2004 est déjà ratifié et permet de tout mettre en œuvre afin d’identifier et de réduire toute capture accidentelle dans les pêcheries. Au niveau français, il existe l’arrêté de protection de 2001 fixant toutes les espèces de mammifères marins protégées et rendant obligatoire la déclaration systématique de toutes captures accidentelles par les pêcheurs. À notre connaissance, aucune capture n’a été déclarée en 2017, 2018 ou en 2019 » nous indique Willy Dabin.

Actuellement, la flotte française de chaluts en bœufs (deux chalutiers remorquant un filet) est équipée de répulsifs sonores visant à éloigner les dauphins lors des épisodes de pêche. De plus, un observateur est accueilli à bord de ces chaluts sur un cinquième du temps de pêche pour analyser ce qui est remonté dans les filets.

Le ministère de la Transition Écologique souhaite aller plus loin encore en renforçant les moyens de l’observatoire Pelagis de 100 000 euros et en équipant les chaluts en bœufs espagnols et les autres fileyeurs français de répulsifs sonores. 

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