Ce poisson peut retenir son souffle pendant quatre minutes

Les Chaunacidae utilisent leurs énormes branchies gonflables pour se remplir d'eau de mer - une découverte inédite chez une espèce de poissons.

De Joshua Rapp Learn
The endeavour coffinfish (Chaunax endeavouri) is one of more than 20 coffinfish species. The animals have ...

The endeavour coffinfish (Chaunax endeavouri) is one of more than 20 coffinfish species. The animals have specialized pectoral fins that allow them to hobble along the ocean bottom.

PHOTOGRAPHIE DE Kelvin Aitken, Alamy

Les Chaunacidae ont évolué pour s’épanouir dans les fonds obscurs de l’océan.

Les scientifiques savaient déjà que ces habitants des grands fonds marins, parfois appelés crapauds de mer, avaient des ailerons spéciaux leur permettant de « marcher » sur le plancher océanique. Une nouvelle étude révèle aujourd'hui une autre aptitude des Chaunacidae : de grandes cavités branchiales gonflables qui dilatent le corps de l'animal avec de l'eau de mer, lui permettant de prendre plus d'oxygène et de retenir son souffle pendant quatre minutes.

Ce comportement - le premier de ce type jamais observé chez un poisson - pourrait être un moyen d'économiser de l'énergie dans un environnement où la nourriture est rare.

Ce poisson "marche" sur le plancher océanique

« C'est cool, c'est comme une méthode différente de celles utilisées par les autres poissons », déclare Stacy Farina, co-auteur de l'étude, professeur adjointe de biologie à l'Université Harvard. Le poisson-globe, par exemple, ingère de grandes quantités d’eau de mer pour élargir son estomac très élastique.

L'étude de telles adaptations en haute mer aide les biologistes à mieux comprendre les différentes manières dont les créatures ont évolué pour vivre dans des environnements extrêmes.

Il existe plus de 20 espèces de Chaunacidae, que l'on trouve à des profondeurs allant jusqu'à 2 500 mètres.

« Ils se sont complètement adaptés pour devenir des animaux des fonds marins. Ils ne nagent presque jamais », ajoute Nick Long, co-auteur de l'étude, qui a mené la recherche en tant qu'étudiant de premier cycle en biologie au Dickinson College en Pennsylvanie.

 

UNE VIE AU RALENTI

Pour les besoins de l'étude, Farina et Long ont disséqué et passé au crible de la tomodensitométrie des spécimens de Chaunacidae au Museum of Comparative Zoology de l'Université d'Harvard, où Farina était boursière postdoctorante. Ils ont également étudié des séquences vidéo de plusieurs espèces de Chaunacidae vivants capturés par des drones pilotés depuis le navire Okeanos Explorer du National Oceanic and Atmospheric Administration, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique.

Selon l'étude publiée récemment dans le Journal of Fish Biology, ces crapauds de mer ont des cavités branchiales gonflables qui peuvent augmenter leur volume corporel jusqu'à 30 %. Ces proportions rapportées à l'Homme, cela signifierait gonfler vos poumons jusqu'à ce que ceux-ci fassent la taille de votre ventre, indique Farina.

L’équipe était particulièrement intriguée par la capacité unique du poisson à retenir son souffle, ce que la vidéo suggère comme faisant partie de son schéma de respiration normal. Un tel comportement est généralement observé chez les animaux ayant des poumons, bien que les poissons-chats retiennent sporadiquement leur souffle en l'absence d'oxygène.

Les scientifiques soupçonnent les Chaunacidae de gonfler leur corps pour conserver leur énergie. Après tout, la respiration nécessite quelques efforts. 

Même si les Chaunacidae mangent tout ce sur quoi ils tombent, du poisson au poulpe en passant par les vers, « il est peu probable qu'une proie apparaisse [exactement au moment voulu] », déclare Long.

John Caruso, professeur émérite à l'Université de Tulane qui n'a pas participé à l'étude, l'a qualifiée d'« excellente », affirmant que son seul souci était que le Chaunacidae filmé par drone retenait probablement son souffle parce qu’il était agacé par les lumières brillantes du drone sous-marin. De nouvelles observations seront nécessaires pour confirmer que la pratique fait partie de son comportement respiratoire normal. 

 

SUR LA DÉFENSIVE ?

En plus de garder de l’énergie, l’expansion du Chaunacidae pourrait constituer un moyen de défense contre les prédateurs, semblable à celui du poisson-globe, selon l’étude.

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    Hsuan-Ching Ho, professeur associé à l'Institut de biologie marine de l'Université nationale Dong Hwa de Taïwan qui a décrit trois nouvelles espèces de Chaunacidae en 2016, doute toutefois que ce soit le cas.

    En effet, les poissons-globes peuvent enfermer l'eau de mer dans leurs entrailles afin de conserver leur forme si ils sont pincés ou mordus, alors que les cavités branchiales des Chaunacidae sont essentiellement ouvertes, ce qui signifie que l'eau coulerait si elles étaient mordues.

    Caruso indique quant à lui que le mécanisme de défense est une « hypothèse plausible ».

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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