À Mayotte, le braconnage des tortues vertes explose à cause du confinement
Au total, 28 cadavres de tortues vertes ont été retrouvés depuis le début des mesures de confinement sur les plages de Mayotte. Les braconniers ont profité de l’absence de surveillance pour extraire puis vendre la viande des tortues marines venues pondre
Cadavre d'une tortue verte sur la plage de Moya, à l'est de Mayotte
Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, les plages de Mayotte connaissent une forte augmentation du braconnage des tortues vertes (Chelonia mydas). Les braconniers tirent profit du fait que les associations, les gardes du conseil environnemental, la police et les touristes soient confinés pour agir en toute impunité.
LE BRACONNAGE, UNE PROBLÉMATIQUE QUI PERDURE
Officiellement, 350 femelles tortues sont retrouvées mortes chaque année sur les plages mahoraises. « Ce chiffre ne prend pas en compte les cadavres emportés en pirogue, enterrés ou cachés par les braconniers » explique Jeanne Wagner, présidente de l’association Oulanga na Nyamba, qui signifie « Environnement et Tortue » en Shimaore, une langue locale.
Le braconnage ne touche pas seulement les tortues, d’autres espèces comme le hérisson malgache (Tenrec ecaudatus) ou certaines espèces marines qui sont capturées dans l’illégalité. Depuis cette découverte macabre, des patrouilles ont été remises en place sur les plages de l’archipel.
À Mayotte la viande de tortue se vend environ 50 euros le kilogramme au marché noir contre 7 euros pour du poisson dans les marchés traditionnels.
« Cette chasse illégale n’est pas alimentaire, de manière générale, ce sont les Hommes qui se réunissent et qui la mange accompagnée de mets spéciaux, elle aurait des propriétés prétendument “renforçantes “» explique Jeanne Wagner.
« LES ÉVÉNEMENTS RÉCENTS ONT PERMIS D'ÉVEILLER UNE CERTAINE CONSCIENCE »
« C’est difficile de faire de la problématique “tortue marine“ une des problématiques principales à Mayotte. Le préfet de l'île fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité mais les événements récents ont permis d’éveiller une certaine conscience, les forces de l’ordre vont commencer à travailler sur les filières d’acheteurs et de consommateurs de viande de tortue. » explique Jeanne Wagner, optimiste pour les années à venir.
L’association a porté plainte pour destruction d’espèces protégées. Deux braconniers ont récemment été arrêtés puis relâchés pour vice de procédure.