La plus grande population de rennes au monde ciblée par des braconniers
En plus du réchauffement climatique, les populations de rennes de la péninsule russe de Taïmyr sont décimées par le braconnage pour leur viande, leur fourrure et leurs bois de velours.
Des éleveurs rassemblent un troupeau de rennes semi-domestiqués près de Kioussour, en Yakoutie. Leurs homologues sauvages de la péninsule de Taïmyr, plus à l'ouest, entreprennent chaque année une migration de près de 3 000 km.
La scène est un pur carnage. Des carcasses de rennes jonchent par dizaines les berges boueuses du fleuve Khatanga, d'autres flottent à la dérive en direction de l'océan Arctique, comme si le courant les avait arrachés à la vie au beau milieu de cette péninsule de Taïmyr, à l'extrême nord du kraï de Krasnoïarsk. Mais derrière cette vision d'horreur se cache une histoire bien plus effroyable.
Sur une vidéo filmée par des chasseurs en 2017 et relayée par une chaîne Youtube russe d'intérêt public, on distingue deux hommes au loin, penchés par-dessus le bord d'une barque en aluminium. Peu après, on aperçoit un renne à la tête cabossée s'éloigner frénétiquement de l'embarcation. Plus tard encore, l'un des deux hommes, cigarette à la bouche, est filmé alors qu'il regagne la berge : il passe sa main sous l'avant de la barque et en ressort une scie… puis deux bois sombres et duveteux. À l'époque, d'après un média public russe, le prix des bois aurait atteint plusieurs centaines de dollars, de quoi rivaliser avec le salaire mensuel moyen dans la région de Taïmyr.
Lorsqu'ils traversent les rivières aux rares points de franchissement possibles jalonnant leur route migratoire, la tête à peine de l'eau, les rennes sont impuissants face aux braconniers qui les attendent sur leur bateau. Les hommes se saisissent de leurs bois de velours, velours pour l'épais tissu de vaisseaux sanguins qui les recouvre au début de leur croissance, et s'empressent de les sectionner, laissant l'animal avec une plaie ouverte sujette à infection mortelle.
Des rennes sauvages traversent la rivière Kheta sur la péninsule de Taïmyr. Les braconniers ont pour habitude de scier leurs bois sensibles lorsque les animaux nagent à travers les rivières sur leur route vers le nord au printemps.
« Ces animaux subissent une véritable torture, » déplore Pavel Kochkaryov, directeur de la réserve naturelle de Sibérie centrale, une zone protégée de la région de Krasnoïarsk. Auparavant, il travaillait en tant que garde-chasse à Taïmyr et il étudie encore aujourd'hui les troupeaux de rennes qui y vivent. Les bois des rennes sont si sensibles que les couper revient à amputer un membre, nous dit-il. « Personne ne sait combien de jours il leur restera après avoir rejoint la berge. »
Publiée dans un premier temps par un employé de la réserve naturelle puis relayée sur les réseaux sociaux, la vidéo montre également des carcasses de rennes sur les berges de la rivière. Ce sont les braconniers qui ont abattu les animaux, indique Kochkaryov.
Il y a moins de vingt ans, un million de rennes sauvages foulaient la toundra de la péninsule de Taïmyr, une région plus vaste que l'Allemagne. À l'époque, cette population de rennes était la plus grande au monde. Le nom de la péninsule viendrait d'ailleurs d'une langue autochtone, celle des Nganassanes, pour qui il signifierait « terre des empreintes de rennes. » Lors de leur migration annuelle, les rennes prennent la direction du sud à l'automne pour passer l'hiver dans les zones plus forestières du district autonome des Evenks, en Yakoutie, et peuvent parcourir jusqu'à 3 000 km. Lorsque les faons naissent au printemps, les animaux regagnent le nord à travers le réseau fluvial de la Khatanga, où les vents côtiers les protègent des moustiques et des parasites tels que les œstres.
De jeunes bois de velours sont vendus à l'étalage dans la province du Sichuan, en Chine. Ces bois sont importés de Russie pour satisfaire la demande grandissante de la médecine traditionnelle chinoise qui les utilise pour traiter une multitude de maux.
Cependant, depuis le début du 21e siècle, le nombre de rennes a chuté jusqu'à descendre sous la barre des 400 000. Cela s'explique en partie par le trop grand nombre de rennes chassés pour leur viande et leur fourrure à des fins sportives ou commerciales en hiver et à l'automne, bien souvent au-delà des quotas légaux, affirme Kochkaryov. En outre, les braconniers qui interceptent les animaux pour leurs bois de velours pendant qu'ils traversent les rivières au printemps ont eux aussi contribué à réduire les populations.
Toutes les espèces de cervidés ont des bois mais ceux des rennes, qu'ils soient mâles ou femelles, sont les plus imposants. C'est en Chine que la demande pour les bois de velours est la plus importante, car ils entrent dans la composition de remèdes traditionnels utilisés pour traiter le mal de dos, l'anémie et l'éjaculation précoce.
La croissance rapide des bois de velours, jusqu'à 2,5 cm par jour grâce à l'hormone IGF-1, pousse depuis longtemps les adeptes de la médecine traditionnelle chinoise à croire en leurs bienfaits pour la santé et la vigueur humaine. Par exemple, des médias russes rapportent que le président Vladimir Poutine se serait déjà essayé au bain de sang de bois de velours. Les suppléments à base de bois de velours sont souvent présentés comme améliorant les performances sexuelles, la fertilité et la force, ce qui les rend très populaires auprès des bodybuilders. Certains athlètes américains de haut niveau ont été accusés d'utiliser des extraits de bois de velours pour accélérer leur récupération après une blessure. Même si ces bienfaits n'ont jamais été prouvés chez l'Homme, des études menées sur la souris ou le rat suggèrent que les bois de velours peuvent augmenter la puissance musculaire, la croissance des os et la réparation cutanée.
En date de 2016, jusqu'à 50 000 rennes étaient tués illégalement chaque année, d'après les données communiquées par Leonid Kolpaschikov, scientifique en chef de la réserve naturelle Taïmyrski, l'entité qui regroupe les différentes zones protégées de la péninsule.
« Si l'élimination des rennes et le manque d'attention accordée au problème continuent comme aujourd'hui, les rennes de Taïmyr finiront comme le bison américain, » avertit Kochkaryov.
UNE RESSOURCE VITALE
Les rennes et les caribous (la sous-espèce nord-américaine du même animal) sont les seuls grands herbivores du cercle arctique et à ce titre, ils représentent une source de nourriture vitale pour les prédateurs comme les loups, les gloutons et parfois les ours. De plus, les ongulés contribuent à la redistribution des rares nutriments de la région à travers leur matière fécale.
Ils constituent également une ressource essentielle pour les peuples nomades de la toundra qui pratiquent la chasse au renne pour sa viande et sa fourrure depuis la fin de la dernière période glaciaire, il y a 12 000 ans. De nos jours, plus de 10 000 personnes en Russie accompagnent les troupeaux de rennes semi-domestiqués lors de leur migration annuelle vers l'océan Arctique.
Des éleveurs de rennes de Kioussour, en Yakoutie, partent pour un autre camp avant la vaccination annuelle de leurs rennes contre l'anthrax et la nécrobacillose, généralement réalisée au mois de mars.
La chasse au renne est pratiquée par les peuples autochtones du Canada, de l'Alaska et de certains territoires russes, notamment les 800 Nganassanes de la péninsule de Taïmyr. Habitant pour la plupart des villages situés à plusieurs centaines de kilomètres de la ville la plus proche et coupés du monde lorsque les routes de glace viennent à fondre au printemps, leur survie repose principalement sur le poisson et la venaison entreposés dans des caves souterraines creusées à même le pergélisol.
Aujourd'hui, ce moyen de subsistance est menacé. Une étude parue en 2018 montre que la population mondiale de rennes et de caribous sauvages a chuté de 4,7 millions à 2,1 millions au cours des vingt dernières années, en partie à cause du changement climatique. Dans la toundra, le réchauffement entraîne la prolifération des parasites et le dégel du pergélisol, ce qui favorise l'émergence d'épidémies mortelles d'anthrax ou d'autres maladies. Le dégel des rivières de la péninsule de Taïmyr arrive plus tôt dans l'année et les faons meurent par noyade ou de fatigue après avoir lutté pour les traverser lors de leur migration printanière, indique Vladimir Krever, directeur des programmes de biodiversité pour l'antenne russe du World Wildlife Fund (WWF). L'augmentation des températures peut également priver les rennes d'une source essentielle de nourriture : lorsque la pluie tombe sur la neige, le sol gèle à nouveau et les lichens dont se nourrissent les rennes sont parfois recouverts d'une glace impénétrable.
Néanmoins, la menace la plus immédiate qui pèse sur les rennes de Taïmyr n'est autre que la chasse à grande échelle, légale ou illégale, pour leur viande, leur fourrure et leurs bois de velours. Au mois de juin, alors que les rennes sont amenés parfois à parcourir jusqu'à 800 m à la nage à travers le fleuve Khatanga et ses affluents, les braconniers les abattent en masse à la chevrotine depuis leur bateau ou découpent leurs bois à la scie, voire à la disqueuse.
À Youroung-Khaya en Yakoutie, un éleveur tranche du poisson gelé pour son déjeuner sans perdre du regard son troupeau de rennes. Le poisson et la viande de renne sont les principaux aliments des peuples autochtones du Grand Nord russe.
Un Dolgane de Yakoutie orientale découpe un morceau de viande de renne gelé avant de préparer le repas. D'autres peuples autochtones de la région chassent également le renne sauvage à des fins de subsistance.
Selon les données du Research Institute of Agriculture and Ecology of the Arctic, près de 70 % des rennes dont les bois sont amputés de cette façon meurent à la suite d'une hémorragie ou d'une septicémie. En outre, comme nous l'explique Alexander Korobkin, directeur du service de la faune de Krasnoïarsk, les mâles qui survivent sans leurs bois perdent leur libido et leur capacité à rivaliser avec les autres rennes pour trouver une partenaire, ce qui les exclut d'office du rut automnal.
D'après Kolpaschikov, les points de franchissement les plus fréquentés étaient déjà considérés comme zones dangereuses en 2016, année au cours de laquelle 22 tonnes de bois ont été arrachées de la tête des rennes traversant la Khatanga et la Kheta, soit les bois de 4 000 animaux.
Un revirement de situation a toutefois eu lieu en 2019. Le 11 février, en Yakoutie voisine, les autorités de protection de la faune ont saisi 27 carcasses et près de 6 tonnes de bois de velours gelés dans un convoi faisant route du village de Khatanga vers Olenyok. Les chauffeurs n'avaient aucun permis de chasse. Quelques jours plus tard, le gouvernement régional de Krasnoïarsk interdisait pour les cinq années à suivre de couper les bois de velours sur des rennes sauvages vivants.
La mesure semble porter ses fruits, indique Korobkin : à ce stade de l'année, les saisies de bois illégaux ont atteint 1,6 tonne.
Cela dit, il est toujours légal de prélever les bois des rennes semi-domestiqués qui relèvent de la propriété privée. Dans le Grand Nord russe, cette activité non réglementée est en pleine croissance. À titre de comparaison, en Nouvelle-Zélande, grand exportateur de bois de velours provenant des cerfs ou des élans, la loi exige que la découpe des bois soit réalisée par un vétérinaire agréé qui doit appliquer un anesthésique local, utiliser des instruments désinfectés et empêcher la perte de sang à l'aide d'un tourniquet. Après la procédure, la plaie de l'animal doit être surveillée pour s'assurer de sa coagulation. D'après Yeiko Serotetto, éleveur de rennes sur la péninsule de Yamal, à l'ouest de Taïmyr, la Russie ne dispose d'aucune législation similaire.
« Les rennes ne peuvent pas crier — ils souffrent en silence, » témoigne Serotetto. « Bien entendu, c'est extrêmement douloureux, mais les éleveurs de rennes doivent pouvoir mettre de la nourriture sur la table, comme tout le monde. »
À l'automne dernier, plus de 11 tonnes de bois ont été exportées légalement de Krasnoïarsk vers la Chine d'après le bureau régional de réglementation agricole et vétérinaire. Pour certains écologistes, ces échanges légaux facilitent le « greenwashing » des bois de rennes sauvages : l'existence de produits d'animaux légaux offre une couverture au trafic de produits issus d'animaux sauvages, auxquels les consommateurs attribuent souvent une puissance supérieure. Les nouvelles réglementations instaurées courant juin par la Chine afin de réduire le trafic d'espèces sauvages pendant la pandémie de coronavirus ont inclus le renne dans la catégorie du bétail commercial, ce qui a permis la poursuite des échanges.
Des rennes apprivoisés flânent à proximité de la tente d'un éleveur en Yakoutie. De plus en plus de bois de velours sont prélevés légalement sur des rennes d'élevage en Russie, où cette pratique n'est pas réglementée.
Pour Pei Su, fondatrice d'ACTAsia, un groupe de défense des droits des animaux basé au Royaume-Uni, le constat est simple : « Si vous demandez aux vendeurs d'où viennent leurs bois, ils vous disent que ce sont des bois d'animaux sauvages, car leur prix est nettement supérieur. En revanche, si la question vient d'un inspecteur, alors ils répondent que ce sont des bois d'animaux d'élevage. Voilà le problème. »
« ARGENT FACILE »
Pendant que la Russie tente de freiner le trafic de bois sauvages, la chasse aux rennes sauvages se poursuit… et parfois dans l'illégalité.
Plusieurs troupeaux du pays sont aujourd'hui considérés en danger d'extinction et protégés contre la chasse, mais pas la population de Taïmyr. Les membres des communautés autochtones ont le droit de chasser jusqu'à huit cerfs sauvages par an pour leur subsistance. Les chasseurs sportifs et les entreprises du secteur de la viande et des fourrures peuvent obtenir des permis individuels les autorisant à abattre un certain nombre de rennes dans les zones désignées entre le 1er août et le 15 mars. En 2019, ces permis autorisaient au total le prélèvement de 41 500 rennes dans les districts de Taïmyr et des Evenks. Quand bien même ce chiffre est inférieur de 10 000 au quota de l'année précédente, les spécialistes de la conservation affirment qu'il est encore trop élevé pour garantir une gestion durable des populations de rennes.
Les régions où les troupeaux de Taïmyr passent l'hiver sont durement touchées par la pauvreté et, d'après Korobkin, « l'argent facile » provenant de la vente des produits de rennes pousse certains locaux à outrepasser leur quota de chasse. En avril 2017, des cabanes de braconniers des Evenks ont fait l'objet d'une perquisition retransmise à la télévision : les agents ont découvert près de 200 carcasses dans la neige et un tas de pattes dépouillées de leur fourrure pour fabriquer des bottes.
« La population est encore instable à l'heure actuelle, » indique Korobkin à propos du troupeau de Taïmyr. Il y a une baisse des naissances, car les braconniers ciblent les mâles les plus âgés et les mieux développés qui se seraient accouplés avec plusieurs femelles. « Nous devons imposer des limites d'âge et de genre, autrement ce groupe de 400 000 têtes pourrait être réduit ou détruit sous l'influence d'un quelconque facteur externe d'origine humaine, » prévient-il.
Entre 2017 et 2019, le service de protection de la faune de Krasnoïarsk a multiplié par quatre le nombre de gardes-chasse en activité dans la péninsule de Taïmyr et les Evenks, passant de 6 à 24. Le nombre de gardes a aussi quadruplé dans un district voisin de la Yakoutie où les rennes de Taïmyr sont également chassés. Cependant, la zone que les gardes doivent surveiller est immense et d'après les estimations de Kochkaryov, le nombre de rennes de Taïmyr tués illégalement chaque année pourrait atteindre les 20 000.
Pour limiter les pertes, Korobkin souhaite raccourcir de 10 semaines la saison de chasse et réduire les quotas de rennes sauvages. Il prévoit également d'effectuer un survol de la région l'année prochaine pour un recensement aérien qui viendrait souligner la nécessité d'un renforcement des mesures de protection. Entre-temps, le World Wildlife Fund (WWF) a sollicité auprès de la Yakoutie et du Krasnoïarsk la mise en place d'un quota unique, non autochtone, pour la population de Taïmyr au lieu de deux quotas distincts qui, d'après l'organisation, soumettent les troupeaux à une « double pression de chasse. »
« NOUVELLE PROVINCE GAZIÈRE ET PÉTROLIÈRE »
La chasse n'est pas la seule menace à laquelle sont confrontés les rennes de la région. En février, Poutine a manifesté oralement son soutien au développement du gargantuesque projet pétrolier Vostok Oil, qui comprend notamment la création de champs de forage et l'installation de pipelines au nord de Khatanga afin d'alimenter un terminal pétrolier dont l'ouverture est prévue à l'horizon 2024 dans la baie de Severnaya. Comme le dit Igor Sechin, président de Rosneft, la compagnie pétrolière russe à la tête du projet, Taïmyr est en passe de devenir la « nouvelle province gazière et pétrolière » du pays.
Des études ont montré que l'extraction des ressources pouvait entraîner une baisse de la reproduction chez les populations de rennes sauvages. De plus, si Rosneft mène le projet à terme sans consulter les communautés autochtones vis-à-vis de mesures respectueuses de la faune comme la surélévation des pipelines ou la création d'écoducs, le projet pourrait entraver la migration annuelle des troupeaux de Taïmyr explique Vladimir Chuprov, directeur du programme énergie de Greenpeace Russie. Le porte-parole de Rosneft, Timur Valeyev, a indiqué à National Geographic qu'une évaluation de l'impact environnemental était en cours sur les champs de forage au nord de Khatanga et qu'après consultation, des « mesures seraient prises pour éviter les interférences avec les activités liées aux rennes. » Il est « fort probable », a-t-il ajouté, que ces mesures incluront la surélévation des pipelines dans certaines régions afin que les rennes puissent passer dessous, comme nous l'avons fait pour le champ de Vankor à l'ouest de Taïmyr.
« Une fois que nous aurons vu le projet, nous pourrons identifier les facteurs susceptibles d'entraver les routes migratoires, » déclare Konstantin Prosekin, directeur de la réserve naturelle Taïmyrski.
Au mois de mai, Rosneft lançait ses premiers forages d'exploration à la lisière ouest de Taïmyr. Le même mois, la fuite d'un réservoir appartenant au premier producteur mondial de nickel et de palladium, Norilsk Nickel, déversait plus de 17,4 millions de litres de diesel dans une rivière près de la ville de Norilsk, la plus grande marée noire de l'histoire de l'Arctique. Lors d'une expédition au mois de juillet, Kochkaryov a découvert qu'en dépit des efforts de rétention, le liquide toxique poursuivait sa route vers le nord où il irait polluer les pâturages broutés par les rennes avec des conséquences encore incertaines.
Par ailleurs, l'Arctique russe a subi cette année une vague de chaleur encore plus intense que celle survenue en 2016 qui avait déclenché une épidémie d'anthrax et tué 2 300 rennes de Yamal.
Le déclin des populations de rennes de Taïmyr et d'ailleurs constitue une menace pour les systèmes naturels de l'Arctique et la sécurité alimentaire des peuples autochtones.
« Nous mangeons ce qu'il y a dans la toundra, » déclare Grigory Dyukarev de l'Association des peuples autochtones de Taïmyr, un organisme basé à Doudinka qui œuvre à la protection de la culture locale et de l'environnement. « Nous devons préserver cette population pour les générations actuelles et futures. Tant qu'il y aura des rennes, il y aura des natifs. »