Ces animaux usent de techniques astucieuses pour s’hydrater

Les crotales, les rats-kangourous et d’autres animaux ont développé des stratégies astucieuses pour survivre dans des environnements pauvres en eau.

De Jason Bittel
Publication 18 août 2021, 16:54 CEST
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Les chimpanzés boivent grâce à des feuilles trempées dans de l’eau de pluie fraîche.

PHOTOGRAPHIE DE Diana Marques, Ngm Staff

Les crotales des prairies (Crotalus viridis) peuplent les déserts de l’ouest des États-Unis. Ce sont des survivants hors pair. Ils sont capables de se contenter d’un seul repas copieux par an. Toutefois, sans une gorgée d’eau de temps à autre, ces serpents se dessécheraient et siffleraient leur dernier écho.

Mais alors comment ces prédateurs discrets arrivent-ils à rester hydratés au milieu des Rocheuses, où l’eau stagnante est rare ? Facile ! Ils font de leurs corps des sortes de collecteurs d’eau de pluie.

Lorsqu’il pleuvote, les crotales des prairies se glissent à l’air libre et s’enroulent, explique Emily Taylor, biologiste spécialiste des serpents et directrice du Physiological Ecology of Reptiles Laboratory à l’université d’État polytechnique de Californie. En aplatissant leur corps en forme de disque, la pluie s’accumule sur leurs écailles grâce à une texture aux allures d’un labyrinthe microscopique qui retient les gouttelettes.

En 2017, Mme Taylor et son collègue Scott Boback, du Dickinson College en Pennsylvanie, ont placé des caméras timelapse près d’une zone de reproduction des crotales en Californie. Il s’agissait d’une initiative de science citoyenne appelée Project RattleCam. Les images ont révélé que les petits crotales adoptaient cette position aplatie le jour suivant leur naissance.

« Ils naissent donc assoiffés et ils acquièrent tout de suite ce comportement instinctif qui leur permet de collecter l’eau de pluie », indique Mme Taylor.

Tous les animaux ne sont pas capables de transformer leur corps en un petit bol à tout moment. Voici donc comment d’autres créatures étanchent leur soif.

 

LES DIABLES CORNUS POMPENT L’EAU GRÂCE À LEUR PEAU

Un drôle de reptile, ressemblant plutôt à un cactus, peuple les terres australiennes. Connus sous le nom de diables cornus (Moloch horridus), ces animaux se nourrissent de fourmis, desquelles ils tirent une grande partie de leur hydratation.

Lorsque les fourmis se font rares, ou que les conditions deviennent encore plus sèches que la normale, ces reptiles ont une autre solution. Grâce à un réseau de minuscules canaux dessiné sur leur peau hérissée, ils récupèrent de l’eau et acheminent le liquide directement dans leur bouche.

En outre, les diables cornus peuvent se servir de cette particularité pour absorber l’humidité du sable après une averse ou une rosée intense. Ils n’ont qu’à projeter le sable sur leur dos et laisser leur peau faire le reste.

Dans le sud-ouest de l’Afrique, le scarabée du désert de Namibie (Stenocara gracilipes) affiche un comportement similaire.

De petites bosses sur le dos de l’insecte lui servent de zone de condensation pour piéger l’humidité de la brume matinale. Plus le liquide s’accumule, plus les gouttelettes prennent en taille. Elles finissent ensuite par couler le long du dos du scarabée vers sa bouche.

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    LES CHIMPANZÉS UTILISENT DES OUTILS POUR PRÉLEVER L’EAU

    Bien que les chimpanzés vivent dans des forêts tropicales, il peut être parfois difficile de trouver quelque chose à boire, et ce, même dans les environnements très humides.

    « Les chimpanzés, comme de nombreux animaux, sont parfois sceptiques quant à l’idée de boire directement dans des grandes étendues d’eau », explique Cat Hobaiter, primatologue à l’université de St Andrews en Écosse.

    Après tout, les rivières et les lacs peuvent abriter des crocodiles tandis que l’eau des flaques et des bourbiers peut rapidement stagner. Pour contourner le problème, de nombreux chimpanzés en Afrique centrale et occidentale fabriquent des outils spéciaux. Ils utilisent par exemple une feuille pliée comme cuillère, afin de prélever l’eau de pluie fraîche retenue dans les cavités des arbres. (À lire : Les mères chimpanzés nous ressemblent plus qu’on ne le croit.)

    « À un niveau plus élémentaire, il est possible de glisser sa main et de lécher l’eau recueillie, une technique qu’ils utilisent parfois », poursuit Mme Hobaiter, qui étudie les chimpanzés à la Budongo Forest Reserve en Ouganda. « Mais utiliser des feuilles mâchées et de la mousse en tant qu’éponge est bien plus efficace pour récupérer cette eau. »

    En Ouganda, il a été observé que certains chimpanzés se servaient de leurs mains pour creuser des petits puits aux abords des rivières vraisemblablement sèches. Les éléphants, les coyotes, les chevaux sauvages et les ânes creusent également à la recherche d’eau, parfois jusqu’à plus d’un mètre et demi de profondeur.

     

    LES GANGAS ÉPONGENT L’EAU

    Les oiseaux de la famille des Pteroclidae, aussi appelés gangas, natifs d’Afrique et d’Asie, ne peuvent pas fabriquer d’outils mais possèdent des sortes de serpillères dans leurs plumes.

    À la fraîcheur du matin, les gangas mâles parcourent jusqu’à 32 kilomètres à la recherche d’eau. Après avoir étanché leur soif, les oiseaux plongent leur ventre dans le bassin. Leurs plumes abdominales se gorgent ainsi d’eau. Ils reviennent ensuite vers leurs nids, où les oisillons raclent l’eau des plumes de leur père grâce à leur bec.

     

    LES RATS-KANGOUROUS COMBINENT NOURRITURE ET HYDRATATION

    Ces rongeurs miniatures survivent dans le désert en suivant un régime à base de graines de graminées séchées et de haricots de mesquite. Ils les stockent dans leurs joues puis les cachent dans des terriers souterrains. Puisque ces terriers sont plus humides que la surface, les graines qui y sont entreposées peuvent absorber 30 % d’humidité en plus par rapport à celles en surface. Ainsi, lorsque les rats-kangourous (Dipodomys) mangent les graines qu’ils ont réservées, ils bénéficient à la fois de nourriture et d’eau.

     

    LES CHAMEAUX SE SERVENT DE LEUR NEZ

    Les chameaux sont célèbres pour réussir à survivre dans le désert. Toutefois, on pense souvent à tort que ces camélidés stockent de l’eau dans leurs bosses. En réalité, elles servent à stocker de la matière grasse riche en énergie qui permet à ces animaux de passer plusieurs mois sans manger.

    En tant qu’habitants du désert, les chameaux, et les dromadaires aussi, ont développé d’autres stratégies pour s’hydrater. Pour commencer, s’ils ont l’occasion de boire, ils peuvent ingérer jusqu’à 113 litres d’eau en une fois. Si besoin, les chameaux de Bactriane (Camelus bactrianus) peuvent boire de l’eau salée.

    Le nez de ces animaux a également évolué de sorte à réduire la quantité d’humidité perdue à chaque inhalation lors des nuits froides dans le désert. Un ensemble complexe de plis et de stries tapissent leurs voies nasales afin de créer davantage de surface pour que l’eau puisse condenser sur leur peau. Cette caractéristique leur permet de conserver l’humidité dans l’organisme plutôt que de l’expirer.

    De telles adaptations pour récupérer de l’eau peuvent sembler extrêmes mais dans le désert, chaque goutte suffit à faire la différence entre la vie et la mort.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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