Arts of Birds - Les sublimes photos d'oiseaux de Cheryl Medow
À première vue, j’étais subjuguée par ces oiseaux. Quelques secondes plus tard, j’ai commencé à me demander s’ils étaient vraiment réels. Eh bien… oui et non.
Avant d’essayer d’expliquer la nature de ces images, faites plaisir à Cheryl Medow, et abordez-les avec une approche similaire à son approche créative. « Je ne réfléchis pas à mes images », dit-elle, « je les ressens ».
Elle m’a raconté cette anecdote. Alors qu’elle était en train de répondre aux questions d’un visiteur de son exposition dans une galerie sur le processus créatif de ses œuvres une autre personne s’est approchée. Celle-ci lui a confié : « Non, non, ne dites rien ! Je préfèrerais seulement admirer ces images. » C’est alors qu’elle a réalisé que ce qu’elle recherchait, c’était la réaction émotionnelle des visiteurs, le fait qu’ils puissent apprécier ses œuvres sans en connaître les réponses.
Alors, s’il-vous-plaît, regardez. Appréciez. Ressentez.
Si vous êtes comme moi, vous aurez quand même envie de connaître l’histoire derrière ces images. La voici.
Ces oiseaux sont tous réels et ont été photographiés dans la nature. Ils sont représentés dans des paysages réels. Et ces deux composantes des images ont été photographiées par Medow, seulement, pas au même moment ni, parfois, au même endroit.
Pourquoi donc se casser la tête à capturer ces oiseaux spectaculaires dans la nature pour les transposer ailleurs ?
Tout a commencé parce qu’elle photographiait des oiseaux avec un objectif de 600 mm. Avec ce genre d’objectifs très longs, la mise au point se fait sur l’oiseau uniquement, et le reste de l’arrière-plan devient flou. Il n’y a aucun contexte. Elle a donc voulu replacer les oiseaux dans un environnement, ce qui l’a menée vers la création d’images composites.
Dans un premier temps, elle replaçait les oiseaux dans des photos des paysages où elle les avait originalement photographiés. Puis, elle a réalisé qu’elle pouvait aller plus loin et les placer n’importe où, tout en jouant avec l’échelle.
« Je suis artiste avant tout, et la photographie est mon outil de création », dit-elle. « Lorsque j’ai choisi l’appareil photo et l’ordinateur, de nouvelles possibilités se sont offertes à moi. J’ai pu rendre les oiseaux plus gros de nature. Cela attire l’attention sur des détails invisibles à l’œil nu dans la nature. »
Elle puise son inspiration dans le mouvement artistique de l’Hudson River School. « Ils sortaient avec leurs carnets à dessin comme je le fais avec mon appareil photo, et croquaient toutes sortes de choses. Lorsqu’ils rentraient au studio pour peindre, ils mélangeaient les différents éléments qu’ils avaient observés sur le terrain. Si une personne normale se rendait au bord de l’Hudson, elle aurait été incapable d’y retrouver le paysage d’une peinture. C’est parce qu’ils n’existaient pas. Même les peintres avaient manipulé ce qu’ils avaient vu, ils recomposaient et combinaient différents éléments pour faire leurs tableaux », explique-t-elle. « La nature reconstruite était une image de leur esprit, et je crois que c’est ce que je fais aussi. »
Ses sujets sont originaires du monde entier : pour photographier des oiseaux, elle a voyagé, entre autres, au Kenya, en Tanzanie, au Botswana, en Afrique du Sud, à Los Angeles, au Nouveau-Mexique, aux Galapagos, au Costa Rica et au Brésil. Généralement, elle choisit le lieu et la saison pour capturer, par exemple, le plumage nuptial d’une aigrette. « Je vais en Floride en avril et en mai pour voir leurs couleurs à la saison des amours », dit-elle.
Certains penseront que comme ces images ont été retouchées sur Photoshop pour obtenir le résultat final, le travail minutieux qu’est la photographie en pleine nature n’est pas si conséquent. Mais Medow affirme qu’il faut beaucoup de patience pour capturer ces créatures à l’état sauvage. « Lorsque je vais photographier les oiseaux, je suis dans un véritable état de Zen, de méditation. La patience est une qualité fantastique, je pense. Je ne l’utilise pas souvent dans ma vie quotidienne, mais quand je vais sur le terrain je peux presque me couper du monde. Je pourrais rester assise pendant des heures à regarder les oiseaux s’en aller et revenir », dit-elle. « Ils sont sauvages, très sauvages. Ils peuvent s’envoler. Je trouve cela très intrigant. »