En Arctique, la banquise fond et de nouvelles espèces apparaissent
En Arctique, du fait de la réduction de la banquise, les scientifiques observent de nouveaux croisements d’animaux. Exemple : le pizzly, un mélange entre l’ours blanc et l’ours brun.
Avec le réchauffement climatique, les espèces végétales et animales du sud de l’Arctique ont commencé à se déplacer vers le nord, rencontrant d’autres espèces. Résultat : elles se reproduisent entre elles, créant ainsi de nouvelles espèces.
Selon Brendan Kelly, biologiste à l’université de l’Alaska à Fairbanks, cette tendance ne fera que s’accélérer. À mesure que l’habitat de la faune arctique se rétrécit (selon les prévisions, la banquise va encore perdre dix fois sa superficie d’ici aux années 2050), des espèces variées seront amenées à avoir des contacts plus étroits que jamais.
« Il pourrait se produire un brouillage important des gènes dans tout l’océan Arctique », pense Brendan Kelly. Pour des raisons que les scientifiques ne comprennent pas encore, les mammifères marins ont eu tendance à conserver le même nombre de chromosomes – une condition essentielle à l’hybridation – alors qu’ils se diversifiaient en espèces ou même en genres différents.
« Vous vous retrouvez par conséquent avec des animaux dont vous auriez dit qu’ils appartenaient à des genres différents, mais qui peuvent en réalité avoir une progéniture hybride fertile, détaille Brendan Kelly. Par exemple, nous classons dans des genres différents les phoques du Groenland et les phoques à capuchon, mais nous les avons vu se reproduire ensemble à l’état sauvage. »
Le pizzly – croisement entre l’ours blanc et l’ours brun – parcourt déjà l’Arctique. Des études génétiques montrent que les ours blancs ont commencé à diverger des bruns au cours des 500 000 dernières années. Le réchauffement climatique menace de réunir les deux espèces.
« Il ne s’agit pas simplement d’un changement écologique, affirme Kelly. Il s’agit d’un changement évolutionniste – profondément accéléré. »
Le résultat final, conclut-il, pourrait être une perte énorme et irréversible de diversité génétique. Si tel n’était pas le cas, la faune de l’Arctique serait malgré tout en difficulté. « Nous changeons l’habitat si rapidement que, même si la faune disposait de la diversité génétique nécessaire pour réagir, elle n’en aurait peut-être pas le temps. »
Pour certaines espèces emblématiques, l'ampleur de la fonte de la banquise dans les années à venir conditionnera la survie ou l’extinction.