Ces animaux adoptent des stratégies étonnantes pour passer l’hiver

Les oiseaux migrent vers le sud pour échapper aux frimas de l’hiver, mais savez-vous comment les tamias passent la saison froide ?

De Brian Handwerk
Publication 28 nov. 2024, 15:51 CET
Les tamias rayés creusent leur terrier à proximité de souches en décomposition ou de piles de ...

Les tamias rayés creusent leur terrier à proximité de souches en décomposition ou de piles de pierres. Ce terrier se compose d’un tunnel principal, qui conduit à d’autres chambres, dont des « toilettes ».

PHOTOGRAPHIE DE Margaret M Stewart, Shutterstock

Alors qu’il nous suffit d’enfiler un pull ou de mettre le chauffage, les animaux sauvages doivent, pour passer l’hiver, adopter des stratégies diverses et variées.

Prenez les araignées par exemple. La plupart des espèces nord-américaines qui vivent dans le sol, comme les araignées-loups, échappent aux frimas de l’hiver en se terrant dans le sol, sous le couvert de feuilles, ou à l’intérieur de rondins de bois.

« L’écart de température entre la surface gelée de la neige ou de la glace et quelques centimètres sous terre est souvent étonnant », rapporte l’éthologue George Uetz, spécialiste des araignées à l’université de Cincinnati, dans l’Ohio (États-Unis). « Bon nombre d’araignées et d’insectes sont actifs dans cet environnement "subnival", où la température se situe parfois quelques degrés au-dessous de zéro ».

Les araignées sont des ectothermes, ce qui signifie qu’elles ne produisent pas de chaleur corporelle. Alors, lorsque les températures chutent, leur métabolisme se met à tourner au ralenti.

« Quand bien même, il n’est pas rare de voir des araignées et des insectes s’activer lorsqu’il fait chaud », précise l’éthologue. 

De nombreuses araignées tissant des toiles enveloppent leurs sacs d’œufs dans plusieurs couches de soie isolante pour protéger leurs œufs pendant l’hiver. L’argiope aurantia, par exemple, pond à l’automne pour que les jeunes araignées restent dans le sac d’œufs tout l’hiver avant d’émerger en masse au printemps.

D’autres araignées disposent également d’une arme secrète : lors des nuits fraîches d’automne, elles produisent des composés antigels particuliers qui empêchent la formation de cristaux de glace dans leur corps, explique George Uetz. Bien pratique pour passer l’hiver sans se transformer en glaçon.

 

LA « BRUMATION » CHEZ LES TORTUES

Quelle que soit la saison, les tortues ne sont pas réputées pour leur vitesse. Mais lorsque l’hiver arrive, elles réduisent encore plus leur activité.

Certaines espèces, telles que la tortue-boîte commune, s’enterrent dans le sol, se recroquevillent dans leur carapace et entrent dans une période de grande torpeur, connue sous le nom de brumation, à laquelle elles survivent en puissant dans leurs réserves de graisse.

Les tortues peintes passent l’hiver immergées sur le fond d’un plan d’eau. Elles ne peuvent ainsi pas geler, même si la surface de l’eau l’est. Et comme la température corporelle de ces ectothermes est la même que l’eau dans laquelle elles se trouvent, le froid ne leur pose pas de problème.

En temps normal, ces reptiles respirent de l’air, mais pendant l’hiver, ils ont évolué pour pouvoir absorber l’oxygène présent dans l’eau et rejeter du dioxyde de carbone. « Lorsque la température corporelle des ectothermes est basse, ces derniers n’ont pas besoin de beaucoup d’oxygène. Ce qu’ils absorbent de la colonne d’eau leur suffit généralement à passer l’hiver », explique Jackie Litzgus, biologiste à l’université Laurentienne, en Ontario (Canada). 

Les tortues échangent des gaz à l’aide de vaisseaux sanguins spécialisés situés sous la surface de la peau, la paroi interne de la bouche et même le cloaque (une cavité qui permet d’évacuer les fèces et qui sert aussi d’orifice génital).

Lorsque l’oxygène se raréfie, les tortues peintes et les tortues serpentines peuvent même entrer dans un mode métabolique qui n’en nécessite aucun. Cette respiration aérobique entraîne une accumulation dangereuse d’acide lactique, mais les tortues peuvent récupérer le calcium qui compose leur carapace pour le neutraliser.

 

LA PRODUCTION DE CHALEUR CHEZ LES ABEILLES

Lorsque les températures chutent, les abeilles européennes se réfugient dans leur ruche, où elles se regroupent tout en restant actives pendant les longs mois d’hiver.

« Ce comportement est unique, aucun autre insecte n’hiverne en se tenant chaud », souligne Thomas Seeley, auteur et biologiste à l’université de Cornell.

Les ouvrières se rassemblent autour de la reine, régulant la composition de l’amas pour s’adapter aux fluctuations de température. Les abeilles génèrent de la chaleur en contractant et en détendant de manière isométrique deux ensembles de muscles qu’elles utilisent pour faire bouger leurs ailes en vol. « Leur dépense énergétique n’est pas destinée à les faire bouger ou à faire quelque chose, mais à produire de la chaleur », explique le biologiste.

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La place qu’occupe la reine au centre de l’essaim est la plus chaude et la plus confortable, mais même les abeilles qui se trouvent en périphérie n’ont pas froid. Plus les températures diminuent, plus elles poussent vers l’intérieur, ce qui améliore l’isolation et réduit la zone qui doit être maintenue au chaud. « Les abeilles qui se trouvent dans cette épaisse couche ou couverture extérieure ont pour objectif de se maintenir à une température supérieure à 10°C pour rester en vie », ajoute Thomas Seeley.

Cette stratégie repose sur des mois de planification. L’été, lorsque les fleurs sont abondantes, les abeilles produisent et stockent environ 40 kilos de miel pour nourrir la ruche pendant l’hiver. Elles choisissent également avec soin l’emplacement de la ruche, optant pour la partie supérieure de la cavité d’un arbre creux, pour créer un micro-environnement chaud.

 

LA CONSTRUCTION D’UN « BUNKER » CHEZ LES TAMIAS

Les tamias font partie de la famille des écureuils, mais contrairement à leurs cousins à la queue touffue, ils ne mettent pas une patte dehors l’hiver. Ils n’hibernent pas non plus, comme c’est le cas chez la marmotte d’Amérique, avant d’émerger pour prétendument annoncer l’arrivée du printemps.

À la place, ces petits mammifères passent leur temps dans des terriers bien conçus qu’ils ont construit, composés d’un tunnel et de chambres qu’ils remplissent de noix, graines et autres aliments.

Les tamias rayés passent des jours dans un état de torpeur, au cours duquel leur rythme cardiaque passe d’environ 350 battements par minute à une dizaine tout au plus. Leur température corporelle dégringole aussi : de 34°C, elle peut descendre jusqu’à 4°C, la température ambiante du terrier. Ils se réveillent tous les deux ou trois jours et utilisent des chambres bien particulières pour faire leurs besoins.

 

LES OISEAUX S’ENVOLENT VERS DES CONTRÉES PLUS CHAUDES

Plus de 70 % des oiseaux présents aux États-Unis et au Canada sont migratoires et la plupart d’entre eux partent vers le sud pour passer l’hiver, explique Jill Deppe, directrice de l’initiative pour les oiseaux migrateurs de la Société nationale Audubon.

« Les gens remarquent que leurs jardins sont plus calmes à l’automne, même s’ils ignorent quels oiseaux sont partis », indique-t-elle.

L’initiative Bird Migration Explorer de la Société nationale Audubon cartographie les voyages annuels de plus de 450 espèces d’oiseaux se rendant dans des lieux plus chauds, dont certains sont pour le moins impressionnants. 

À peine plus lourd qu’une pièce d’un centime, le colibri à gorge rubis peut traverser le golfe du Mexique (soit une distance de 800 kilomètres environ) en une journée lors de son voyage vers l’Amérique centrale.

Cet oiseau est si léger qu’il semble glisser sur le vent, observe Jill Deppe. Le colibri roux, que l’on trouve dans l’ouest des États-Unis, fait quant à lui voler en éclat l’idée que tous les colibris partent vers le sud.

« Certains oiseaux se retrouvent dans des lieux inattendus », souligne-t-elle. « Il y en a quelques-uns qui partent en direction de l’est et que l’on retrouve dans les jardins de Louisiane ou de Floride en hiver ».

Si l’hiver arrive là où vous vivez, pensez à tous ces animaux résilients qui se débrouillent seuls pour survivre à l’hiver.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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