Avez-vous déjà vu un tatou nain d'Argentine ?
La vraie question est peut-être : les tatous nains d'Argentine sont-ils très rares, ou savent-ils très bien se cacher ?
Le Chlamydophore tronqué, aussi appelé Tatou tronqué ou Tatou nain d'Argentine, est la plus petite espèce de tatou connue à ce jour.
Quand on consacre l'essentiel des articles que l'on écrit à des animaux disons singuliers, il faut observer une créature vraiment particulière pour que l'on se surprenne à penser « Qu'est-ce que c'est que ça ? ».
C'est ce que j'ai pensé lorsque j'ai vu une image de tatou nain d'Argentine (Chlamyphorus truncatus) pour la première fois. Cet omnivore ressemble à un croisement entre un cochon d'Inde et une crevette, qui serait doté de griffes de dragon. J'ai donc interrogé Mariella Superina, présidente du groupe de spécialistes des fourmiliers, paresseux et tatous de l'UICN/CSE.
En 2006, le tatou nain d'Argentine était considéré comme une espèce quasi menacée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Mais en 2008, son statut a été révisé et l'espèce a été classée dans la catégorie des données insuffisantes. Il s'avère en effet que les chercheurs n'en savent pas assez sur ce petit animal originaire du centre-ouest de l'Argentine pour dire si l'espèce est rare ou simplement très timide. Même Mariella Superina n'en a pas observé dans la nature au cours de sa carrière.
« Les populations locales ne savent pas où les trouver, et ce alors même qu'elles partagent l'habitat du tatou nain d'Argentine depuis des décennies et qu'elles connaissent parfaitement la faune et la flore locales », explique-t-elle. « Mais je suis déterminée à continuer de les chercher. »
Ce que les scientifiques savent en revanche, c'est que le tatou nain d'Argentine est le plus petit tatou connu, qu'il mesure en moyenne 12 à 15 centimètres de long, en comptant sa queue. Décrite pour la première fois en 1825, l'espèce a des longs poils blancs soyeux recouvrant son ventre et sous sa carapace rosâtre - une sorte de carapace extérieure ou d'armure corporelle - qui, selon Superina, est constituée de petites plaques osseuses et d'écailles épidermiques. La couleur rose de la carapace provient des vaisseaux sanguins situés à proximité de sa surface.
Ces animaux sont également d'incroyables creuseurs : ancrés sur leurs pattes postérieures et leur queue rigide, ils creusent avec leurs pattes antérieures. Leur plus longue griffe mesure environ un sixième de la longueur de leur corps. S'ils sont effrayés, ils creusent la terre très rapidement et s'enfouissent. Ce qui pourrait expliquer pourquoi l'espèce est si difficile à observer à l'état sauvage.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise, en 2014.