Pourquoi les animaux en adoptent-ils d'autres, y compris d'autres espèces que la leur ?

D'un dauphin difforme recueilli par des cachalots, une chienne allaitant un écureuil, des singes prenant soin de chatons orphelins... les animaux aussi prennent parfois soin des petits des autres.

De Christine Dell'Amore
Publication 6 sept. 2023, 13:45 CEST
dolphin with spinal trouble sperm whales

Un tursiops souffrant d'une malformation de la colonne vertébrale se frotte à un cachalot.

PHOTOGRAPHIE DE Alexander Wilson and Aquatic Mammals

La photo ci-dessus donne à voir des cachalots réconfortant un tursiops souffrant d'une malformation de la colonne vertébrale.

Les mammifères marins ne sont pas les seuls à « adopter  » des petits, même d'une autre espèce que la leur.

Selon Jenny Holland, autrice du livre Unlikely Friendships paru en 2011, ce type d'adoption est relativement courant chez les animaux domestiques et s'observe occasionnellement dans la nature.

Parmi les exemples, on peut citer une chienne qui a allaité un bébé écureuil comme s'il faisait partie de sa propre portée, des singes en captivité qui ont pris soin de chats comme ils auraient pris soin de bébés singes, et une chienne qui a veillé sur un hibou juvénile.

Dans son livre Unlikely Loves, Jenny Holland présentait un dalmatien qui avait adopté un petit qui avait des taches semblables à celles des dalmatiens, une chèvre qui aidait un girafon à avoir confiance en lui et une poule qui s'asseyait sur « ses » petits pour les garder au chaud.

 

POURQUOI CES ANIMAUX EN ADOPTENT-ILS D'AUTRES ?

Mais qu'est-ce qui motive ces familles adoptives ?

« J'aimerais pouvoir me glisser dans l'esprit de ces animaux et leur poser la question ! Mais nous pouvons faire quelques suppositions fondées sur ce que nous savons du cerveau des animaux et du nôtre » explique Jenny Holland.

Rare : une mère tursiop a adopté un petit dauphin d'une autre espèce

Dans certains cas, un animal adopte un membre de sa propre espèce, ce qui est instinctif. « Instinctivement, les animaux s'occupent de leurs petits pour les aider à survivre et ainsi transmettre l'ADN de la famille » poursuit Holland. « Je pense donc qu'il y a une sorte de prédisposition qui les pousse à s'occuper d'un autre animal dans le besoin. »

Le bénéfice mutuel est également un facteur de motivation, note Jill Goldman, comportementaliste animalière basée dans le sud de la Californie.

« Pour que la relation perdure, je pense que les deux parties doivent y trouver leur compte d'une manière ou d'une autre », explique Jill Goldman, qui a étudié le comportement des loups. 

« La définition du bénéfice est une autre question. Dans certains cas, la compagnie sociale peut être un avantage suffisant tant qu'elle n'est pas contrebalancée par la concurrence [ou] la menace. »

Par exemple, l'ajout d'un individu à un groupe pourrait permettre d'obtenir plus de nourriture ou d'offrir plus de protection, ce qui s'est probablement produit dans le cas du dauphin souffrant de malformation, souligne Goldman.

« Personne ne vous laissera rester dans un coin si vous ne faites pas le poids. »

Goldman ajoute qu'un grand nombre d'adoptions de ce type ont lieu lorsqu'une mère allaitante recueille un animal orphelin. « Les mères sont peut-être plus disposées à accueillir un jeune orphelin parce que, lorsqu'elles ont mis bas, elles ont un taux élevé d'ocytocine, l'hormone du lien affectif », conclut Goldman.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise, en 2013.

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