La chasse à la glu déclarée illégale par le Conseil d’Etat
La chasse à la glu est désormais interdite en France. Une victoire pour les associations de défense du bien-être animal qui demandent son interdiction depuis plus de cinq ans.
« Après avoir interrogé la Cour de justice de l’Union européenne, le Conseil d’État annule la règlementation française autorisant la chasse à la glu des grives et des merles car elle est contraire au droit européen » a fait savoir le Conseil d’État par voie de communiqué le 28 juin dernier.
Cette déclaration vient mettre un terme à des années de procédures et de débats entre partisans et opposants de cette pratique de chasse controversée.
Également appelée chasse au « gluau », la chasse à la glu consiste à capturer des oiseaux, principalement des merles et des grives, à l’aide de tiges enduites de glu. Une fois pris au piège, les oiseaux sont décollés à l'aide de cendre ou de dissolvant, puis sont nettoyés avant d'être mis en cage pour servir d’appâts.
Ces oiseaux dits « appelants » vont par leur chant attirer leurs congénères qui seront, eux, tirés au fusil.
Principalement pratiquée dans les départements Alpes-de-Haute-Provence, Alpes Maritimes, Bouches du Rhône, Var et Vaucluse, la chasse à la glu au même titre que la chasse traditionnelle, a longtemps été qualifiée de « pratique patrimoniale culturelle et traditionnelle » dans les régions du sud de la France.
UNE VICTOIRE POUR LA LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX
Interrogée par National Geographic, la Ligue de défense pour la protection des oiseaux (LPO) salue la décision. « Cela faisait longtemps que l’on attendait ce jour, qui est enfin arrivé » déclare Patrick Balluet, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux de la Loire.
Très impliquée depuis de nombreuses années, l’association de défense des oiseaux jugeait cette pratique cruelle et non sélective. Selon les chiffres de la LPO, des « dizaines de milliers » d'oiseaux seraient pris au piège chaque année. « Je pense que c'est une grande victoire pour la défense de la biodiversité » affirme Patrick Balluet, avant d’ajouter « cela nous encourage dans notre combat pour la défense des oiseaux ».
La LPO dénonce également le fait que d’autres espèces, dont certaines sont protégées, soient capturées par cette même technique. « Il n’était pas rare de voir des mésanges, des rouges-gorges ou même des rapaces pris au piège. Les oiseaux étaient souvent victimes des dissolvants utilisés par les chasseurs pour les décoller » explique Patrick Balluet.
QUELLES CONSÉQUENCES SUR LA BIODIVERSITÉ ?
« Le Conseil d’État observe que ni le Gouvernement, ni la fédération de chasseurs, n’ont apporté de preuves suffisantes permettant d’affirmer que la chasse à la glu ne conduit à ne capturer qu’en petite quantité des oiseaux appartenant à d’autres espèces que celles recherchées » déclarait le Conseil d’État.
En 2019, National Geographic s’interrogeait sur les conséquences de la chasse à la glu sur la biodiversité. Déjà, plusieurs rapports d’experts vétérinaires pointaient « les dommages irréversibles sur les espèces capturées ». Perturbation du vol, toxicité de la glu, tachycardie induite par le stress, épuisement… Autant de causes qui participent au déclin des populations d'oiseaux en France et plus globalement sur le continent européen.
Malgré la décision prise par le Conseil d’État, la bataille n’est pas terminée pour la LPO. L’association demande désormais « la libération des centaines d’oiseaux capturés illégalement et encore détenus aujourd’hui dans la perspective de les utiliser comme appelants, l’interdiction de la commercialisation et de l’utilisation de la glu et la destruction des huttes de chasses ».