Le diable de Tasmanie, ce redoutable marsupial carnivore
Le diable de Tasmanie est le plus grand marsupial carnivore au monde. Sa tête surdimensionnée abrite des dents acérées et des mâchoires musclées, qui lui permettent d'asséner de redoutables morsures.
Le diable de Tasmanie.
Ces célèbres mammifères sont recouverts d'une épaisse fourrure brune ou noire. Leur profil trapu leur donne l'apparence d'un petit ourson. La plupart d'entre eux ont une bande ou une tache blanche sur la poitrine et des taches claires sur les flancs ou l'arrière-train. Ils ont de longues pattes avant et des pattes arrière plus courtes, ce qui leur donne une démarche semblable à celle d'un cochon.
Autrefois présent dans toute l'Australie, le diable de Tasmanie ne se trouve plus que dans l'État insulaire de Tasmanie. L'aire de répartition du diable de Tasmanie s'étend sur l'ensemble de l'île, bien qu'il affectionne les broussailles et les forêts côtières. Les biologistes supposent que leur extinction sur le continent, il y a environ 400 ans, pourrait être liée à l'introduction de dingos, une sous-espèce férale de Canis lupus.
Les diables de Tasmanie ont la réputation d'entrer dans une rage folle lorsqu'ils sont menacés par un prédateur, qu'ils se battent pour obtenir les faveurs d'un partenaire ou qu'ils défendent leur repas. Les premiers colons européens les ont surnommés diables après avoir été témoins de coups de dents et de toute une série de grognements gutturaux qui pouvaient faire froid dans le dos. Ces comportements ont également inspiré la représentation de Taz, le diable de Tasmanie, dans les Looney Tunes, comme un fou hargneux.
Mais cette réputation n'est peut-être pas vraiment méritée. Bien que le diable de Tasmanie puisse sembler agressif, bon nombre de ses comportements ne sont que des rituels alimentaires ou sont induits par la peur.
Les diables de Tasmanie sont strictement carnivores et se nourrissent de petites proies comme des grenouilles, des oiseaux, des poissons et des insectes. Ils sont davantage charognards que chasseurs et partagent le plus souvent les carcasses trouvées avec leurs congénères. Comme d'autres marsupiaux, lorsqu'ils sont bien nourris, leur queue se gonfle de graisse.
Les diables de Tasmanie sont solitaires et nocturnes, passant leurs journées seuls dans des troncs creux, des grottes ou des terriers, et sortant la nuit pour se nourrir. Ils utilisent leurs longues moustaches et leurs excellents sens de l'odorat et de la vue pour éviter les prédateurs et localiser les proies et les charognes. Opportunistes, ils mangent à peu près tout ce qui leur tombe sous la dent, et lorsqu'ils trouvent de la nourriture, ils sont voraces et consomment tout, y compris les poils, les organes et les os.
Les mères donnent naissance, après environ trois semaines de gestation, à 20 ou 30 petits. Ces bébés sans poils, de la taille d'un raisin sec, rampent le long de la fourrure de la mère et entrent dans sa poche. La mère n'ayant que quatre tétines, seule une poignée de petits survivent. Les petits sortent de la poche au bout d'environ quatre mois, sont généralement sevrés au sixième mois et sont autonomes au huitième mois.
Les efforts déployés à la fin du 19e siècle pour éradiquer les diables de Tasmanie, considérés comme des animaux nuisibles pour le bétail, ont été presque couronnés de succès. En 1941, le gouvernement australien a fait des diables une espèce protégée, et leur nombre n'a cessé de croître depuis.
Malheureusement, une maladie dévastatrice découverte au milieu des années 1990 a tué des dizaines de milliers de diables de Tasmanie. Appelée « tumeur faciale transmissible du diable de Tasmanie », cette maladie qui se propage rapidement est un cancer contagieux rare qui provoque la formation de grosses masses autour de la bouche et de la tête de l'animal, ce qui l'empêche de se nourrir. L'animal finit par mourir de faim. En conséquence, la population de diables de Tasmanie a chuté de 140 000 à 20 000 individus. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l'espèce parmi les espèces menacées d'extinction.
Le diable de Tasmanie est une espèce protégée en Australie. En 2003, le gouvernement de l'État de Tasmanie a lancé son programme Save the Tasmanian Devil (Sauvez le diable de Tasmanie) comme réponse officielle à la menace d'extinction que représente la tumeur faciale transmissible du diable de Tasmanie. Cette réponse comprend la mise sous séquestre des populations où la maladie n'est pas encore apparue et la mise en place de programmes d'élevage en captivité pour sauver l'espèce de l'extinction. Les chercheurs travaillent également à la mise au point d'un vaccin contre la maladie.
Il y a des raisons de croire que le diable de Tasmanie peut être sauvé. En 2015, Menna Jones, spécialiste de l'espèce à l'université de Tasmanie à Hobart et exploratrice National Geographic, a observé que certains diables semblaient s'adapter à la maladie. « Nous avons vu sept, voire huit animaux dont les tumeurs ont régressé », a-t-elle déclaré, avant d'ajouter : « les tendances que nous observons sont porteuses d'espoir. »
Ces informations de référence ont initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.