Le jaguar et le chaman
Le grand félin est révéré depuis des siècles en Amérique latine. Au Pérou, des chamans utilisent la transe provoquée par une drogue pour entrer en contact avec l’esprit du jaguar. Notre journaliste a tenté l’expérience.
Cet article est issu du magazine National Geographic daté de décembre 2017.
Les apprentis chamans du maestro Juan Flores m’apportent mon sésame pour le monde spirituel des jaguars. C’est un petit calice en plastique, qui contient la medicina, une décoction sirupeuse brunâtre de feuilles de chacruna et de lianes d’ayahuasca réduite pendant deux jours, puis décantée dans de vieilles bouteilles d’eau. Au début de la cérémonie, le maître consacre le breuvage en exhalant force bouffées de mapacho, le tabac sauvage d’Amazonie. Puis il commence à remplir les calices, versant une petite dose à chaque participant.
Nous sommes vingt-huit, venus des États-Unis, du Canada, d’Espagne, de France, d’Argentine et du Pérou. Dans cet avant-poste isolé de la forêt amazonienne péruvienne, bâti sur les berges de la rivière Bouillante, un étrange torrent aux eaux brûlantes et mortelles, nous sommes tous en quête de quelque chose.
Certains espèrent trouver un remède à une profonde détresse, d’autres, redonner du sens à leur vie. Il y a aussi ceux qui veulent simplement obtenir un aperçu d’un autre monde –le recoin le plus ésotérique de ce qu’Alan Rabinowitz, le directeur de l’ONG Panthera, appelle de façon générale «le corridor culturel du jaguar ». Cela englobe tout à la fois les habitats et les voies migratoires que l’association dédiée aux grands félins tente de protéger. L’enjeu: assurer la survie des quelque 100 000 jaguars qui subsistent et préserver la diversité de leur patrimoine génétique.
La medicina est distribuée dans un silence qui tranche avec le vacarme de la rivière auréolée de filets de vapeur, qui tourbillonnent dans l’air froid de la nuit. Les apprentis s’approchent de moi. Je m’agenouille, que ce soit par une vieille habitude due à mon éducation catholique ou parce que c’est ce que chacun fait. Un apprenti tient le calice, un autre, un verre d’eau. J’hésite. Je repense aux paroles de Don José Campos, un célèbre chaman rencontré quelques jours plus tôt à Pucallpa, un port amazonien très actif.
« Ce n’est pas vous qui prenez de l’ayahuasca, m’a-t-il dit, c’est l’ayahuasca qui vous prend. » J’incline la coupe, et je bois.
Je suis venu pour rencontrer le maître Juan à Mayantuyacu, la communauté chamanique et de guérison qu’il a fondée en 1994. J’espère en apprendre plus sur les jaguars, notamment sur des aspects de l’animal qu’il est impossible de saisir avec des pièges photographiques.
Plus grand carnivore d’Amérique du Nord et du Sud, Panthera onca est doué d’un art du camouflage inégalé. Il se montre aussi à l’aise dans l’eau que dans la forêt tropicale et dans les arbres. Par rapport à sa taille, sa morsure est la plus puissante parmi tous les grands félins. Sa spécificité est de mordre au crâne plutôt qu’à la gorge. Il parvient souvent à le transpercer, tuant sur le coup.
Pendant des milliers d’années, les jaguars ont mené une double vie. Car ils avaient aussi une existence symbolique, omniprésente dans l’art des cultures précolombiennes (qu’attestent les découvertes archéologiques) sur une grande partie de leur habitat historique, depuis le sud-ouest des États-Unis jusqu’à l’Argentine.
Les jaguars étaient célébrés comme des dieux par les Olmèques, les Mayas, les Aztèques et les Incas. Ceux-ci figuraient l’animal dans leurs temples, sur les trônes, sur les cuillers taillées dans des os de lamas. Le félin était aussi représenté sur les châles des femmes et les linceuls de la culture de Chavín, qui émergea au Pérou vers 900 av. J.-C. Des tribus d’Amazonie buvaient du sang de jaguar, mangeaient son cœur et se vêtaient de sa peau. Beaucoup étaient persuadés que les hommes pouvaient se muer en jaguars, et les jaguars, en hommes.
Aujourd’hui encore, alors que l’espèce a perdu plus de la moitié de son territoire originel, des signes de cette proximité ancienne se manifestent partout dans la vie moderne. Par exemple, lors de la fête de la tigrada, qui se tient en août à Chilapa de Álvarez, au Mexique, les habitants implorent le dieu-jaguar tepeyollotl de leur accorder la pluie et de bonnes récoltes. Ils paradent dans les rues avec des masques du félin et des tenues tachetées. L’image d’un jaguar rugissant se retrouve un peu partout, sur des canettes de bière au Pérou, des serviettes de plage, des tee-shirts, des enseignes.
Depuis des millénaires, les peuples du HautAmazone explorent des états de conscience singuliers à l’aide de plantes psychotropes connues des chamans. Dans ce royaume occulte où les guérisseurs affirment pouvoir retrouver l’origine de toutes les maladies et proposer des remèdes par l’entremise des esprits, le jaguar fait office d’allié et de gardien. Il incarne une présence vitale qui peut repousser la maladie, catalyser les métamorphoses ou chasser les forces négatives.
Une myriade d’esprits sont censés habiter les lacs et les rivières de l’Amazonie, ainsi que les animaux et les quelque 80000 espèces de plantes d’un des plus prodigieux écosystèmes du globe. Mais, parmi eux, le jaguar trône au sommet.
Mayantuyacu se trouve à environ 50 km au sud-ouest de la ville de Pucallpa. « Il y a quatre ans, il n’existait pas de route par ici », m’a expliqué Andrés Ruzo. Notre camion venait de quitter la grand-route de terre et de graviers pour emprunter un chemin difficile, récemment ouvert à travers la forêt par des éleveurs. En haut d’une colline escarpée, un sanctuaire de huttes et de constructions au toit de chaume a surgi au milieu des arbres. Andrés Ruzo a découvert Mayantuyacu et le maître Juan lors des sept années durant lesquelles il a étudié la rivière Bouillante pour son doctorat à la Southern Methodist University (soutenue par National Geographic). Le cours d’eau est alimenté par des sources qui jaillissent de failles géologiques, très loin sous la terre. Il coule sur près de 6 km, atteignant par endroits presque 100 °C, une température fatale pour toute créature qui y tomberait.
Des générations d’autochtones ont considéré cette singularité géologique comme un lieu chargé de spiritualité. La plupart d’entre eux l’évitaient, effrayés par les esprits habitant les vapeurs et par les jaguars tapis dans la forêt alentour. Mais les chamans –ou curanderos (guérisseurs), comme ils préfèrent souvent s’appeler – s’y rendent depuis longtemps pour procéder à leurs rituels thérapeutiques aux effets si puissants. Ils apprennent leur botanique médicale en consommant diverses préparations à base de feuilles, racines, écorces et sèves pour en étudier les effets. Leur formation comporte aussi des connaissances acquises sous l’effet de l’ayahuasca, la plante mère psychotrope, qui joue un rôle essentiel dans plus de soixante-dix cultures indiennes ou métisses d’Amazonie.
Lors de notre deuxième soirée à Mayantuyacu, Andrés Ruzo nous a conduits, le photographe Steve Winter et moi, dans la hutte du maître Juan, l’un des plus célèbres guérisseurs du Pérou. L’homme, allongé torse nu dans un hamac, fumait un mapacho. Il parle couramment l’espagnol, mais ne semblait pas du genre à se laisser harceler de questions. Lui-même fils de curandero, il a été élevé dans un hameau, à une quinzaine de kilomètres de la rivière Bouillante. Il avait 10 ans le jour où son père sortit sans prendre sa pipe et, privé de la protection de l’esprit-maître du tabac, fut tué par la chute d’un arbre.
Il avait 10 ans le jour où son père sortit sans prendre sa pipe et, privé de la protection de l’esprit-maître du tabac, fut tué par la chute d’un arbre. Juan continua tout de même sa formation, car un curandero de la tribu Ashaninka le prit comme apprenti. Puis il poursuivit son initiation avec des guérisseurs d’autres tribus et cultures. Un jour, il tomba dans un piège de chasseurs. Le coup de fusil déclenché par sa chute lui fracassa un tibia. Il fut conduit à l’hôpital, mais avait perdu tant de sang que les médecins n’étaient pas certains qu’il survivrait –au mieux, il marcherait toute sa vie avec des béquilles.
Une infirmière le défia : un grand curandero devait pouvoir se soigner lui-même. Une semaine après l’accident, Juan entreprit de se rendre vers l’amont de la rivière Pachitea avec ses béquilles. Il traversa la forêt jusqu’à un ficus renacopoussant en équilibre au-dessus de la rivière Bouillante. Les branches se perdaient dans les vapeurs. À partir de l’arbre, Juan concocta des préparations pour renforcer ses os. Quelques mois plus tard, il avait retrouvé l’usage complet de sa jambe. Peu après, Juan épousa l’infirmière, et ils fondèrent le centre Mayantuyacu, près du renaco de la rivière.
Vingt-trois années se sont écoulées depuis. Juan a 67 ans, et il est père de quatorze enfants, âgés de 13 à 30 ans, dont certains travaillent au centre Mayantuyacu. Mais c’est désormais toute la région qui va mal. Une grande partie de la forêt a été coupée, ou brûlée pour faire place à des élevages de bétail. Des panaches de fumée noire obstruent fréquemment l’horizon. La plus grande partie des animaux sauvages ont été abattus
Même les lianes d’ayahuasca sont difficiles à trouver. Le centre Mayantuyacu doit maintenant les importer d’autres régions du Pérou ou du Brésil. En 2013, l’année de la construction de la route, le renaco trouvé par le maître Juan est tombé dans la rivière Bouillante, où il est mort.
Steve Winter a ouvert son ordinateur portable pour nous montrer les photos de jaguars prises dans le Pantanal, au Brésil. Le curandero a souri, détendu, avec l’air de regarder les clichés de membres de sa famille plus vus depuis longtemps. Il s’est montré heureux comme un gosse devant la vidéo d’un jaguar qui plongeait dans une rivière et regagnait la berge avec un caïman de 70 kg entre les mâchoires. Une fois le spectacle terminé, le maître Juan a allumé un mapacho.
« Le dernier jaguar de la région a été tué il y a deux ans », nous a-t-il dit. À Mayantuyacu, la plupart des gens n’en ont jamais vu – hormis les jaguars que l’on appelle pendant les cérémonies et qui apparaissent en visions. Pour eux, le félin n’existe que dans le monde des esprits.
Le maître Juan nous a confi é qu’il convoquait souvent deux esprits-jaguars pour garder l’entrée de la maloca (grande hutte à claire-voie) lors des cérémonies : celui du jaguar tacheté (ou otorongo) et celui du jaguar noir (yanapuma), bien plus rare. Il nous a annoncé qu’il les convierait lors de la prochaine cérémonie.
Je voulais lui poser une question, mais c’était délicat, car, à l’évidence, le chaman comprenait l’ampleur de la catastrophe en cours autour de lui : la vie qui se mourait, symbolisée par les fumées des champs brûlés, le gibier disparu, le rugissement du jaguar devenu inaudible. Comment en appeler à l’esprit du jaguar de la forêt, s’il n’y a plus de jaguar dans la forêt ? « On ne peut effacer un esprit, m’a répondu le curandero. Le corps peut mourir, mais l’esprit est toujours présent. »
Il n’en continuait pas moins à prier pour le retour des jaguars, parce qu’il savait qu’une forêt est plus saine avec que sans ces habiles prédateurs, qui tiennent les autres espèces en respect. « Ils sont bons, a dit Juan d’une voix douce. J’espère qu’ils reviendront. »
L’ayahuasca du calice a un goût terreux, doux et âcre, comme de la mélasse. Une fois la dernière gorgée distribuée, les lumières sont éteintes, et les ténèbres de la forêt nous enveloppent.
Une demi-heure plus tard, le maître Juan nous signale qu’il ressent les eff ets de la medicina qu’il a partagée avec chacun de nous. Il commence à chanter son premier icaro, une sorte de mélopée monotone incorporant des phrases en diverses langues. Il est assis en tailleur, vêtu d’une longue robe de cérémonie, avec une coiff e en plumes de perroquet, et des bracelets constitués de coquilles d’escargots, de graines de huayruro d’un rouge profond et de canines de jaguar.
Les participants qui n’ont rien ressenti s’approchent du chaman en s’éclairant avec leur smartphone et boivent de nouveau au calice. Le maître Juan entame un chant qui appelle les esprits de certains oiseaux. Peu après, je l’entends appeler les jaguars à la maloca. J’ouvre les yeux et vois qu’il a fait le tour du cercle de nattes pour s’asseoir devant moi.
Comment en appeler à l’esprit du jaguar de la forêt, s’il n’y a plus de jaguar dans la forêt ?
Plus tard, il me confiera que les jaguars sont venus s’installer près de l’entrée, mais seulement pendant « un court moment. Puis ils sont retournés dans la forêt. » Je ne les apercevrai pas. L’ayahuasca ne me fera rencontrer ni jaguars ni d’autres esprits-animaux.
En revanche, ce que je vois au cours de ces trois heures constitue l’une des expériences les plus révélatrices de ma vie. Le moment où l’ayahuasca s’empare de vous est appelé mareación. Littéralement « le vertige », mais le mot ne traduit pas ce sentiment d’être propulsé dans un autre monde. Dans mon cas, non pas dans celui d’un esprit - jaguar, mais dans le royaume secret des plantes.
Soudain, je comprends ce que cela signifie de se tortiller au travers du noir et tortueux royaume des racines ; de s’élever, telles les vrilles d’un sous-bois de lianes au travers de voûtes d’ombre et de lumière grandes comme des cathédrales. Et je sais, comme on reconnaît intimement l’amour ou le chagrin, que les plantes sont aussi vivantes que n’importe quel animal, qu’elles frémissent d’intelligence et de sensibilité, douées de quelque chose qui ressemble à une sorte d’esprit.
Je suis amené à comprendre qu’il existe dans l’univers un génie bien plus vaste que le nôtre, et des ordres croissants de génies entrelacés dans l’ADN de tout être vivant. J’entends des gens qui chantent comme pour célébrer une épiphanie semblable à celle que j’ai connue. Des voix autour de la maloca entonnent un chant –des hymnes en espagnol, chantés par des Péruviens qui vivent non loin et assistent aux cérémonies deux à trois fois par semaine. J’entends les chants du maître Juan et de ses apprentis, et des arias sans paroles parmi les plus exquises qui soient parvenues à mes oreilles, des icaros improvisés, saturés de joie, étincelants comme des orchidées sonores.
L’aube pointe quand je cesse de noircir mon carnet, conscient que jamais je ne trouverai les mots justes pour décrire la beauté et l’étrangeté de cette nuit, les cascades de visions, les avalanches de rires qui m’ont secoué lorsque j’ai pris conscience de l’absurdité de mon matérialisme aveugle et de la folie générale qu’est la vie dans une métropole comme New York, où la nature se réduit essentiellement aux rats, aux cafards et aux arbres jamais assez nombreux de Central Park. Lors du petit déjeuner, je m’assieds près d’un des anciens apprentis du maître Juan, qui occupait une natte voisine de la mienne pendant la cérémonie.
Il m’avoue que, lors de ma crise de rire, il a soufflé de la fumée de tabac dans ma direction, craignant que je ne sois en train de « devenir cinglé ». Je tente de lui dire que je ne me suis jamais senti aussi sain d’esprit de toute ma vie. Cela étant, je dois encore m’interroger sur la réalité de cette étrange et belle expérience. La communauté scientifique a tendance à considérer l’ayahuasca comme un simple hallucinogène.
Elle attribue bon nombre des guérisons obtenues par les curanderos à des effets placebo, autrement dit, à un pouvoir de suggestion et à l’habileté des chamans à pratiquer un rituel dans un cadre impressionnant. Par ailleurs, je me sens mal à l’aise au souvenir de ce jeune Canadien que j’ai rencontré et qui avait une tumeur cancéreuse dans la jambe. Il a refusé de faire appel à la chirurgie ou aux radiothérapies, préférant se soigner avec une prescription de plantes et en faisant appel aux visions obtenues grâce à l’ayahuasca.
Reste que la conviction ancrée chez le maître Juan que la nature fourmille d’esprits m’apparaît bien moins loufoque au lendemain de la cérémonie. Pas du tout loufoque, en vérité. Cet homme vit dans un monde qui n’a pas été transformé en machine. Quand, moi, j’entends le son d’une rivière coulant entre des rochers, lui perçoit un chœur de voix, et parfois même celle de sa sœur qui, enfant, s’est noyée dans un lac, pour réapparaître plus tard dans l’univers des esprits, changée en sirène. Qui pourrait dire ou savoir qu’elle n’était pas réelle?
Par l’usage de sa potion, le maestro a montré à tous ceux qui se trouvaient dans la maloca sa connaissance d’un autre monde. Ce que chacun souhaite en croire ne dépend que de lui-même.
Un grand nombre d’Européens et de Nord-Américains se rendent à Mayantuyacu et dans d’autres endroits du Pérou où l’on fait l’expérience de l’ayahuasca. Ils y vont dans l’espoir de trouver en eux-mêmes quelque chose qui s’apparente à un «esprit- jaguar» (mais, pour une raison ou une autre, nul ne recherche à établir une relation avec un écureuil de Pucallpa).
Quant à moi, le principal enseignement que j’ai tiré de mon initiation à l’ayahuasca est celui-ci: le rugissement du jaguar est une voix parmi une symphonie écologique. Trop souvent, nous nous focalisons aveuglément sur quelques espèces charismatiques –les grands félins, notamment. Ce faisant, nous oublions qu’une part cruciale de ce qu’ils sont dépend de leur environnement et des milliers d’autres organismes qui vivent à leurs côtés, nous compris.
Quelques jours plus tard, Ruzo me raconte la vision qu’a eue l’un des apprentis du maître Juan pendant la cérémonie. Il a aperçu le squelette d’un jaguar, allongé sur le flanc près de la rivière Bouillante. Pattes, cage thoracique, crâne : rien ne manquait. Le maître Juan et Andrés Ruzo ont passé du temps à trouver un sens à cette vision.
Le chaman en a déduit que, dorénavant, le jaguar, sous quelque forme qu’il se présente, ne peut plus assurer la protection de la forêt autour de Mayantuyacu. Il est certain que c’est désormais à lui, comme à Andrés Ruzo et à tous les protecteurs de la nature qui vénèrent le pouvoir et la grâce du jaguar, de préserver la forêt.
NDLR : Après les décès de touristes lors d’« initiations » à l’ayahuasca (interdit en France), l’ambassade de France au Pérou alerte sur ses possibles « conséquences médicales graves, voire mortelles »