Les odontomachus, des fourmis aux mâchoires surpuissantes
Tour à tour prédatrice ou proie, la fourmi Odontomachus fascine les scientifiques.
Tour à tour prédatrice ou proie, la fourmi « piège à mâchoires » referme ses mandibules 2 300 fois plus vite qu'un battement de cils pour soit tuer une victime soit exécuter un saut périlleux salvateur. À la vitesse étonnante de 60 mètres par secondes et avec une force représentant 400 fois la masse de la fourmi, ces mandibules spécialisées sont un outil de prédation autant que de défense.
L'entomologiste Andrew Suarez et son équipe ont observé le comportement défensif d'espèces des genres Odontomachus et Anochetus en Australie et à Bornéo. Pour sortir d'un trou dans le sable creusé par un prédateur fourmilion, la fourmi fait claquer ses mandibules sur les parois. La force du choc revient vers elle au point de l'éjecter hors du piège.
Ce phénomène cinématique serait impossible avec la seule contraction musculaire. La puissance mandibulaire est amplifiée par un mécanisme comparable à celui d'une catapulte. Un « loquet » maintient les mandibules ouvertes et l'énergie est stockée comme dans un ressort, jusqu'à ce qu'un muscle déclencheur libère le loquet et fasse se refermer instantanément les mandibules.
Lors de tests en laboratoire, les fourmis ont doublé leurs chances d'évasion des pièges grâce à leurs sauts mandibulaires. « Si les Hommes pouvaient les imiter, ils se propulseraient de 9 à 12 mètres en l'air, mais avec une force qui leur briserait sans doute les jambes », explique Andrew Suarez.
Fascinés par les fourmis, les ingénieurs s'en inspirent dans des domaines aussi divers que la robotique, la biomécanique, l'informatique ou la science des matériaux. À mesure que l'équipe d'Andrew Suarez en apprend plus sur la morsure surpuissante des Odontomachus, son potentiel pour des applications humaines s'élargit.