Les spectacles de singes (enfin) interdits dans la réserve de Can Gio
Dans la réserve vietnamienne de Can Gio, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, les singes étaient forcés de se donner en spectacle dans de terribles conditions. Bien qu’ils aient quitté la réserve, les singes appartiennent toujours au cirque.
Alors que la question du bien-être animal fait aujourd’hui partie du débat public, de plus en plus d’histoires nous parviennent, relatant les conditions terribles dans lesquelles les animaux vivent et qui nuisent à leur santé mentale et physique. C’est notamment le cas pour les dauphins des parcs marins, les animaux affamés dans le zoo du Yémen ou bien Pizza, l’ours polaire dont l’histoire est tragique.
Mais il est rare de savoir ce qu’il arrive par la suite à ces animaux. Quittent-ils l’enclos délabré de leur zoo ? Arrêtent-ils de se donner en spectacle pour les Hommes ? Parviennent-ils à survivre à ce qu’ils subissent en captivité ?
Wildlife Watch prend souvent des nouvelles des animaux dont la situation désespérée avait suscité une vague d’inquiétude et un élan de sympathie. Aujourd’hui, nous retournons dans une réserve inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, dans laquelle un cirque de singes donnait des représentations. Si vous voulez prendre des nouvelles d’un animal en particulier, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante ngwildlife@natgeo.com.
Les réserves de biosphère de l’UNESCO sont censées être des écosystèmes strictement protégés, où conservation et durabilité sont mots d’ordre. En Floride, les Everglades sont une réserve de biosphère, tout comme le parc national d’Amboseli au Kenya, qui abrite une faune particulièrement riche, et le parc national du Komodo, une île indonésienne qui est le seul endroit au monde où vivent les dragons de Komodo. Can Gio est aussi une réserve de biosphère de l’UNESCO. Des cobras royaux, des crocodiles marins et des chats pêcheurs vivent dans cette mangrove située près d'Ho Chi Minh Ville, au Viêt Nam. Mais jusqu’à récemment, cette réserve abritait aussi un cirque de singes.
Les réserves de biosphère sont censées promouvoir l’équilibre entre les humains et la nature. Ce n’était pas le cas dans le cirque de singes, où les macaques portaient des vêtements d’enfants et étaient notamment forcés à monter à vélo, à faire les funambules et à sauter au-dessus des flammes. Sur une vidéo prise lors d’un spectacle, on peut voir les singes craindre leurs dresseurs.
« Le message que ces spectacles envoie à nos enfants est le suivant : les animaux sauvages sont là pour nous divertir », avait déclaré dans un communiqué de presse Animals Asia, une organisation à but non lucratif basée à Hong Kong. Pour dresser un singe, ce dernier est séparé de sa mère dès la naissance, isolé, et il subit un dressage particulièrement dur jusqu’à ce qu’il soit prêt à faire les numéros qui lui sont demandés et qu’il exécute les ordres.
C’est en avril 2017, soit six mois après le début de la campagne d’Animals Asia demandant la fermeture du cirque, que Wildlife Watch s’est penché sur cette situation pour le moins édifiante. À l’époque, l’UNESCO avait déclaré que c’était au bureau vietnamien de l’institution de prendre la décision. Ce dernier partageait l’avis d’Animals Asia, déclarant que le cirque « violait la bioéthique et l’éco-éthique » et qu’il devait être fermé. Mais ils n’ont rien fait avant mars 2018, lorsque le cirque a définitivement quitté le parc.
« Suite au retour d’Animals Asia et du public qui s’opposaient à l’utilisation d’animaux sauvages, nous avons réalisé qu’il était à la fois inhumain et inutile de traiter les animaux de la sorte », a déclaré Le Van Sinh, directeur adjoint de la réserve de biosphère de Can Gio. « Le gouvernement de la ville a reconnu l’impact négatif du cirque sur le tourisme de la ville et a décidé que celui-ci devait fermer ».
« Le départ du cirque envoie un message clair : le Viêt Nam ne tolère plus les spectacles d’animaux dans les lieux touristiques », a indiqué dans un email Dave Neale, directeur du bien-être animal chez Animals Asia. « Nous continuerons notre combat tant que les animaux seront exploités de la sorte dans le pays ».
D’après David Neale, l’amphithéâtre qui accueillait les spectacles devrait être converti en un centre éducatif.
Bien que le cirque ne soit plus présent dans le parc, il continue de donner des spectacles et les singes appartiennent toujours à la société-mère du cirque. Mais pour David Neale, l’interdiction du cirque au sein de la réserve est déjà une bonne chose.
« Nous pouvons nous servir de cela comme un exemple positif du changement qui s'opère dans le pays », a-t-il confié. « Nous espérons que cette décision aura un effet sur d’autres établissements, ou permettra au moins de convaincre le public que les animaux n’ont pas leur place dans les cirques ».
Wildlife Watch est un projet d'articles d'investigation entre la National Geographic Society et les partenaires de National Geographic. Ce projet s'intéresse à l'exploitation et à la criminalité liées aux espèces sauvages. N'hésitez pas à nous envoyer vos conseils et vos idées d'articles et à faire part de vos impressions sur ngwildlife@natgeo.com.