Les terres de Cecil le lion toujours en proie au braconnage
Lors d'une attaque contre des éléphants dans le parc national de Hwange au Zimbabwe, un braconnier a été abattu et un autre a été capturé.
Deux ans après la mort de Cecil le lion lors d'une partie de chasse qui a suscité la colère des défenseurs des animaux, les autorités du parc national zimbabwéen où il vivait luttent toujours pour y préserver les espèces sauvages.
Dernier incident en date jeudi dernier au parc national de Hwange, un groupe de braconniers a été capturé en train de tuer des éléphants et d'arracher leurs défenses. Selon les informations de l'organisation à but non lucratif Bhejane Trust, en charge de la surveillance du parc, l'un des braconniers (alors en liberté sous caution alors qu'il a fait appel d'une condamnation pour chasse illégale) a été tué par la patrouille du parc, tandis qu'un second a été blessé et capturé au cours du week-end après avoir fui les lieux.
Deux éléphants ont été abattus et deux autres braconniers sont restés dans la nature. On ignore pour l'heure le nom des braconniers.
« La politique visant à "tirer pour tuer" suscite une certaine controverse », a déclaré Bhejane Trust au sein d'un post de mise à jour sur Facebook en faisant référence à la politique du parc qui consiste à tirer sur les braconniers présents dans le champ de vision. « Or, ces braconniers d'ivoire n'hésiteraient pas une seule seconde à tirer face à des gardes-forestiers. Ce n'est rien d'autre qu'une guerre et les gardes-forestiers n'ont aucune raison de s'exposer à des menaces inutilement. »
Cette fusillade est la dernière d'une série d'incidents au parc national de Hwange depuis le massacre juste devant le parc en juillet 2015 d'un de ses habitants les plus célèbres, un lion d'Afrique de 13 ans du nom de Cecil, par un chasseur de trophées. Si cette partie de chasse a été jugée illégale, elle a suscité également un débat sur la chasse au gros gibier légale, laquelle soutiendrait les efforts de conservation grâce à la collecte de fonds, selon ses partisans. D'après le Service de gestion de la pêche et de la faune aux États-Unis, le nombre de lions a diminué de 43 % au cours des deux dernières décennies.
Les accusations portées contre le chasseur professionnel qui a aidé le dentiste du Minnesota, Walter Palmer, à tuer Cecil ont été rejetées en 2016. Walter Palmer lui-même n'a jamais été poursuivi, malgré les appels pour son extradition. Le dentiste aurait payé 54 000 $ pour chasser à l'arc le célèbre lion.
Au lendemain de la mort de Cecil, l'Australie et la France ont aussitôt interdit l'importation de trophées de lions. De leur côté, les États-Unis ont instauré de nouvelles restrictions exigeant que tout trophée de lion importé provienne d'un pays où les frais de chasse, pouvant financer la sauvegarde des espèces, sont en vigueur. Ils ont annoncé que les laissez-passer de différents pays, parmi lesquels le Zimbabwe, étaient en cours d'évaluation. Le Zimbabwe, quant à lui, a suspendu la chasse aux grands fauves pendant 10 jours, avant de la rétablir.
Abritant plus de 100 espèces de mammifères, dont des éléphants, des lions et des rhinocéros, le parc national de Hwange et la région alentours n'ont cessé d'attirer les chasseurs de trophée et les braconniers. En mai, un troupeau d'éléphants s'est vengé d'un groupe de chasseurs à proximité du parc et a tué l'un d'entre eux.
Le mois dernier, Bhejane Trust a signalé que 10 éléphants au total avaient été empoisonnés à proximité du parc en l'espace de quelques jours : un exemple de plus de braconniers faisant usage de cyanure acheté sur le marché noir afin de tuer discrètement et à faible coût les éléphants pour leurs défenses en ivoire. Selon un recensement du nombre d'éléphants publié l'année dernière, les populations diminuent de 8 % chaque année en Afrique.
D'après l'organisation Bhejane Trust, le braconnier arrêté dans le parc national de Hwange a donné les noms de ses complices qui s'étaient échappés lors des précédents massacres et « d'autres arrestations devraient suivre ».