Ces sept créatures sous-marines extraordinaires existent bel et bien

Le vampire des abysses, le grandgousier-pélican ou encore le féroce tonnelier de mer : ces créatures étranges et redoutables dépassent de loin la fiction.

De Jen McCaffery
Publication 15 juil. 2024, 14:41 CEST
Observé dans les profondeurs de l'Océan Pacifique, Olindias formosa nage avec son ombrelle translucide et ses ...

Observé dans les profondeurs de l'Océan Pacifique, Olindias formosa nage avec son ombrelle translucide et ses tentacules colorés, utilisant des cellules urticantes pour capturer les petits poissons et le plancton.

PHOTOGRAPHIE DE Tony Wu, Nature Picture Library

Les hommes sont depuis longtemps fascinés par les créatures des mers : Aristote décrivait déjà des crustacés et des mollusques sur des rouleaux de papyrus et aujourd'hui, des chercheurs ont recours à la science participative et à des tests génétiques pour identifier la dernière espèce de poisson-lune.

« C'est l'inconnu », explique Erich Hoyt, auteur d'un livre sur les créatures sous-marines. « Quand vous observez l'océan, vous verrez peut-être un dauphin ou une baleine, mais vous ne verrez pas ce qui se trouve plus bas », ajoute-t-il. « On ne connait qu'une partie du nombre d'espèces vivant dans les profondeurs. »

Qu'il s'agisse de leur apparence étonnante ou de leur quête impitoyable de survie, ces espèces d'animaux marins comptent parmi les plus captivantes que les explorateurs et biologistes aient identifiées.

 

LE VAMPIRE DES ABYSSES

Malgré leur nom menaçant, les vampires des abysses sont plutôt petits, grandissant jusqu'à environ trente centimètres de long. Ils ont un corps gélatineux avec des palmes entre leurs branches, donnant l'impression qu'ils portent une cape.

PHOTOGRAPHIE DE Solvin Zankl, Nature Picture Library

La première chose à savoir sur les vampires des abysses, dont le nom anglais signifie littéralement « vampires calmars », c'est que ce ne sont ni des vampires, ni des calmars, explique Bruce Robison, scientifique à l'institut de recherche de l'aquarium de la baie de Monterey, qui traque les céphalopodes depuis des décennies.

Alors comment ce charognard des abysses a-t-il hérité de ce nom effrayant ? Le teuthologue Carl Chun l'a nommé vampire des abysses en 1903. Il lui a donné pour nom scientifique Vampyroteuthis infernalis, qui veut dire « calmar vampire des enfers ».

« J'imagine que les yeux rouges et la cape l'ont amené à dire "On dirait un vampire" », déclare Robinson. « Alors, il s'est amusé avec le nom. »

Plutôt que du sang, les vampires des abysses se nourrissent de ce qu'on connait aujourd'hui sous le nom de neige marine, des débris comme les algues, du plancton mort et de la matière fécale. Mais sous-estimer ce petit céphalopode serait une erreur. Les vampires des abysses peuvent cracher un mucus contenant des particules phosphorescentes depuis les pores se trouvent aux extrémités de leurs branches, s'enveloppant d'un nuage luminescent pour éviter les prédateurs.

 

LE POISSON-LUNE TROMPEUR

Contrairement aux vampires des abysses, le poisson-lune trompeur est une espèce découverte récemment. Classifié sous le nom scientifique de Mola tecta, ce poisson élusif a été identifié pour la première fois en 2017 pour la doctorante Marianne Nygaard et son équipe en Nouvelle-Zélande. « Tecta » est un dérivé de mot latin tectus, qui signifie confiné ou caché.

« J'ai été plutôt impressionnée par le fait que ce poisson ait réussi à échapper à nos radars pendant toutes ces années, malgré l'intérêt énorme qu'il suscite, les nombreuses espèces décrites et une taxonomie désordonnée », déclare Nygaard.

Connu pour évoluer dans les eaux froides de l'hémisphère sud, le long des côtes de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, du Chili, du Pérou et de l'Afrique du Sud, mola tecta, dont certains spécimens peuvent peser jusqu'à 900 kilos, a depuis été repéré le long de la côte californienne et jusqu'au nord de l'Alaska.

L'apparence du poisson-lune peut varier considérablement au sein d'une même espèce et changer de morphologie au cours de sa croissance, ce qui rend l'identification délicate. La dernière observation en date remonte au 3 juin dernier, lorsqu'un poisson-lune mesurant 2,2 mètres de long s'est échoué sur une plage de l'Oregon. Marianne Nygaard a été alertée et a confirmé que ce spécimen, d'abord confondu avec le poisson-lune commun, appartenait bien à l'espèce Mola tecta qui se cachait une fois de plus à la vue de tous.

 

LE TONNELIER DE MER

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    Un tonnelier de mer, amphipode des abysses, évide une sape gélatineuse afin de l'utiliser comme un bouclier protecteur pour ses œufs et ses petits.

    PHOTOGRAPHIE DE Magnus Lundgren, Nature Picture Library

    Les tonneliers de mer, connus sous le nom scientifique de Phronima sedentaria, habitent la zone crépusculaire des océans dans le monde entier, le plus souvent situé de 200 à 1 000 mètres de profondeur.

    Mesurant généralement moins de deux centimètres de long, les tonneliers de mer chassent les salpes, des créatures gélatineuses ressemblant à des méduses. La maman tonnelier utilise ses pinces avant, semblables à celles des crabes, pour manger l'intérieur de la salpe, habiter sa peau vide et y pondre ses œufs. Une fois sortie, elle fait avancer la salpe comme un landau.

    Lorsque ses œufs éclosent, ils perpétuent le cycle en consumant la salpe de l'intérieur, en compagnie de leur mère. « La tuerie et le vol de la peau d'une autre créature constitue un très beau contraste avec la dévotion maternelle », estime Erich Hoyt.

     

    OLINDIAS FORMOSA

    Découvert le long des côtes du Japon, du Brésil et de l'Argentine, l'éclatant Olindias formosa utilise ses tentacules muticolores brillantes pour attirer les petits poissons, explique Erich Hoyt. D'un diamètre maximal de quinze centimètres, cette méduse alterne entre les fonds marins et les eaux côtières, d'après l'aquarium de la baie de Monterey.

    Olindias formosa, bien que rare, apparaît parfois par groupe. Ce phénomène se produit lorsque l'augmentation de la température de l'eau attire ou plutôt crée plus de nourriture pour les méduses, ce qui entraîne une augmentation de la population. Bien que la piqûre de Olindias formosa ne soit pas mortelle pour les humains, elle reste plutôt douloureuse et peut provoquer une éruption cutanée. Ces créatures, à la fois belles et dangereuses, ont inspiré des œuvres d'art et des mises en garde à l'intention des nageurs au large des côtes de l'Argentine.

     

    LE GRANDGOUSIER-PÉLICAN

    La grande bouche du grandgousier-pélican lui permet d'engloutir des proies entières, dont des poissons et des invertébrés, s'adaptant bien à la pénurie de nourriture dans les profondeurs des océans.

    PHOTOGRAPHIE DE Norbert Wu, Minden Pictures

    Avec leur queue noire et sinueuse, les grandgousiers-pélicans nagent promptement dans la zone pélagique de l'est de l'océan Pacifique. Cependant, ce qui distingue vraiment le grandgousier-pélican, et qui a inspiré la première partie de son nom, est son énorme bouche.

    Malgré son corps mince, la bouche du grandgousier-pélican peut soudainement se dilater comme une bulle de savon, ce qui lui permet d'attraper des proies beaucoup plus grosses. Cette adaptation sert de plan de secours en cas de pénurie de nourriture. Cependant, le grandgousier-pélican, qui a une manière de se nourrir semblable à celle des pélicans, consomme principalement des petits crustacés.

     

    LE CALMAR COLOSSAL

    Le calmar colossal, à ne pas confondre avec le calmar géant, est le plus gros invertébré connu à ce jour. Connue sous le nom scientifique de Mesonychoteuthis hamiltoni, cette créature des abysses a été identifiée pour la première fois en 1925 par le zoologue Guy Robson, juste après qu'il a trouvé deux de ses tentacules dans l'estomac d'un cachalot s'étant échoué sur les Îles Falkland.

    En février 2007, des pêcheurs de la mer de Ross, située au sud de l'Antarctique et souvent appelée « le dernier océan » en raison de son éloignement, ont accidentellement attrapé l'une de ces créatures. Selon Hoyt, ce calmar colossal pesait environ 495 kilos et était l'un des plus gros jamais découverts.

    Avant cet incident, aucun spécimen vivant n'avait encore été observé dans son habitat naturel. Cependant, en 2023, l'explorateur des fonds marins Matthew Mulrennan a capturé des images vidéo qui pourraient représenter un bébé calmar colossal vivant dans l'océan Austral, à des centaines de kilomètres des côtes de l'Argentine. Des analyses sont en cours pour confirmer cette observation.

     

    TOXOTIDAE

    Toxotidae, généralement trouvé en Asie du Sud-Est et au nord de l'Australie, est réputé pour ses capacités de chasse uniques, tant dans l'eau que hors de l'eau. Dans l'océan, ces poissons tropicaux poursuivent des crustacés, mais ils adaptent également leurs techniques de chasse sous l'eau pour repérer et abattre des araignées, des punaises et d'autres insectes présents sur les branches et les feuilles des mangroves.

    « Ils peuvent faire descendre la nourriture en faisant entrer de l'eau dans leur bouche par leurs branchies », explique Eileen Caro, biologiste à l'Aquarium de Floride. « Ils ont une échancrure sur le toit de leur bouche pour pouvoir expulser l'eau. »

    Bien que d'autres poissons puissent également expulser de l'eau, Toxotidae est connu pour sa précision. D'une taille allant généralement de dix à vingt-sept centimètres, ces poissons peuvent également bondir jusqu'à une distance de trente centimètres hors de l'eau pour capturer leur proie.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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