La disparition de ces cinq espèces bouleverserait tout un écosystème
L’une purifie notre eau, une autre constitue une source essentielle de nourriture pour trois autres espèces… En protégeant un animal, on en protège bien d’autres.
La souris de plage (peromyscus polionotus peninsularis), photographiée avec l'aide du U.S. Fish and Wildlife Service, organisme fédéral des États-Unis dépendant du département de l'Intérieur des États-Unis, à Panama City, en Floride, n'est pas seulement mignonne, elle constitue également une importante source de nourriture.
Si vous demandez à Joel Sartore, explorateur National Geographic, de vous parler des presque 700 espèces menacées et en voie de disparition qu'il a photographiées, il vous parlera immédiatement des moules d'eau douce. Véritables filtres à eau vivants, elles font partie des espèces les plus menacées de la planète. Aux États-Unis seulement, 75 % des espèces de moules d’eau sont protégées par le Edangered Species Act, loi sur les espèces en danger d’extinction qui fête son cinquantième anniversaire.
Voici quelques-unes de ces espèces menacées mais essentielles, et celles qui pourraient être menacées si ces espèces essentielles disparaissaient.
EN DANGER : LA CYPROGENIA ABERTI
Une équipe de nettoyage en eau douce pour les poissons dards
Les Cyprogenia stegaria sont essentielles pour assurer la bonne santé des cours d'eau. mais elles constituent l'un des groupes d'animaux les plus menacés aux États-Unis. Sartore a capturé leur singulière coquille jaune et verte sur cette image d'une moule d'eau de la rivière Clinch dans le Tennessee.
Cette espèce de moules d'eau douce endémique aux États-Unis dépend, pour sa survie, des poissons dards (Etheostomatinae), y compris le Percina aurantiaca et Roanoka. Les larves de moules se fixent pendant des semaines sur ces poissons, où elles absorbent des nutriments vitaux pour se développer. À elle seule, une Cyprogenia aberti mature peut nettoyer jusqu'à près de soixante litres d'eau en une journée, ce qui permet aux les créatures qui en dépendent de profiter d’une eau saine. La pollution de l'eau et la fragmentation de l'habitat ont poussé un grand nombre de ces moules d'eau douce au bord de l'extinction et elles constituent désormais le groupe animal le plus menacé aux États-Unis.
EN DANGER : LE TANTALE D'AMÉRIQUE
Avec l'alligator d'Amérique, ils font l'équilibre des marécages
Tantale d'Amérique (Mycteria americana) photographié au zoo du comté de Sedgwick, Wichita, Kansas.
En 1984, après avoir perdu son habitat naturel, le tantale d’Amérique a été protégé par le Endangered Species Act. Quelques années plus tard, l'alligator d’Amérique, également un pilier des Everglades de Floride, a quitté la liste des animaux protégés et est devenu un exemple de rétablissement réussi. Ces deux espèces entretiennent une relation symbiotique : les alligators patrouillent dans les forêts inondées où nichent les tantales, et éloignent ainsi de leurs œufs les prédateurs comme les ratons laveurs. En retour, ils s'attaquent parfois aux jeunes tantales tombés au sol.
EN DANGER : LA TORTUE DU DÉSERT
Elle construit les lieux d'habitat du gecko coleonyx variegatus, du néotoma du désert, du crotale de Mojave et du lapin d'Audubon.
Une tortue du désert (Gopherus agassizii agassizii), photographiée au California Science Center, creuse peut-être des trous pour satisfaire ses propres besoins, mais elle contribue à la survie d'autres espèces dans le désert.
Pendant près de neuf mois par an, la tortue du désert de Californie cherche à s'abriter de la chaleur dans des tunnels pouvant atteindre neuf mètres de long sous le sol desséché du désert de Mojave. Classé comme une espèce menacée depuis 1990, ce reptile à la durée de vie longue ne vit pas seul. Il peut creuser jusqu'à vingt-cinq terriers par an et partager l'espace avec des créatures allant des geckos aux lapins. Face à la menace croissante de l'urbanisation, la population de tortues du désert a chuté ces dernières années, passant de centaines d'adultes par kilomètre carré à seulement quelques-uns.
EN DANGER : LA SOURIS DE PLAGE
Elle fait partie de l'alimentation du grand duc d'Amérique, du crabe fantôme et des couleuvres à nez plat
Sur la côte du golfe de Floride, environ dix kilomètres carrés de dunes de sable abritent plusieurs espèces de souris menacées, dont la souris de plage. Ces créatures aux grandes oreilles ne mesurent que quelques centimètres de long et sont menacées par de nombreux facteurs comme les ouragans, l'éclairage artificiel et les prédateurs envahissants. Protéger la souris de plage revient à préserver une source de nourriture importante pour les rapaces, les serpents, les crabes fantômes et d'autres espèces indigènes.
EN DANGER : LE PUTOIS À PIEDS NOIRS
Il fait le lien entre la salamandre tigrée du Texas, la chevêtre des terriers et le chien de prairie
Un centre national de conservation du putois d'Amérique, situé dans le Colorado, se consacre à la protection des putois à pieds noirs (Mustela nigripes), où celui-ci a été photographié. Elizabeth Ann (ci-dessus) est le premier putois cloné au monde. Elle a été créée en 2020 à partir des gènes d'une femelle sauvage nommée Willa, qui est morte au milieu des années 1980 dans le Wyoming et n'avait pas de descendance vivante.
À la fin du 19e siècle, les campagnes fédérales d'extermination ont éliminé la population des chiens de prairie, considérés comme des parasites agricoles, de 96 % de leur habitat historique. Leur disparition a déclenché une réaction en chaîne. Sans chiens de prairie pour creuser des trous, les chevêtres des terriers, les salamandres et de nombreux autres animaux se sont retrouvés sans abri digne de ce nom. Le putois à pieds noirs a également perdu sa principale source de nourriture et s'est retrouvé au bord de l'extinction. En 1967, l'inscription de l'espèce sur la liste de l'Endangered Species Act et un programme réussi d'élevage en captivité ont permis le retour des putois.
Joel Sartore, explorateur pour National Geographic, a photographié ces animaux dans le cadre de l'Arche photographique de National Geographic. Pour en savoir plus, consultez le site natgeophotoark.org.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.