Mars : la place centrale de la planète rouge dans les croyances antiques

Mars a longtemps été source de fantasmes et de croyances. Égypte antique, Empire Romain, hindous... de nombreuses civilisations ont vénéré la planète rouge à leur manière.

De Arnaud Sacleux
Publication 8 nov. 2018, 15:26 CET
Statue de Mars, dieu de la guerre dans l'antiquité romaine.
Statue de Mars, dieu de la guerre dans l'antiquité romaine.
PHOTOGRAPHIE DE GETTY IMAGES VIA ISTOCK

Si elles diffèrent dans leurs pratiques, leurs rites et leurs doctrines, les religions polythéistes des temps anciens sont les sœurs de plusieurs croyances. Parmi elles, l’influence de l’astronomie et des planètes, observées bien avant les découvertes de Kepler, Copernic ou Galilée. Les dieux romains, égyptiens ou hindous prennent leur source des planètes, symboles de puissance divine. Mars en fait partie. Elle est l’une des premières planètes, avec Vénus et Jupiter, à avoir été repérée très tôt. Et Mars a toujours été parée du même costume : celui du guerrier, annonciateur de guerre, de violence et de fléau.

 

PROTECTEUR DE L’EMPIRE ROMAIN

À Rome, Mars était très respectée et constamment honorée. La planète rouge a donné son nom à l’un des dieux principaux de la Rome antique : Mars, divinité de la guerre. Stratège hors-pair, il était le père de Remus et Romulus, fondateurs et protecteurs de la cité. Il était également le garant de l’aristocratie militaire, et protégeait les cultures paysannes des agressions extérieures. Communément représenté affublé d’un casque, d’une lance et d’un bouclier, il était associé au loup et à la louve, symbole de la cité de Rome.

Le culte de Mars était principalement orienté vers la guerre. Il a d’ailleurs donné son nom au mois ouvrant la saison guerrière, courant de mars au mois d’octobre. Divers rituels lui étaient consacrés : un cheval lui était offert en sacrifice lors de l'Equirria, une course de chars ayant lieu sur le Champ de Mars après la saison guerrière. Après chaque bataille, les dépouilles et butins récoltés étaient offerts au dieu pour le remercier de la victoire de l’armée romaine.

Mars a donné son nom au célèbre Campus Martius, le Champ de Mars, où était situé l’autel du dieu romain. A l’origine, il était situé en dehors de la ville : les hommes armés n’avaient pas le droit de pénétrer dans l’enceinte sacrée de la ville. Il deviendra par la suite le lieu de référence des événements à caractère militaire.

 

GARDIEN DES ENFERS EN MÉSOPOTAMIE

La Mésopotamie, région située entre le Tigre et l’Euphrate, comprenait Babylone, l’Assyrie et Sumer. C’était un territoire à l’histoire infiniment riche, occupant une place fondamentale dans notre savoir scientifique actuel.

Peinture représentant Mars, à Pompéi.
Peinture représentant Mars, à Pompéi.
PHOTOGRAPHIE DE GETTY IMAGES VIA ISTOCK

Les Mésopotamiens sont considérés comme les pères fondateurs de l’astronomie et de la science occidentale. Nous leur devons notamment les constellations, la division des heures en minutes puis en secondes ainsi que des mesures précises du ciel s’étalant sur des siècles. Pourtant, malgré leurs connaissances en la matière, les Mésopotamiens associaient les mouvements observés du Soleil, de la Lune et des planètes à une intervention divine. Les éclipses lunaires par exemple, événement inquiétant et incompréhensible à l’époque, étaient dans leurs esprits liées à des tragédies sociales et environnementales.

Dans cette culture ancienne, la planète Mars revêtait une signification toute particulière : elle était associée à Nergal. À l’origine dieu du Soleil, il est progressivement devenu le dieu des Enfers après avoir séjourné 7 jours et 7 nuits au Royaume des morts, par amour pour la Déesse des Enfers. En sumérien, Nergal signifie d’ailleurs « Maître de la Grande Ville » (les Enfers). Nergal était surtout présage de destruction, d’épidémie et de peste. Il était représenté sous un aspect destructeur : il avait une tête d’Homme, un corps de lion ailé et portait un sceptre. Ses symboles avaient un aspect destructeur : la tête de lion et l’épée. Son temple était situé à Kutha à Babylone, au même titre que les autres divinités infernales de la Basse-Mésopotamie.

 

MARS, L'UN DES NEUF ASTRES DE LA RELIGION HINDOUE

Dans l’ancienne religion hindoue, les croyances étaient basées sur les neuf corps célestes visibles et observés de l’époque, appelés les Navagrahas (Nava signifiant « neuf » et Graha « planète »). Ces astres étaient le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, les éclipses de Soleil et les éclipses de Lune. Chacun de ces corps avait une influence singulière, et cette croyance a donné naissance à l’astrologie védique. Mars y occupait une place importante. La divinité Karttikeya, représentant la planète rouge, était considérée comme maléfique et agressive. Ses attributs étaient la violence, la guerre et l’ambition.

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    Sculpture de Kartikeya, Temple de Brihadishvara, Thanjavur, Tamil Nadu, Inde.
    Sculpture de Kartikeya, Temple de Brihadishvara, Thanjavur, Tamil Nadu, Inde.
    PHOTOGRAPHIE DE GETTY IMAGES VIA ISTOCK

    En tant que divinité guerrière, elle fut surtout la référence de la caste des Kshatryias, représentant les rois, les nobles et les guerriers. Mars représentait donc la caste la plus glorieuse de l’époque, puisqu’elle a dirigé, contrôlé et protégé les terres Hindoues et sa civilisation durant des siècles.

     

    LE FLÉAU DE LA CHINE

    Dans la Chine antique, la mythologie Wuxing, apparue au 5e siècle avant J.C., régissait les rites et coutumes. Elle constitue, encore aujourd’hui, un courant majeur de la cosmologie chinoise traditionnelle. Selon ces croyances, les éléments de l’Univers étaient répartis en cinq catégories, le feu, l’eau, la terre, le bois et le métal, composant entre elles une relation de génération et de destruction. Le feu engendrait la terre grâce à ses cendres, qui fournissait les matériaux pour le métal. C'est ce qu'on appelle les relations de génération.

    À l’inverse, le feu faisait fondre le métal, qui lui-même tranchait le bois. C’est ce que l'on appelle le cycle de destruction. Ces deux ordres régissaient la vie et le savoir de la Chine antique. Mars y était très importante : surnommée Ying Huo, l’« étoile de feu », elle était associée au sud, à l’été, mais était aussi présage de fléaux, de chagrins, de guerres et de meurtres.

     

    MARS ET HORUS DANS L’ÉGYPTE ANTIQUE

    Aux temps de l’Egypte Antique, la planète Mars portait plusieurs noms, mais son principal était Hardoshir, le « Horus rouge ». Elle était associée à Harmakhis, le dieu du Soleil de l’aube et du crépuscule, qui sera à l’arrivée du Nouvel Empire associé à Horus, régent de l’ordre pharaonique et divin. Mars était alors considérée comme la gardienne de la Voie Lactée, puisque située juste au-dessus du bras gauche d’Orion.

    À l’arrivée du Nouvel Empire, vers 1540 avant J.C., le grand Sphinx de Gizeh fut associé au dieu Horus et donc à la planète rouge. Elle portait également le nom de Sekded-ef-em-khetkhet, qui signifiait « Celle qui voyage à reculons  ». Les Egyptiens, déjà à l’époque, avaient perçu son déplacement singulier, marqué d’une certaine rétrogradation.

    Mars Saison 2 - Trailer

    Pour découvrir l'influence de Mars sur les Hommes modernes, retrouvez chaque dimanche à 20h40 un nouvel épisode de la série MARS sur National Geographic.

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