La Corée du Sud a tenté de réduire la pollution de l’air grâce à de la pluie artificielle

Le gouvernement coréen a eu recours à l’ensemencement de nuages afin de réduire les particules polluantes présentes dans l’air.

De Arnaud Sacleux
La pollution venue de Chine est un vrai fléau pour la Corée du Sud, qui subit ...
La pollution venue de Chine est un vrai fléau pour la Corée du Sud, qui subit de plein fouet des particules très nocives pour la santé de ses habitants.
PHOTOGRAPHIE DE Yanggiri, getty images via istock

La Corée du Sud subit de plein fouet les nuages à particules fines venues de Chine, plus gros pollueur au monde. Ces particules, appelées PM2.5, sont considérées comme étant les plus nocives pour la santé. À Séoul, cette pollution chinoise vient d’être déclarée « catastrophe naturelle ». Si pour Olivier Boucher, Chercheur au CNRS à l’Institut Pierre-Simon Laplace interrogé par National Geographic, « il est certain que si on pouvait faire pleuvoir, cela améliorerait la qualité de l'air, car les pluies lessivent les particules en suspension dans l'atmosphère », il s’avère que cette méthode n’est pas infaillible et qu’il peut être très compliqué de provoquer des épisodes pluvieux.

 

UNE SCIENCE EXACTE ?

Le gouvernement coréen a annoncé ce lundi avoir échoué à créer une pluie artificielle, après avoir dispersé de l’iodure d’argent dans les nuages à l’aide d’un avion et d’un diffuseur de particules. Les précipitations souhaitées devaient entraîner la chute des particules de pollution. Cependant, selon la Korea Meteorological Administration (KMA), les retombées de ce test sont décevantes : seule une faible pluie brumeuse est apparue pendant quelques minutes à peine. Selon Olivier Boucher, les raisons de cet échec peuvent être attribuées à la période de l’année. « Dans le cas de la Corée du Sud, j'observe qu'on est dans la saison plus sèche pour ce pays et donc l'atmosphère est sans doute trop peu humide pour qu'il pleuve, avec ou sans les techniques d'ensemencement dont on parle. C'est d'ailleurs parce que c'est la saison sèche que les problèmes de qualité de l'air sont exacerbés dans les métropoles » nous précise-t-il, avant d’ajouter que ces techniques d’ensemencement n’ont pas un taux de réussite très clair.

« À vrai dire, on ne sait pas si ces techniques fonctionnent. Il y a beaucoup de variabilité dans les pluies, ce qui fait qu'il est difficile de savoir ce qui se serait passé si on n'avait pas ensemencé les nuages. La mesure du succès ne peut donc être que statistique et on ne peut pas vraiment dire d'un ensemencement s'il fonctionne ou s'il échoue. »

 

QU’EST-CE QUE L’ENSEMENCEMENT ?

Les nuages non précipitants, qui ne pleuvent pas, sont constitués d'une multitude de gouttelettes d'eau microscopiques ou de cristaux de glace qui ne sont pas suffisamment gros pour tomber sous forme de pluie. Pour qu’un nuage soit précipitant, les gouttelettes et cristaux de glace doivent grossir en captant d’autres gouttelettes ou entrer en contact avec de la vapeur d’eau. L’ensemencement consiste donc à accélérer la croissance de ces gouttelettes en introduisant des agents artificiels réactifs, comme l’iodure d’argent.

L’ensemencement d’un nuage se fait généralement de deux façons : soit on diffuse de manière ciblée les agents dans le nuage avec des avions équipés d’un projecteur de particules, soit on diffuse de façon plus large ces agents à partir de générateurs au sol.

Cette méthode est utilisée pour deux raisons principales nous indique Olivier Boucher : « de manière préventive pour empêcher la grêle et prévenir les dégâts qu'elle pourrait causer », notamment chez les vignerons dans certaines régions françaises, ou tout simplement « pour faire pleuvoir quand il fait trop sec », ce qui est le cas au Moyen-Orient ou dans certaines régions asiatiques, comme la Corée du Sud.

Pour le chercheur, ces méthodes ne sont pas infaillibles et la meilleure façon de diminuer la pollution est « de réduire les émissions de polluants et pour cela, il est important de savoir d'où vient la pollution : sources locales (industrie, trafic routier, feux de bois, agriculture), poussières désertiques ou pollution importée (par exemple de Chine en ce qui concerne la Corée du Sud) de manière à agir sur les sources. »

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