Le niveau de CO2 dans l’atmosphère bat un record vieux de 3 millions d’années
Selon une récente étude, le taux de CO2 dans l’atmosphère dépasse aujourd’hui les 412 ppm. Il faut remonter à l’ère du Pliocène, il y a environ 3 millions d’années, pour observer des concentrations similaires.
Cette étude, parue dans la revue Science, a été menée par des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) en Allemagne, grâce à un nouveau modèle climatique. Ce modèle a évalué la concentration de CO2 dans notre atmosphère à 412 ppm (parties par million).
Un record, ou presque. À la fin du Pliocène, l’Australopithecus africanus, considéré par certains chercheurs comme l’un des ancêtres du genre Homo, commençait seulement à peupler les terres africaines. Il faut remonter jusqu’à cette période pour trouver une concentration en dioxyde de carbone dépassant les 400 ppm pour la dernière fois.
Aujourd’hui, les causes sont identifiées ; ce sont les émissions liées aux activités humaines, dont l’ampleur rend difficile tout espoir d’inverser la tendance à moins d’un sursaut général et mondial. « Contrairement aux émissions de particules fines par exemple, la pollution liée au CO2 est globale et entraîne le réchauffement climatique. Les sources sont multiples et non localisées, il est difficile de toutes les neutraliser » indique Jean-Baptiste Renard, chercheur au Laboratoire de physique et chimie de l’environnement et de l’espace (LPC2E).
DES ARBRES POUSSAIENT EN ANTARCTIQUE
Les mesures ont été réalisées à l’aide de sédiments marins et de carottes glaciaires prélevés à l’endroit le plus froid de la planète. Ces dernières sont de véritables témoins du temps géologique ; la glace qui les compose emprisonne et conserve en elle les particules et impuretés présentes dans l’air, ainsi que leur temporalité.
C’est donc il y a 3 millions d’années, pendant le Pliocène, que la concentration en dioxyde de carbone a dépassé les 400 ppm pour la toute dernière fois. Durant cette période, les températures étaient alors 3 à 4°C plus élevées et des arbres poussaient en Antarctique. Le niveau des océans lui était 15 à 20 mètres plus haut. Ce CO2 avait été capturé par les arbres, les plantes, les animaux, puis enterrés avec eux. « Ce que nous faisons depuis 150 ans, c'est le déterrer et le renvoyer dans l'atmosphère » confirme Martin Siegert, professeur de géoscience à l’Imperial College de Londres.
Aujourd’hui, nos températures ne dépassent que de 1° C celles de l’époque préindustrielle et pourtant la Terre subit déjà les impacts du changement climatique, entre inondations, sécheresses, fonte des glaces ou encore disparition de la faune. Pour Martin Siegert, si l'Homme n'arrive à enlever le CO2 de l'atmosphère à grande échelle, « des impacts majeurs sont inévitables, tôt ou tard ».
2 000 PPM PRÉVUS POUR LE 23E SIÈCLE
Si cette situation n’est pas inédite et que l'atmosphère a déjà connu de telles concentrations en CO2 par le passé, le gaz avait mis plusieurs millions d'années à s'y accumuler. Aujourd’hui, les auteurs de l’étude ont constaté que l'actuel changement climatique se fait à un rythme rapide et sans équivalent.
Les émissions liées aux activités humaines ont augmenté le niveau de dioxyde de carbone de plus de 40 % dans l’atmosphère en à peine 150 ans. En cause, notre soif pour le pétrole, le gaz et le charbon. Ce chiffre progresse encore aujourd’hui, un taux de 2 000 ppm étant envisagé pour le milieu du 23e siècle et laissant certains scientifiques à penser qu’un réchauffement de la planète de 3 ou 4°C est inévitable. Les glaciologues prédisent également une augmentation du niveau des océans entre 50 cm et un mètre d'ici la fin du 21e siècle.
Pour contrer cela, des mesures sont prises par les gouvernements notamment par le biais des accords de Paris. En 2015, l'accord sur le climat visait même à limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle d’ici la fin du siècle. En 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont pourtant dépassé tous les records.
Les engagements pris par les États signataires de l'Accord de Paris conduiraient pour l’instant notre planète à se réchauffer en effet de 3°C, comme lors du Pliocène, à la fin de notre siècle.