La déforestation de la forêt amazonienne a atteint un pic en 2018
La forêt amazonienne, plus grande forêt tropicale de la planète, est victime de la déforestation. En 2018, elle a atteint son plus haut niveau par rapport aux 10 dernières années.
Entre 2004 et 2012, les gouvernements brésiliens successifs avaient mis en place des mesures qui ont participé à la baisse significative de la déforestation de la forêt amazonienne. Aujourd’hui, les « poumons de la planète » sont en bien mauvais état : selon l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE), la déforestation reprend de plus belle et les perspectives ne sont guère réjouissantes avec l’élection de Jair Bolsonaro à la présidence de la République brésilienne, qui a fait de l’agro-business une priorité face à l’écologie.
75 FOIS LA SURFACE DE PARIS
Selon le ministère brésilien de l’Environnement, la déforestation de la forêt amazonienne s’est aggravée de plus de 13 % entre août 2017 et juillet 2018, soit 7 900 km² de défrichés contre 6 950 l’année précédente. Des chiffres qui ont de quoi inquiéter les défenseurs de l’environnement : selon Greenpeace, c’est 1,185 milliards d’arbres abattus, soit l’équivalent de 75 fois la ville de Paris, de 1 000 terrains de football ou d’un quart de la surface de la Belgique. Un constat dramatique tant sur le plan écologique que politique : l’élection de Jair Bolosnaro en 2018 signe « le début de la fin pour l’Amazonie » annonçait son adversaire Fernando Haddad. « Son projet économique va détruire l’Amazonie et la transformer en marchandises vouées à l’exportation » ajoutait Felipe Milanez, professeur à l’Université fédérale de Bahia. Or, près de 60 % de la forêt amazonienne se trouve sur le territoire brésilien…
QUEL ESPOIR POUR LA FORÊT AMAZONIENNE ?
Pour les spécialistes de l’environnement, « il est important de faire la différence entre les promesses de campagne de Bolsonaro destinées à son électorat et les accords qu’il devra passer avec sa coalition au congrès » a expliqué Eduardo Viola, professeur de relations internationales à l’Université de Brasilia. Pro-pesticide, climatosceptique et ultra-libéral, le nouveau dirigeant pense en effet économie avant écologie. Lors de sa campagne présidentielle, il avait reçu le soutien des bûcherons et des mineurs qui souhaitent s'attaquer plus radicalement à la forêt, cette mine d'or en terme de bois et de minerais. « Il a dit qu'il mettrait fin aux aires protégées, aux terres réservées aux Indiens et qu'il réduirait les sanctions contre les crimes environnementaux » affirmait Marcio Astrini de Greenpeace Brésil.
Pourtant, selon les scientifiques, tout n’est pas perdu. Les dernières années ont montré qu’une forte coalition et des mesures conservationnistes pouvaient inverser la tendance destructrice de la forêt amazonienne. Grâce à une politique environnementaliste, les gouvernements précédents étaient parvenus à faire descendre la disparition de la surface amazonienne à 5.831 km² en 1 an, soit une diminution de 80 % en 2015. Pour Emilio la Rovere, directeur du laboratoire d'études sur l'environnement de l'université fédérale de rio, on peut également compter sur les résistances de la société civile et les longues procédures politiques qui protègent l'Amazonie pour freiner les actions du gouvernement. Une forte coalition contre des mesures anti-écologiques peuvent faire pencher la balance et, avec un peu d’optimisme, inverser la tendance.