Al Gore : Rien n'arrêtera la révolution verte
Malgré un climat politique difficile, le militant écologiste demeure optimiste.
Avec son documentaire sorti en 2006, Une vérité qui dérange, l'ancien vice-président américain Al Gore a attiré l'attention du public sur la menace que représente le changement climatique. En juillet, Une suite qui dérange : le temps de l'action sortira en salles. Al Gore, désormais âgé de 69 ans, reconnaît que les enjeux sont d'autant plus importants aujourd'hui, mais également que les solutions nous apparaissent plus clairement.
Selon vous, quels aspects du changement climatique ne sont pas compris par le public ?
Je pense que l'immense majorité du public réalise que le changement climatique est un défi extrêmement important, que les êtres humains en sont à l'origine et qu'il est nécessaire d'agir rapidement et avec détermination si l'on souhaite le résoudre. Les arguments les plus convaincants nous sont venus de la nature elle-même. Les phénomènes météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique sont désormais si nombreux et ont des conséquences si graves qu'il est difficile de fermer les yeux. Même ceux qui rechignent à employer des termes tels que « réchauffement climatique » ou « crise climatique » trouvent d'autres manières d'admettre que « oui, nous devons passer à l'énergie solaire, éolienne, aux batteries, aux voitures électriques... ». Les enjeux sont trop grands.
Pourquoi des divisions politiques aussi nettes ont-elles émergé sur la question du changement climatique ?
Dans le Tennessee, un vieux diction dit : « si vous apercevez une tortue au sommet d'un poteau, vous pouvez être certain qu'elle n'est pas arrivée là toute seule. » Une minorité déterminée, aidée du soutien financier conséquent d'une poignée de grands pollueurs produisant des énergies fossiles, a retardé le progrès pendant un long moment. Ils ont usé du pouvoir des lobbys, ont menacé de financer les principaux adversaires, ont eu recours aux mêmes techniques que celles vues par le passé avec Big Tobacco afin d'instiguer des doutes qui n'ont pas lieu d'être. Nous sommes tous exposés à ce que les psychologues appellent le déni : si quelque chose nous met mal à l'aise, il est plus facile de faire l'autruche, de ne pas l'affronter. Or, la solution est dans l'écoute, en abordant les personnes selon le lieu où elles se trouvent.
Qu'est-ce qui vous donne foi en l'avenir ?
Je ne peux qu'être extrêmement optimiste quand je vois le nombre de personnes qui travaillent sur ce sujet à travers le monde. Certes, des politiques et des lois seraient certainement les bienvenues afin d'accélérer nos actions. Mais les forces du marché jouent en notre faveur. Les technologies solaires et éoliennes, entre autres, sont de moins en moins chères et de plus en plus abouties. De plus en plus de villes et d'entreprises s'engagent à dépendre uniquement d'énergies 100 % renouvelables. Je suis convaincu que rien n'arrêtera la révolution du développement durable.
Cette interview a été révisée pour une meilleure lisibilité.