Les scènes apocalyptiques de l'ouragan Ophélia

Avec des vents de la force d'un ouragan, un ciel rouge au-dessus de l'Angleterre, noir au-dessus de la France et des feux de forêt qui ravagent la péninsule ibérique, cet ouragan a des airs d'apocalypse.

De Elaina Zachos
Publication 31 oct. 2017, 19:11 CET
Conséquence de la fureur de la tempête Ophélia, des vagues gigantesques frappent Porthcawl, en Galles du ...
Conséquence de la fureur de la tempête Ophélia, des vagues gigantesques frappent Porthcawl, en Galles du Sud. Les tempêtes de ce type sont très rares dans les régions du grand Nord.
PHOTOGRAPHIE DE Geoff Caddick, AFP, GETTY IMAGES

Voilà à quoi ressemble la fin du monde : non pas à une explosion, mais à un souffle.

Il est assez étrange que le Royaume-Uni soit sur la trajectoire de l'ouragan Ophélia, une tempête post-tropicale qui s'est abattue sur l'Irlande lundi 16 octobre. En raison de sa localisation à l'est et de son climat froid, le Royaume-Uni n'est généralement pas le lieu de prédilection des ouragans qui se développent dans les eaux chaudes. Il semblerait que cette fois ait été différente.

Ophélia a touché les côtes irlandaises en raison d'eaux inhabituellement chaudes et d'une haute atmosphère plus fraîche. Selon une étude publiée en 2013 dans la revue Geophysical Research Letters, de plus en plus d'ouragans frapperaient l'Europe de l'Ouest à l'avenir, déclenchés par la hausse des températures. Dixième ouragan de la saison dans l'Atlantique, cette prémonition a quelque chose d'inquiétant.

La fureur de la tempête Ophélia ne s'est toutefois pas arrêtée au Royaume-Uni. Une myriade d'autres phénomènes étranges ont eu lieu dans le sillage de la tempête, notamment au large des côtes françaises.

 

UNE TRAJECTOIRE INHABITUELLE

Les autorités ont rétrogradé Ophélia, qui passe d'un ouragan de catégorie 3 à une tempête post-tropicale, mais celle-ci n'en est pas moins anormale. Elle s'est développée au-dessus des îles portugaises des Açores avant de se décaler légèrement à l'ouest, puis tout droit vers le nord. À mesure qu'elle se déplaçait au-dessus d'eaux plus froides, la tempête a perdu de sa puissance.

« Il y a énormément d'humidité qui aspire l'air ; c'est la raison pour laquelle l'air au-dessus de l'Irlande est très chaud », explique au Irish Times le météorologue Deirdre Lowe. « Son développement à l'extrême est probablement dû à un ensemble de raisons liées au Gulf Stream, le courant-jet. »

En règle générale, les ouragans ne vont pas autant à l'est que la tempête Ophélia en raison des températures froides de l'Atlantique. Le dernier ouragan à s'être développé à cet endroit est l'ouragan Charley, en 1992.

Cette tempête a déclenché la première alerte de phénomènes météorologiques violents de toute l'histoire de l'Irlande.

Cette photo amateur a été prise à 14h à Carentan (Normandie), le 16 octobre 2017.
PHOTOGRAPHIE DE Annick Jourdain

 

UN CIEL SOMBRE TOUTE LA JOURNÉE

Les dégâts en Irlande ont été considérables : au moins trois personnes ont été tuées, des rafales de vents violents ont laissé plus de 120 000 foyers sans électricité, d'immenses « vagues destructrices » ont dévasté la côte et les météorologues ont alerté contre le risque de débris volants. Cette journée apocalyptique a été différente pour les habitants des côtes françaises et anglaise qui ont vu apparaître un ciel noir dans des régions comme la Normandie, et un soleil rouge au-dessus de la Grande-Bretagne, dont les photos sont devenues virales sur Twitter.

Le phénomène dépasse les frontières. Des vents cycloniques ont charrié avec eux du sable du Sahara jusqu'au ciel de l'Angleterre. Cette poussière venue du désert a ainsi dispersé les rayons du soleil sur de plus grandes longueurs d'ondes, conférant ainsi au ciel une teinte inquiétante aux airs d'apocalypse.

« Tout est lié à Ophélia, à l'est du système dépressionnaire, l'air monte en direction du sud », indique au Telegraph le météorologue Grahame Madge. « L'aspect spectaculaire du phénomène ne fait aucun doute, il est normal qu'il alimente les discussions. »

 

ATTISER LES FLAMMES

Alors que le ciel semble s'embraser en Angleterre, il brûle bel et bien au-dessus du Portugal et de l'Espagne.

Dimanche 15 octobre, des feux de forêts ont ravagé certaines régions de la péninsule ibérique, alimentés par des vents violents lors du passage d'Ophélia sur la côte. Au moins 32 personnes ont trouvé la mort, sous un ciel gorgé d'un mélange toxique fait de cendres et de fumée.

Suite à un été chaud et aride, le paysage faisait office de petit bois pour les flammes. Selon l'Agence européenne pour l'environnement, « les prévisions relatives au changement climatique indiquent un réchauffement important et l'augmentation des épisodes de sécheresse et de canicule sur la majorité du bassin méditerranéen et de manière plus générale sur le sud de l'Europe. »

 

Retrouvez Elaina Zachos sur Twitter.

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