Un quart des sites naturels de l’UNESCO menacés par le changement climatique
Tandis que la COP 23 se tient à Bonn jusqu’au 17 novembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) souhaite attirer l’attention des gouvernants sur la dégradation des sites naturels classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO.
L’UNESCO recense 241 sites naturels protégés à ce jour. L’UICN révèle que 62 de ces sites sont menacés par le changement climatique, soit un quart des sites. En trois ans, le chiffre a pratiquement doublé puisqu’à l’occasion de la première publication de « Horizon du Patrimoine mondial » en 2014, l’UICN considérait que 35 sites sur 228 étaient menacés de disparaître.
Plusieurs sites emblématiques sont touchés. Sur les territoires maritimes, la Grande Barrière de corail ou le grand Atoll corallien dans les océans tropicaux, les coraux sont subi plusieurs crises de blanchissement à cause de la hausse de la température des eaux, ce qui affecte l'ensemble de la biodiversité marine. En 2016, ce blanchissement massif a affecté plus de 85 % des récifs observés.
Le réchauffement des mers n’est pas le seul symptôme : l’UICN s’inquiète également de la fonte des glaces. La fonte du plus haut sommet d’Afrique, le Kilimanjaro, ainsi que du Jungfrau-Aletsch, plus grand glacier des Alpes situé en Suisse en sont sans doute les exemples les plus inquiétants. Les incendies s’inscrivent également comme l’une des conséquences les plus dévastatrices pour ces espaces protégés.
La publication de ce rapport en début de semaine marque la volonté de l’UICN de lancer un appel aux délégations participant à la COP23 et qui essayent de faire appliquer l’Accord de Paris et donc de contenir le réchauffement climatique sous la barre symbolique des 2°C. « La protection des sites du patrimoine mondial est une responsabilité internationale qui incombe aux gouvernements signataires de l'Accord de Paris » explique Inger Andersen, Directrice générale de l'UICN.
Dans le cadre de l’étude, l’UICN a déclaré 17 sites en état « critiques » dont le site des Everglades en Floride. La plupart des autres sites se situent sur le continent africain, l’un des plus touchés par le réchauffement climatique. Environ 70 autres sites sont considérés comme des « préoccupations élevées », tels que le Machu Picchu au Pérou, la Grande Barrière de Corail ou encore les îles Galápagos. Plus de 55 sites, jusqu'à présent épargnés, seront considérés comme menacés par le réchauffement climatique dans les années à venir.
Pourtant malgré cette menace croissante, le réchauffement n’est que la seconde cause de disparition et dégradation de ces sites, derrière les espèces invasives très nuisibles en milieu insulaire. À noter que la nuisibilité du tourisme ainsi que la pollution et la construction d’infrastructures non-adaptées comptent également parmi les plus grandes menaces.
La mauvaise gestion et la négligence des sites sont également fortement pointés du doigt car les conditions se sont significativement dégradées en trois ans. Fort heureusement, un espoir subsiste. Depuis 2014, 14 sites ont réussi à améliorer leur gestion ; à l’image du Parc national de Comoé en Côte d’Ivoire qui a réussi à rétablir sa population d’éléphants et de chimpanzés grâce à la stabilisation politique du pays.