Déclin des lacs salés : les scientifiques tirent la sonnette d’alarme
Sur l’ensemble du globe, le même constat : les lacs salés s’assèchent à un rythme inquiétant. Lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi mieux gérer les ressources hydriques utilisées par l’agriculture pourraient être des solutions efficaces.
Le Grand Lac Salé aux États-Unis, la mer d’Aral en Asie centrale, la mer Morte au Moyen-Orient, le Lop Nor en Chine, le lac Poopó en Bolivie… La liste des lacs salés en danger est encore longue. Selon un groupe de scientifiques américains, auteurs d’une étude publiée dans la revue Nature Geoscience en octobre 2017, le rythme de leur assèchement à l’échelle du globe est alarmant.
L’eau des lacs se réchauffe plus rapidement que l’air ou les océans, accélérant leur évaporation. Le phénomène est amplifié par la mauvaise gestion des ressources hydriques par l’homme. Et ce, depuis des millénaires. Il y a 1 300 ans, les grands lacs du bassin du Tarim, en Chine, ont été asséchés au profit des rivières de l'Himalaya, expliquent les écologues américains.
Aujourd’hui, le même phénomène touche les lacs salés du globe. Le Grand Lac Salé dans l’Utah a perdu, en 160 ans, près de la moitié de son volume et son fond s’est abaissé en moyenne de plus de 3 mètres déplore l’équipe de chercheurs. L’eau est massivement détournée vers les villes et les champs. Les chercheurs avancent qu’il faudrait augmenter le volume du lac de 29 % pour le ramener à un état sain.
Ces lacs salés sont cruciaux pour la survie des hommes et des animaux alentours. Ils fournissent un habitat aux oiseaux migrateurs, des minéraux aux industries, des poissons aux pêcheurs et des espaces de loisirs aux plaisanciers. On estime, par exemple, que le Grand Lac Salé rapporte 1,32 milliard de dollars par an.
Mieux encore, la présence de ces lacs est bénéfique à la santé humaine. Des études portant sur les conséquences de l’assèchement de la mer d’Aral et du lac Owens (en Californie) ont clairement montré que les vastes étendues d’eau protègent les habitants des tempêtes de poussière, responsables de crises d’asthme et autres maladies respiratoires.
« Aux États-Unis, les politiques publiques portent principalement sur la réduction des dépenses d’eau des ménages, quand l’agriculture représente 60 % de la consommation, rappelle l’auteur principal de l’étude, Wayne. A. Wurtsbaugh. Des efforts dans tous les secteurs seront donc nécessaires si nous voulons résoudre ce problème. »