Marée noire en mer de Chine : le pétrole a atteint les îles du Japon
Deux mois après le naufrage du pétrolier Sanchi dans la Mer de Chine, les experts dressent un premier état des lieux.
Le 6 janvier, suite à une collision avec un vraquier (navire de charge) au large de Shanghai, le pétrolier iranien Sanchi a pris feu et a dérivé pendant près d’une semaine avant de sombrer au large de l’archipel Ryukyu. Le pétrolier avait à son bord un équipage de 32 personnes. Aucune d'entre elles n'a survécu.
Le Sanchi transportait à son bord 110 000 tonnes de condensats, des hydrocarbures légers qui s’apparentent à un pétrole plus léger que sa forme brute. Le condensat provient du gaz présent dans les puits de pétrole, qui se liquéfie lors de son extraction au contact de la pression atmosphérique. Il est difficile de mesurer l’impact réel d’une contamination des eaux, les déversements de condensats dans les mers et océans n’ayant jamais dépassé les 1 000 tonnes avant cet incident. D’après Richard Steiner, spécialiste des marées noires, il s’agit du « plus gros rejet de condensats dans la nature de toute l'histoire du pétrole ».
Deux mois après le naufrage du pétrolier, les experts perçoivent les principales conséquences de la catastrophe. Si cette dernière ne peut être considérée comme marée noire au sens strict du terme puisque ce terme concerne les déversements de pétrole brut, elle a cependant de nombreux impacts. La légèreté de ce type d’hydrocarbures favorise grandement sa propagation dans l’eau, dans le cas présent sur plus de 330 km².
De par sa composition, le condensat n'est pas tombé dans les fonds marins mais s’est évaporé dans les airs, générant ainsi une pollution atmosphérique d’une ampleur encore jamais rencontrée lors de ce genre d’événements. L’évaporation de condensat n’a jamais été étudié à une telle échelle. Les conséquences sur la biosphère sont indéniables. Ce sont principalement les espèces de surfaces comme les tortues de mer ou les oiseaux marins qui vont souffrir de l’inhalation de cette substance hautement toxique voire mortelle.
Par ailleurs, quelques semaines après la fin de l’incendie, des vagues de mazout ont atteint le littoral de 16 îles du sud du Japon. Cette boue, bien moins dense et lourde que celles que l'on peut observer lors d'une marée noire classique, est très toxique pour la faune et la flore des plages. Plus de 90 tonnes de matière ont déjà été récoltées sur les côtes.
Ce qui ressort principalement de cet incident, c’est le niveau sans précédent de contamination au condensat. Plusieurs experts expriment une inquiétude moindre que lors d’un déversement de pétrole brut mais l’impossibilité d’évaluer les conséquences à long terme sur l’environnement, précisément parce que l'événement est inédit, empêche les autorités d'agir de manière préventive et efficace.
Autre sujet d’inquiétude : dans les jours qui ont suivi le naufrage, plusieurs navires de pêches chinois ont poursuivi leur activité dans la zone. Le risque de retrouver du condensat dans la chaîne alimentaire de la région est par conséquent très élevé.
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