Les États-Unis s'apprêtent à interdire le Chlorpyrifos, un dangereux insecticide

Présent dans l'environnement depuis très longtemps, le chlorpyrifos a été lié à des baisses de QI et des retards de développement chez l'enfant.

De Lori Cuthbert
Publication 22 août 2018, 10:24 CEST
Un contremaître regarde les travailleurs saisonniers cueillir des fruits dans un verger à Arvin, en Californie, ...
Un contremaître regarde les travailleurs saisonniers cueillir des fruits dans un verger à Arvin, en Californie, en 2004. Le jeudi 9 août 2018, un tribunal fédéral a décidé que l'EPA devait interdire l'utilisation d'un insecticide commun appelé chlorpyrifos, associé à des problèmes neurologiques chez les enfants.
PHOTOGRAPHIE DE Damian Dovarganes, Ap

Si vous êtes en vie, vous avez probablement été en contact avec un insecticide appelé chlorpyrifos. Vous avez peut-être subi ou non ses effets, mais jusqu’à récemment, il était couramment utilisé pour résoudre les problèmes liés aux insectes, par exemple pour combattre les moustiques, les cafards et autres bestioles indésirables.

Selon l’Associated Press, une cour d’appel fédérale américaine a décidé jeudi que l’Agence de protection de l’environnement, United States Environmental Protection Agency ou EPA [indépendante du gouvernement, ndlr] devait interdire l’utilisation du chlorpyrifos. Cette décision contre le revirement effectué en 2017 par l'EPA quant au dangereux produit, en dépit des efforts de l'administration Obama pour le faire interdire en 2015.

Dow Chemical Co. a fait entrer le chlorpyrifos dans les maisons et les champs en 1965, en faisant un moyen de dissuasion extrêmement efficace contre presque tous les insectes. Les propriétaires et les agriculteurs l'ont pulvérisé ; les terrains de golf et les municipalités aussi. Très vite, l'utilisation du chlorpyrifos s'est répandue dans le monde entier, y compris en France.

Les études qui ont débuté peu après l'introduction de l'insecticide ont montré que ses effets étaient dangereux pour l'Homme. L'utilisation de chlorpyrifos à l'intérieur a été interdite aux États-Unis en 2000, lorsque Dow l'a retirée du marché volontairement. Il est cependant encore présent dans les appâts d'insectes. Les terrains de golf continuent de lutter contre les intrus par ce moyen et l'insecticide est toujours utilisé par les agriculteurs pour près de 50 cultures - dont beaucoup sont consommées, comme les oranges - et dans les étiquettes auriculaire insectifuges pour le bétail.

Le chlorpyrifos est aussi efficace que néfaste : il appartient à la même classe de produits chimiques que le gaz sarin, une classe appelée organophosphates. Le chlorpyrifos est essentiellement un agent nerveux, attaquant les voies chimiques et provoquant une rupture dans la capacité de communication des nerfs. Vous pouvez y être exposé en l'inhalant, en le mangeant ou par contact avec la peau.

Les effets de l'insecticide sur les animaux et les Hommes ont été largement étudiés depuis les années 1970. Selon les études, le chlorpyrifos affecte les êtres vivants à des degrés divers : il est très toxique pour les oiseaux et les insectes, y compris les abeilles, très toxique pour les poissons et modérément toxique pour les Hommes. Mais selon le Pesticide Action Network, des études plus récentes menées sur de jeunes enfants ont mis en évidence un lien entre le chlorpyrifos et des faibles QI et des problèmes de développement.

Le tribunal fédéral américain a expressément demandé à ce que l’EPA interdise son utilisation d'ici 60 jours.

En France, le chlorpyrifos entre dans la composition de quatre produits largement utilisés dans l’agriculture intensive : le Pyrinex ME, le Nurelle D 220, le Nurelle D 550 et le Pyristar. Il est utilisé pour lutter contre les insectes dans les plantations de blé, de colza, dans les vignes ou encore dans les cultures légumières et fruitières. Plusieurs dérogations ont été accordées en France par les gouvernements successifs, prolongeant l'autorisation d'utilisation de cette molécule, malgré les déclarations faites au sujet de sa dangerosité.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise et a été édité par la rédaction française de National Geographic.

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