Super-typhon, ouragan : quelles différences ?
Le super-typhon Mangkhut menace une partie de l'Asie du Sud-Est. Découvrez en quoi il diffère des ouragans de l'océan Atlantique comme Florence.
Alors que la côte est des États-Unis se prépare à l'arrivée de l'ouragan Florence sur les terres, certaines régions d'Asie du Sud-Est ont les yeux rivés sur une tempête encore plus imposante : le super-typhon Mangkhut (également appelé super-typhon Ompong aux Philippines).
Dans l'océan Atlantique, ce super-typhon serait considéré comme une tempête violente de catégorie 5, avec des vents avoisinant les 260 km/h. La tempête menace les côtes densément peuplées de Hong Kong et de Macau et a d'ores et déjà provoqué des inondations à Guam. Elle devrait se renforcer au cours des heures à venir et frapper les Philippines en chemin.
Les spécialistes mettent en garde contre le risque probable de pluies torrentielles et d'inondations dans la région, ainsi que d'éventuels dégâts importants.
Mais pourquoi qualifie-t-on Mangkhut de super-typhon et Florence d'ouragan ? Tout comme dans le secteur immobilier, tout est question d'emplacement.
En effet, les ouragans, les typhons et les cyclones sont autant de noms différents pour un même type de tempête.
Les tempêtes qui font rage dans le Pacifique occidental (dans l'hémisphère est) sont appelées typhons, tandis que celles qui sévissent dans l'Atlantique et le Pacifique oriental (dans l'hémisphère ouest) sont désignés par le terme d'ouragans. Quant à ceux qui naissent dans le Pacifique Sud et l'océan Indien, ils sont connus sous le nom de cyclones.
Les ouragans, « hurricane » en anglais, tirent leur nom d'Hurican, le dieu caribéen des malheurs. L'origine étymologique du « typhon » est complexe, bien que le mot partage les racines de mots persans, arabes et chinois qui désignent de fortes tempêtes. Ce terme est également passé dans de nombreuses autres langues, allant du portugais au grec.
Qu'il s'agisse d'ouragans, de typhons ou de cyclones, ces trois phénomènes sont connus sous le nom de « cyclones tropicaux » par les scientifiques et peuvent couvrir une zone allant jusqu'à 1 600 kilomètres de diamètre.
Afin d'être classé comme cyclone tropical, une tempête doit atteindre des vents allant au minimum à 120 km/h. Si les vents d'une tempête soufflent à une vitesse de 180 km/h, cette tempête est classée ouragan violent ou typhon.
Et si les ouragans de l'Atlantique se taillent la part du lion en termes de couverture médiatique en Amérique du Nord, ces tempêtes ne représentent en réalité que 11 % des cyclones tropicaux, avait affirmé à National Geographic Kerry Emanuel, spécialiste des sciences atmosphériques du Massachusetts Institute of Technology.
LA SAISON DES TEMPÊTES
À l'échelle mondiale, les cyclones tropicaux naissent le plus souvent à la fin de l'été, lorsque la différence de température entre l'air et l'eau est la plus importante. Quelle que soit la région du monde, le mois de mai est le mois le moins actif en matière de tempêtes, à l'inverse du mois de septembre qui est le plus actif. Dans l'Atlantique, la saison des ouragans s'étend du 1er juin au 30 novembre ; passé cette date, l'air et l'eau deviennent trop froids pour permettre le développement de tempêtes.
Dans certaines régions du Pacifique occidental, la chaleur permet aux tempêtes de se développer à n'importe quel moment de l'année, bien que l'été et le début de l'automne demeurent les périodes les plus fréquentes.
Quel que soit le nom des tempêtes, elles reposent toutes sur les mêmes choses : des nuages d'orage, une température superficielle de l'eau supérieure à 27°C et des vents de vitesse similaire de la surface de l'eau au ciel. En dehors de ces trois éléments, les scientifiques cherchent encore à comprendre ce qui les déclenche, selon Kerry Emanuel.
COMMENT LES TEMPÊTES FONCTIONNENT-ELLES ?
Une fois qu'une tempête est lancée, elle est alimentée par l'évaporation de l'eau dans l'air. Les eaux chaudes de l'océan entretiennent cette évaporation en refroidissant la zone la plus proche et en aspirant davantage de chaleur au centre de la tempête. Cela déclenche un cycle qui ne cesse de tourner jusqu'à ce qu'un ou plusieurs facteurs l'interrompent.
Parmi ces facteurs, on compte le cisaillement du vent élevé, lequel peut briser la tempête ou la ralentir en soufflant de l'air sec. Lorsque des tempêtes touchent terre, elles ne réussissent plus à faire évaporer des quantités importantes d'eau, puisqu'elles ne sont plus au-dessus. Les vents agités peuvent eux aussi faire ressortir les eaux froides des profondeurs océaniques, ce qui réduit le potentiel d'évaporation et la puissance de la tempête.
Les tempêtes sont classées selon la force de leurs vents, bien que le vent en lui-même soit rarement la cause la plus meurtrière de la tempête. Les ondes de tempête, des élévations du niveau de l'eau favorisées par l'avancée du cyclone, se traduisent généralement par des inondations côtières qui, à leur tour, provoquent l'ensevelissement et l'effondrement des structures.
Ces ondes ont été à l'origine d'une grande partie des ravages causés par le super-typhon Haiyan aux Philippines, en novembre 2013 (également appelé Yolanda aux États-Unis). Haiyan a été l'une des tempêtes les plus massives et les plus violentes jamais enregistrées, avec des vents allant jusqu'à 315 km/h. Des ondes de tempête d'une hauteur de près de huit mètres ont emporté des bâtiments, déraciné la végétation et causé la mort de plus de 6 000 personnes.
Le spécialiste du MIT pressent que des tempêtes aussi violentes ne deviennent de plus en plus fréquentes à cause du réchauffement de l'air et de l'eau dû au changement climatique.
Jane J. Lee a participé à l'écriture de cet article.