Comment transformer Beijing en ville plus verte ?
Dans la capitale chinoise, comme dans d’autres mégapoles très étalées, des architectes tentent de repenser la ville. Leurs objectifs : limiter l’utilisation de la voiture au profit de la piétonnisation et concentrer les quartiers autour des transports.
Ces vingt dernières années, le nombre de voitures privées en Chine a bondi de quasi zéro à près de 190 millions. Beijing est désormais entourée de sept rocades concentriques. Là-bas, comme dans toutes les villes à croissance rapide, 70 % des investissements en infrastructures de transports vont à la voiture.
Les transports publics de la capitale chinoise sont pourtant excellents, mais pas encore assez pour dissuader les gens d’emprunter leur automobile. Une partie du problème, à Beijing comme ailleurs, est lié à l’étalement de la ville. Il est nécessaire de remodeler l’espace urbain pour créer un environnement plus favorable aux piétons. Dans le cas inverse, les gens continueront à conduire, et les taux de carbone resteront élevés, même avec des véhicules électriques. D’autant plus que la Chine produit encore l’essentiel de son électricité grâce au charbon.
Pour y remédier, finies les artères démesurées où circulent les voitures, reléguant les piétons sur des trottoirs étroits. Les hauts organes de l’État chinois ont publié un décret : dorénavant, les villes du pays doivent préserver les terres agricoles et leur propre patrimoine ; elles doivent prévoir des blocs d’immeubles plus petits, non clôturés, et des rues plus étroites, respectueuses des piétons ; elles doivent se développer en fonction des transports publics ; etc. Mais les urbanistes ont du mal à traduire ces consignes dans le monde réel. Or, d’ici à 2030, les villes chinoises pourraient acquérir 300 millions d’habitants supplémentaires.
Le test décisif se nomme Xiongan, une zone marécageuse de 1 770 km2, à environ 100 km au sud-ouest de Beijing. En avril 2017, le président Xi Jinping a annoncé vouloir y bâtir une ville nouvelle. L’objectif est d’y accueillir 5 millions d’habitants à terme, de décongestionner ainsi Beijing et d’en réduire la pollution. Pour l’instant, la cité se réduit à un seul bâtiment, des rues arborées où se promènent des touristes chinois et une navette autonome qui circule à vide. Au centre d’accueil des visiteurs, une vidéo montre une ville de faible hauteur, avec des petits blocs, et extrêmement verte.
Corriger les effets de trente ans de construction de superblocs sera fastidieux. Approuvés en décembre, les travaux devraient durer jusqu’en 2035 – une éternité, au regard des standards chinois. Mais cette attente est le prix à payer pour construire une ville taillée pour les humains.
Extrait de l’article Repenser la ville de Rob Kunzig, publié dans le numéro 235 du magazine National Geographic.