Climat : en France, les cycles caniculaires seront de plus en plus fréquents
Les résultats des nouveaux modèles climatiques français du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) viennent d’être publiés. Ils permettent d’analyser plus précisément les évolutions du climat en France.
En début de semaine, les représentants des cent chercheurs français membres du Programme mondial de recherches sur le climat (PMRC) et du programme d’inter-comparaison des modèles de climat (CMIP), dont les travaux servent de référence pour les rapports du GIEC, ont présenté leurs nouvelles prévisions en matière de changement climatique. Ces modèles sont une représentation numérique de la planète et prennent en compte les processus physiques qui ont des effets sur le climat comme l’atmosphère, l’océan et les surfaces continentales.
Les nouveaux résultats, affinés et plus détaillés, sont beaucoup plus pessimistes que ceux des précédentes projections. Dans le pire des huit scénarios considérés, la hausse des températures globale atteindrait +6,5°C à +7°C en 2100 alors que le pire scénario du rapport du GIEC daté de 2014 prévoyait une augmentation de +4.8°C. Et dans le plus « favorable » des scénarios, les efforts de la communauté internationale pour limiter les émissions carbones permettraient tout juste de rester en dessous de la barre symbolique des 2°C fixée lors de l’accord de Paris.
UN AVENIR CANICULAIRE
À l’échelle régionale et pour des événements bien précis, la marge de manœuvre des politiques climatiques est tout aussi limitée. En France, selon une fréquence donnée de cycles caniculaires, les températures seraient de 2°C plus intenses lors des canicules à venir.
Au niveau des précipitations, les résultats confirment un assèchement du pourtour méditerranéen, et notamment dans le sud de la France. Sur cette zone méditerranéenne, la diminution des précipitations est de l’ordre de 0.6-1mm/j (millimètres par jour) avec le scénario pessimiste SSP3 7,0 et le modèle de l’IPSL.
En Europe de l’Ouest, le nombre de jours de canicule devrait également augmenter et les températures maximales devraient battre de nouveaux records à l’horizon 2050. Et cela quel que soit le scénario choisi, comme l’a expliqué Olivier Boucher, climatologue au CNRS, lors d’une conférence de presse tenue mardi 17 septembre dernier.
ET APRÈS 2050 ?
Si les scénarios prévisionnels ne varient qu’à partir de la moitié du siècle, « ce sont néanmoins bien les politiques climatiques d’aujourd’hui qui vont permettre de faire la différence à partir de 2050 », insiste Olivier Boucher, Contacté par National Geographic.
Il sera par ailleurs bientôt possible d’étudier l’évolution de l’intensité des cyclones au sein d’un climat plus chaud, notamment dans les territoires français d’outre-mer. Le modèle climatique régional récemment affiné pour les besoins de Météo France a permis d’augmenter sa résolution à 12 km, contre une résolution de 150 km du modèle global. « Cela permet de simuler des cumuls de pluie sous cyclones dépassant 100 mm en 3 heures, plus réalistes que la dizaine de mm/jours simulée par le modèle global », explique David Salas y Melia, climatologue à Météo France, qui a pris part à l'étude.
Ces prévisions se basent notamment sur une nouvelle génération de modèles. La résolution numérique de l’atmosphère dans le modèle de l’Institut Pierre Simon Laplace par exemple, a été affinée en passant de 250 km à 150 km. D’autres caractéristiques ont été optimisées comme la vitesse de calcul des modèles de climat.
Même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions formelles, les résultats de ces travaux ne constituent pas des cas isolés. D’autres modèles étrangers parviennent aux mêmes conclusions.
Les résultats seront complétés et comparés aux autres modèles internationaux jusqu’en 2021, date de publication du 6e rapport d’évaluation du GIEC.