L'exploitation des forêts européennes a augmenté de 49% en quelques années
De nouvelles données satellitaires analysées dans la revue scientifique Nature révèlent qu’en Europe, la superficie des forêts exploitées aurait augmenté de 49 % entre 2016 et 2018, en comparaison de la période 2011-2015.
Une forêt de chênes aux troncs tapissés de mousse et hérissés d’épiphytes occupe la Vale do Homem. Soumis à l’influence de trois types de climat, le parc national de Peneda-Gerês, au Portugal, offre une grande variété d’habitats naturels.
« Nous nous sommes appuyés sur des couches d'informations spatialisées sur le couvert arboré, avec une résolution spatiale de 30 m, qui sont dérivées des images de télédétection par satellite de l'Université du Maryland » explique Gregory Duveiller, du centre commun de recherche de l’Union européenne. Ce chercheur observe depuis 2011, grâce au projet Global Forest Change, l’évolution des forêts européennes. Ces travaux, parus dans la revue Nature sont sans équivoque : le couvert forestier a abondamment diminué puisque l’on observe une augmentation de la superficie forestière récoltée de 49 % et une perte de biomasse de 69 % en Europe pour la période 2016-2018 par rapport à la période 2011-2015.
Ces chiffres sont toutefois à nuancer avec un autre : si la coupe d’arbre a augmenté, notons que la taille des forêts a augmenté de 90 000 kilomètres carrés, grâce à la replantation des arbres coupés entre 1990 et 2015.
Carte montrant les zones où l'exploitation forestière a été la plus forte en Europe entre 2000 et 2019
L’exploitation croissante du couvert forestier concerne en particulier les pays nordiques et les pays de la péninsule ibérique. De fait, sur les 26 pays de l'Union européenne (en incluant le Royaume-Uni, mais en excluant Malte et Chypre), la Suède et la Finlande représentent la moitié de l'augmentation des zones récoltées, précise l'étude.
Dans le même temps, grâce à des données satellitaires, les auteurs des travaux ont constaté que la taille moyenne des parcelles exploitées avait augmenté de 34 % sur l'ensemble du Vieux Continent. « Les pays nordiques et baltes ont une industrie forestière forte car ils ont une grande surface de leur pays couverte de forêts, de sorte que les taux de récolte sont plus élevés qu'ailleurs. Dans la péninsule Ibérique, et en particulier au Portugal, il est possible qu'il y ait une influence des incendies. Dans la méthodologie, nous tenons compte des incendies et des tempêtes de vent majeures sur la base des données disponibles » précise le chercheur.
« Ces forêts sont d'importants puits de carbone et leurs efforts de conservation sont vitaux pour la vision de l'UE d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 » rappellent les chercheurs dans l’introduction de leur étude.
Quant à l’effet de cette perte massive de végétalisation, qu’en est-il de l’impact de l’absorption des gaz à effet de serre en Europe ? Il n’existe pas encore de données précises à ce sujet, « notre étude se concentre uniquement sur la récolte de bois / biomasse, mais pas sur la croissance de la forêt. Par conséquent, notre étude ne peut rien dire directement sur la capacité des forêts européennes à absorber le CO2, car cela nécessite une analyse détaillée de la récolte et de la croissance ». En revanche, chaque année la Commission européenne publie pour chaque État-membre de l’Union Européenne un communiqué résumant les efforts de réduction d’émission de CO2.