38 récifs coralliens qui résistent (encore) au changement climatique
Une nouvelle étude révèle l'existence d'« oasis » de récifs coralliens, qui résistent plutôt bien au réchauffement climatique et à la pollution.
Il reste de l'espoir pour les récifs coralliens.
Alors que de nombreuses menaces pèsent sur les récifs coralliens du monde entier et les détruisent, certaines populations de coraux sont parvenues à s'en remettre et à se régénérer. Une étude publiée lundi 18 juin a révèle qu'il existe 38 « oasis » coralliens dans le monde : ces écosystèmes marins vitaux ont échappé, résisté ou se sont remis des menaces dont ils étaient victimes.
LES CORAUX DU MONDE ENTIER SONT EN DANGER
L'avenir n'est guère réjouissant pour les récifs coralliens, menacés par la pollution plastique et la surpêche. Avec le changement climatique, la température des océans augmente. Conséquence : les coraux blanchissent en masse et les algues sur lesquelles ils dépendent pour avoir de l'énergie disparaissent. Lorsque les eaux sont plus chaudes, les étoiles de mer qui se nourrissent de coraux vivent plus longtemps, pondent plus d'œufs et causent plus de dégâts.
La Grande barrière de corail, avec ses 2 200 km de long et ses 2 900 récifs individuels, est le plus grand récif corallien au monde. Mais depuis les années 1980, sa couverture corallienne a diminué de moitié à cause du blanchissement et de la prédation. Une étude publiée l'année dernière avait révélé que si nous ne réduisions pas nos émissions de CO2, ce site, classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO, et les récifs coralliens du monde entier pourraient respectivement disparaître d'ici 30 ans et la fin du siècle. Alors, pour les scientifiques, l'existence de ces 38 « oasis » prospères malgré les menaces est un signe particulièrement encourageant.
« Dans le monde entier, les récifs coralliens disparaissent rapidement. Mais la gravité de la situation n'est pas la même partout », a indiqué dans un communiqué de presse James Guest, biologiste marin à l'Université de Newcastle au Royaume-Uni et auteur de l'étude. « Nous avons pu constater que certains récifs se portent mieux que leurs voisins ».
L'étude publiée dans la revue Journal of Applied Ecology révèle les secrets de la santé des coraux. Certains ont eu de la chance, d'autres n'ont jamais connus de tempête ou n'ont jamais été dévorés par un groupe d'étoiles de mer. Il y a aussi des coraux particulièrement résistants aux menaces. Mais le plus incroyable, ce sont les récifs capables de se régénérer alors qu'ils étaient à deux doigts de disparaître, comme ceux de Moorea, en Polynésie française.
En 2005, les récifs coralliens de Moorea ont été victimes des acanthasters pourpres, une espèce d'étoile de mer qui se nourrit des polypes des coraux. En 2010, presque tous les coraux du récif avaient disparus, mais au cours des huit dernières années, ils ont réussi à se remettre d'aplomb. Aujourd'hui, plus de 80 % du fond marin de Moorea est couvert de coraux.
Peter Edmunds, de l'Université de l'État de Californie a étudié le récif corallien de Moorea. Il a été « époustouflé » par la récupération du récif. Dans un communiqué de presse, le co-auteur de l'étude a indiqué qu'« il s'agissait d'un très bel exemple d'oasis ».
UN ESPOIR POUR LA CONSERVATION DES CORAUX ?
L'existence de ces oasis ne veut pas dire que les récifs coralliens ne sont pas menacés, précise les auteurs de l'étude. Si les dangers auxquels font face les récifs sont permanents, Peter Edmunds considère ces 38 oasis comme une « lueur d'espoir », la preuve qu'ils peuvent surmonter le réchauffement climatique et la pollution.
Pour identifier les oasis, les chercheurs ont eu recours à une méthode qui s'apparente à une démarche de santé publique. En effet, en menant des recherches sur les populations de coraux qui se portent mieux que leurs voisins, les scientifiques pourraient être capables de découvrir pourquoi un récif survit alors que d'autres meurent. Le but est d'utiliser ces informations pour sauver les coraux.
« Malgré cette lueur d'espoir, nous ne pouvons pas minimiser la gravité de la crise qui touche la plupart des récifs coralliens des océans », a indiqué James Guest. « L'application d'une approche similaire au domaine de l'écologie peut nous aider à identifier les zones prioritaires en terme de conservation et de protection ».