7 espèces affectées par le changement climatique - dont une déjà disparue
Le changement climatique a déjà engendré des conséquences étendues et désastreuses à l'égard du monde animal et végétal. C'est ce que démontre un nouveau rapport. De nombreuses espèces luttent pour s'adapter.
Le changement climatique engendre des conséquences étendues et désastreuses à l'égard du monde animal et végétal, qui lutte pour s'adapter.
Le rapport initié par le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) conclut que diverses formes de vie migrent vers le nord ou dans des eaux plus profondes afin de survivre à la mutation de leur habitat.
Certaines sont également contraintes de modifier leurs habitudes. Par exemple, les oiseaux qui construisent leur nid élèvent leurs petits et migrent plus tôt étant donné l'arrivée prématurée du printemps.
Selon ce rapport publié en 2014, « les conséquences du changement climatique sont plus importantes et plus étendues sur les systèmes naturels ».
D'après Peter Alpert, directeur du programme environnemental biologique de l’US National Science Foundation à Arlington en Virginie, les recherches actuelles suggèrent que les survivants de cette mutation seront les espèces capables de s'adapter et de se répandre, comme les mauvaises herbes, les insectes nuisibles, ainsi que celles sensibles au froid et invasives comme le Python birman en Floride.
LES ESPÈCES LES PLUS VULNÉRABLES
Selon lui, les grands perdants seront les espèces dépendantes d’une alimentation très spécifique et d’un milieu très singulier, en particulier ceux dont l’habitat naturel disparaîtra entièrement.
Comme les koalas, dont la survie dépend principalement des eucalyptus, ainsi que les nombreux animaux et plantes qui vivent dans des montagnes reculées.
Peter Albert explique qu'il faut « espérer qu'ils puissent s'adapter rapidement afin de tenir le coup ». « Par le passé, des espèces ont traversé des périodes de mutation comparables à celle-ci, mais ces changements avaient alors été beaucoup plus lents. »
Bob Scholes et Hans-Otto Pörtner, tous les deux auteurs au sein du GIEC, ont participé aux chapitres du rapport concernant les écosystèmes. Ils ont déclaré de concert à National Geographic que l'actuel changement climatique causé par l’être humain se déroulait plus rapidement qu'auparavant.
Bob Scholes, spécialiste des écosystèmes au Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) à Pretoria, en Afrique du Sud, et Hans-Otto Pörtner, expert en physiologie animale et en biologie marine à l'Institut Alfred Wegener de Bremerhaven, en Allemagne, ont répertorié six espèces en voie de disparition en raison du changement climatique :
LE POISSON LIME À TACHES ORANGES (OXYMONACANTHUS LONGIROSTRIS)
Sa survie repose sur la population de Monacanthidae dont il se nourrit. Or les deux espèces sont en voie de disparition en raison du changement climatique. De plus, le poisson lime à taches orange est extrêmement sensible à l'eau chaude : le poisson a par ailleurs disparu au Japon en 1988 suite à l'augmentation de la température de l'océan.
LE FAUX DRAGONNIER (ALOE DICHOTOMA).
Cette plante grasse est endémique (et emblématique) de l'ouest aride de l'Afrique du Sud et de la Namibie. Scholes indique que dans le chapitre quatre du cinquième rapport du GIEC, il est dit que « pour la première fois, le degré de changement climatique peut être aussi important pour la survie des espèces que sa magnitude, et que les arbres sont les plus vulnérables aux changements rapides ». C'est une espèce très étudiée. Il a été observé qu'elle était incapable de grandir et de se propager suffisamment vite pour palier le rapide changement climatique.
L'OURS POLAIRE
L'avenir de ce prédateur est malheureusement connu. La banquise arctique où l'animal chasse disparaît peu à peu durant l'été. La banquise se reforme de plus en plus tard l'automne et fond de plus en plus tôt au printemps. Selon les scientifiques « comme la banquise arctique se rétrécit, les ours polaires doivent s'approvisionner différemment, en allant sur terre par exemple ». Certains ours affamés ont même mangé des œufs d'oies. Cependant ce n'est pas la meilleure compensation. Steven Amstrup, scientifique en tête du Polar Bears International reprend que « selon certains rapports, les ours polaires pourraient aussi bien venir à terre pour se nourrir d’aliments terrestres, et ainsi se passer de la banquise. Mais nous n'avons aucune preuve qu'ils en soient capables. »
LE MANCHOT ADÉLIE
Ces oiseaux vivant en Antarctique se sustentent majoritairement d’un petit crustacé : le krill. Ce dernier vit en dessous de la calotte glacière, où il s'abrite et se nourrit d'algues. Comme la banquise antarctique diminue, la population de krills subit le même sort. Les pingouins sont donc contraints à migrer plus loin afin de trouver de la nourriture, allouant par conséquent davantage d'énergie à cette quête plutôt qu'à la reproduction et l’élevage de leurs petits.
LA MORUE DE L'ATLANTIQUE NORD
La surpêche a historiquement fait chuter le nombre de ces poissons. Leur population a pour habitude de rebondir mais ce n’est pas le cas sur la côte nord-est de l'Amérique du Nord, où sa population ne s'est pas renflouée depuis sa chute dans les années 1990. Les scientifiques déclarent que « l'écosystème entier semble être modifié et probablement à cause de l'altération des courants marins et de l'afflux des eaux froides arctiques. »
ACROPORA CERVICORNIS ET LES CORAUX DU MONDE ENTIER
D'après Pörtner, ce corail formateur de récif « est en voie de disparition presque partout en raison de plusieurs facteurs », notamment des eaux chaudes puisque les coraux sont sensibles aux changements de la température océanique. L'Acropora cervicornis par exemple proliférait dans la mer des Caraïbes, tandis que dorénavant, il se retrouve confiné dans quelques petites zones, probablement en raison du réchauffement.
ESPÈCE ÉTEINTE : LE CRAPAUD DORÉ (BUFO PERIGLENES)
Selon Scholes et Pörtner, l'Atelopus varius et le crapaud doré, tous deux originaires d'Amérique centrale, font partie du petit nombre d'espèces qui n'ont pas résisté au changement climatique. La dernière fois qu’un crapaud doré a été observé remonte à 1989. Il vivait alors dans les forêts montagneuses humides, qui ont également succombé aux affres du changement climatique, notamment la sécheresse. D'autres facteurs sont à prendre en compte, comme les chytrides, un groupe de champignons responsables de la disparition d’amphibiens partout dans le monde.
UNE MESURE RADICALE EST NÉCESSAIRE
Scholes et Pörtner pensent que ralentir l’intensité du changement climatique « est vital pour l'avenir de nombreuses espèces ».
De plus, « afin d'épargner plusieurs milliers d'espèces, nous devons radicalement réduire les émissions de gaz à effet de serre, et nous devons le faire bientôt ».
Parmi les solutions possibles au changement climatique figurent la fabrication de véhicules, de maisons et d'immeubles à faible consommation d'énergie ainsi que l'augmentation des énergies éoliennes et solaires, de l'hydrogène produit à partir d'énergies renouvelables et d'autres énergies alternatives.
En attendant, le monde peut « aider énormément en réduisant les autres pressions que rencontrent les espèces, telles que la destruction de leur habitat naturel, leur surexploitation et la pollution. Il faut aussi s’assurer que les espèces puissent évoluer librement. »