Afrique du Sud : la région du Cap bientôt privée d’eau
Le Cap connaît sa pire sécheresse depuis plus d’un siècle et approche dangereusement du « Jour Zéro », le jour où toutes les réserves d’eau seront épuisées.
Après trois longues années de sécheresse, Le Cap, seconde ville d’Afrique du Sud (4 millions d’habitants) voit ses réserves d’eau chuter sans perspectives de précipitations et pourrait bien devenir la première métropole à s’assécher complètement. La municipalité doit donc concrètement anticiper le « Day Zero », le jour où les réserves seront à sec et que la ville ne pourra plus être fournie en eau.
L'OMBRE D'UNE MENACE SANITAIRE
Plus les semaines passent, plus l’estimation de la date du Jour Zéro régresse. À la fin du mois de novembre, la date était fixée au 13 mai 2018, elle est aujourd’hui révisée au 12 avril. Les barrages sont la première source en eau de la ville mais la période de sécheresse qui a frappé la région a considérablement fait chuter leurs niveaux. Au début du mois de janvier, ils étaient à environ 35 % de remplissage et les experts estiment que sous les 13 %, il sera impossible de fournir la ville en eau.
La région a pourtant réussi à fortement réduire sa consommation d’eau, qui s’est vu divisée par deux en l’espace d’un an. La consommation est passée de 1,1 milliard de litres en 2016 à 586 millions de litres aujourd’hui. Le risque de voir les robinets à sec le 12 avril se fait plus grand chaque jour. La municipalité a donc limité la consommation d’eau autorisée par personne et par jour à 87 litres, restriction assez peu respectée et qui précipite la crise : « En dépit de notre insistance depuis des mois, 60 % des habitants du Cap utilisent plus de 87 litres d'eau par jour. Nous devons assumer le fait qu'ils ne changeront pas de comportement » explique Patricia de Lille, la maire du Cap.
Dès le 1er février 2018, la restriction descendra pourtant bien à 50 litres au lieu de 87. Les contrevenants à cette limite se verront sanctionnés par une forte majoration financière de leur consommation d’eau. Le stade critique de la situation amène aussi la question de l’hygiène avec l’utilisation des toilettes et des douches, sachant qu’une minute de douche ou une chasse d’eau consomment déjà près de 15 litres d’eau.
LA RÉGION EN BRANLE-BAS DE COMBAT
En octobre, l’armée était déjà déployée sur la région pour sécuriser les différents points d’eau et prévenir de toutes incivilités. La municipalité a ainsi pris un certain nombre de mesures pour faciliter la transition vers le Jour Zéro et surtout trouver des solutions pour fournir de l’eau à la population.
200 points de collecte sont en train d'être mis en place. Ces points devraient ouvrir à partir du Jour Zéro et permettre aux habitants de venir récupérer leur ration quotidienne autorisée de 25 litres par personne. Si ces points sont placés sous la surveillance de la police, les autorités feront tout de même certainement face à de gros problèmes logistiques puisque cela représenterait environ 5 000 personnes par jour et par point de collecte.
Parallèlement, les autorités sud-africaines ont lancé le forage des nappes aquifères. Cette alternative d’extrême urgence, si elle est nécessaire étant donnée la situation, ne doit pas se prolonger au risque de vider les dernières sources d’eau de la région et d’endommager à très long terme les terres, la flore et la faune. L’ouverture de quatre centrales de désalinisation a également été lancée afin de produire 200 millions de litres d’eau d’ici février.
Si les prévisions météorologiques ne peuvent à ce jour pas prédire les prochaines précipitations qui viendront soulager le Cap, il est tout aussi impossible pour la région d’estimer les conséquences économiques et financières d’une telle crise. Un phénomène d’annulation des séjours touristiques est déjà observé.
C’est toute l’Afrique australe qui a connu cette crise de sécheresse, aggravée par le phénomène climatique El Niño. Cependant, de fortes précipitations ont eu lieu sur toute cette partie du continent remédiant au problème. La région du Cap est donc la seule à y faire face.
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