À partir du 2 août, l'humanité vit à crédit
À compter de ce mercredi 2 août, l'humanité a consommé la totalité des ressources que notre planète est capable de produire en un an.
Jeudi 29 juillet 2019, l'humanité a consommé l'intégralité des ressources naturelles que la planète est capable de renouveler chaque année.
Nous sommes mercredi 2 août 2023, et l'humanité a consommé l'intégralité des ressources naturelles que la planète est capable de renouveler en 365 jours.
Après un recul de trois semaines en 2020 en raison des confinements mis en place partout dans le monde pour répondre à la crise de la COVID-19, le « jour du dépassement » était l'an dernier revenu à la même date qu'en 2019, soit le 28 juillet. Si le jour du dépassement a reculé de cinq jours cette année, le constat n'en est pas moins alarmant. Car ce progrès est avant tout dû à une nouvelle méthode de calcul. Dans les faits, les avancées attribuées à des efforts concrets correspondent à un peu moins d'une journée, selon le Global Footprint Network.
Calculé tous les ans depuis 1986 par l’ONG Global Footprint Network, le « jour du dépassement de la Terre » comparait jusqu'à cette année plus de 15 000 données fournies par des agences des Nations Unies, comme l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l’empreinte écologique de l’Homme avec la biocapacité de la planète. Des données actualisées avec un décalage de trois à quatre ans, en moyenne, avec l'année en cours.
Afin de parvenir à une évaluation plus précise, le Global Footprint Network considère désormais des données fournies par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ou encore par le Global Carbon Project, afin de quantifier les émissions mondiales de gaz à effet de serre et leurs causes. Cette nouvelle méthode a permis de reculer la date d'un peu plus de quatre jours.
Si l'on compare sur une échelle de temps plus longue, le jour du dépassement arrive tout de même 100 jours plus tôt qu'il y a 40 ans. Jusqu'à la fin de l'année, nous allons donc vivre sur les réserves de la Terre pour continuer à nous nourrir, nous chauffer, nous déplacer... Une surexploitation des écosystèmes qui compromet leur capacité à se régénérer.
Jusque dans les années 1960, l’humanité est parvenue à exploiter moins de ressources naturelles que la capacité de la Terre à les reconstituer et à absorber les gaz à effets de serre. Un seuil fatidique franchit en 1970, où la planète est devenue déficitaire le 357e jour.
En cause : la déforestation, la pêche intensive, la croissance démographique et les émissions de CO2 toujours trop importantes : « Les émissions de gaz à effet de serre représentent à elles seules 60 % de notre empreinte écologique mondiale », et ont augmenté de +6,6 % par rapport à 2020, rappelle l'ONG dans son rapport. En 2023, il faudrait 1,7 planète Terre pour compenser l'empreinte humaine en 2023.
Concrètement, ce dépassement des capacités de la planète se traduit de plusieurs manières : acidification des océans, disparition des espèces, érosion des sols, pénurie d’eau ou encore augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Selon Global Footprint Network et le WWF, « des signes encourageants » indiquent cependant qu’il est « possible d’inverser la tendance ». Malgré la croissance démographique et de l’économie mondiale, le jour du dépassement stagne depuis 2011, relativisent les organisations.
Pour atteindre les objectifs définis par le GIEC, qui visent à réduire les émissions de carbone de 43 % dans le monde d'ici à 2030 par rapport à 2010, il faudrait que le jour du dépassement recule de 19 jours par an au cours des sept prochaines années.