Cinq tendances pour les villes de demain
Au programme : poubelles intelligentes, lampadaires économes, micro-stations environnementales, parkings connectés et outils de surveillance 2.0.
Outils de surveillance, façon Big Brother, ou éventail de petites innovations écologiques intégrées aux mobiliers urbains : poubelles, lampadaires, parcmètres… Zoom sur cinq nouvelles technologies que nous verrons bientôt dans nos rues.
LES POUBELLES INTELLIGENTES
Déjà utilisée aux États-Unis, la BigBelly débarque en France ! Les villes de Strasbourg, Cannes ou Saint-Germain-en-Laye viennent de s’en équiper. Le principe ? Une poubelle compactant les déchets et capable de contenir 5 fois son volume. Grâce à une puce, elle communique en temps réel son niveau de remplissage et son état de fonctionnement, ce qui permet aux éboueurs de réduire le nombre de tournées. Dotée d’un panneau solaire, la BigBelly est autonome en énergie.
Autre système intelligent : un scanner à déchets connecté à une application. Sous la forme d’une borne, l’outil se raccorde à n’importe quel type de poubelle et détecte la nature des déchets jetés : organiques, verres, plastiques. Les usagers qui respectent le tri sélectif sont récompensés, via leur Smartphone, par des points qui se transforment en bons de réduction chez les commerçants de leur quartier.
LES LAMPADAIRES ÉCONOMES
En matière d’éclairage public, c’est un petit boîtier avec une antenne qui devrait s’imposer dans la ville de demain. L’outil, qui s’installe en pied ou en tête de lampadaire, facilite la maintenance du réseau, tout en réalisant d’importantes économies. L’équipement, vendu pour une centaine d’euros pièce (Nexiode), permet de piloter et de programmer à distance le luminaire. En plus de pouvoir jouer facilement sur la configuration des éclairages d’une ville, on peut aussi connaître l’état de fonctionnement des ampoules, sans que les agents municipaux n’aient à se déplacer. En 2017, la ville de Loches (7 260 habitants) a économisé 12 500 euros sur sa facture d’électricité, dont le montant annuel est de 130 000 euros, en installant des horloges astronomiques qui affinent automatiquement le niveau de l’éclairage avec l’aube ou le crépuscule.
LES PARKINGS CONNECTÉS
Trouver une place dans un centre-ville relève souvent de la gageure. Plusieurs innovations sont proposées pour simplifier la vie des automobilistes. Des capteurs, vissés sur la chaussée et connectés à Internet par un signal radio, permettent aux usagers de réserver rapidement une place qui se libère, via une application, ou aux municipalités de contrôler le temps de stationnement des véhicules. Ce système fait économiser beaucoup d’argent aux contribuables : un horodateur, couvrant une dizaine de stationnements, coûte 15 000 euros en moyenne, alors qu’un capteur coûte 150 euros pièce. Soit un montant total de 1 500 euros pour une zone identique. Une autre technologie va encore plus loin : des arceaux métalliques s’ouvrent et se ferment à distance, grâce à l’énergie solaire. Ils permettent ainsi aux utilisateurs de réserver une place ou aux mairies de veiller au bon respect des règles de stationnement, en condamnant physiquement les véhicules. Des zones piétonnes peuvent également être instaurées à certaines heures de la journée : l’arceau à énergie solaire peut, par exemple, être programmé pour être ouvert tôt le matin, afin de laisser les camions de livraison circuler, et se refermer pour le reste de la journée.
LES MICRO-STATIONS ENVIRONNEMENTALES
Toute une série de capteurs environnementaux, autrefois réservés aux experts, sont désormais proposés à un prix modique. Des entreprises commercialisent des mini-stations de mesure de la qualité de l’air, sous forme d’un boîtier d’à peine 20 cm de long. Pour le mettre en route, on se branche simplement sur une prise de courant. À l’extérieur, les capteurs détectent la présence de particules fines ou d’ozone ; à l’intérieur des bâtiments, celle de dioxyde ou de monoxyde de carbone, des gaz néfastes pour la santé. Les données sont ensuite visualisables sur une plateforme connectée. Le tout, pour moins de 5 000 euros, contre 100 000 euros pour une station standard ! Un prix encore élevé pour les particuliers, mais qui rend la technologie accessible aux municipalités. Les prix d’autres mini-capteurs environnementaux, permettant notamment d’évaluer la qualité de l’eau, se sont eux aussi démocratisés.
LES OUTILS DE SURVEILLANCE
La ville du futur sera sûrement plus écologique et mieux gérée, mais exercera sans doute aussi une surveillance à outrance de la population. Bons nombres d’outils présentés dans le cadre du salon Smart City vont dans ce sens. Pour le moindre de nos faux pas, un simple Smartphone s’avère plus efficace que n’importe quelle caméra de surveillance, ou qu’un drone. Certaines villes françaises proposent aujourd’hui aux habitants d’installer l’application Neocity sur leurs téléphones, pour se tenir au courant des actualités de la ville. C’est ainsi que la mairie de Nemours a pu avertir ses résidents, la veille au soir, de la survenue imminente de la crue du Loing, qui a causé d’importantes inondations dans toute l’Île-de-France en juin 2016. Mais au quotidien, ce type d’application permet surtout d’informer directement les services municipaux en cas de méfaits observés dans son quartier. Photos à l’appui ! Une poubelle renversée, un chien errant, un cyclomotoriste sans casque, une nuisance sonore… Quoi de mieux qu’un téléphone pour dénoncer ses voisins en toute discrétion ? L’avenir de la surveillance devrait compter sur la délation 2.0.
Zoom sur les villes du futur, dans le magazine National Geographic numéro 235, daté d'avril 2019.