États-unis : des sites archéologiques amérindiens mis en péril par l’administration Trump

Les autorités viennent de réduire la taille de certains « National Monuments » de l’ouest des États-Unis, des espaces notamment dédiés à la préservation du patrimoine culturel amérindien. L’objectif : lancer l’exploitation minière.

De Rédaction National Geographic
Carte résumant les enjeux miniers à Bears Ears National Monument et à Grand Staircase-Escalante, publiée dans ...
Carte résumant les enjeux miniers à Bears Ears National Monument et à Grand Staircase-Escalante, publiée dans le numéro 230 du magazine National Geographic, daté de novembre 2018.

Le Bears Ears National Monument est aujourd’hui le théâtre d’un affrontement concernant l’avenir de la protection des terres publiques aux États-Unis. Dans l’Ouest américain, des canyons déserts de l’Utah aux forêts de conifères de la côte Pacifique, les terres publiques font l’objet de violentes controverses. Une loi de 1906 donne au président des États-Unis toute latitude pour protéger des « sites historiques (…) et d’autres objets d’un intérêt historique ou scientifique » situés sur des terres fédérales. Or le président Donald Trump mène une politique de réduction de ces aires.

La bataille fait surtout rage autour des National Monuments. C’est en particulier le cas sur le site de Bears Ears, comportant deux buttes dotées d’arches naturelles et d’habitations amérindiennes millénaires, qui a été classé par l’ancien président Barack Obama, en décembre 2016. Un an plus tard, le président Donald Trump a réduit d’environ 85 % la superficie de 550 000 ha de cette aire protégée, et l’a divisée en deux secteurs plus petits, Indian Creek et Shash Jáa.

Non loin de là, il a amputé de 46 % la superficie du Grand Staircase-Escalante National Monument. Cette zone, abritant des paysages à couper le souffle (rochers en forme de nuages, crêtes bosselées, canyons tortueux, chutes d’eau…), avait été classée par le président Bill Clinton, le 18 septembre 1996. Elle couvrait 755 000 ha, mais a été réduite, le 4 décembre 2017, à 400 000 ha par Donald Trump.

La raison de ces restrictions territoriales : des ressources naturelles ont été découvertes dans ces deux zones. Les géologues estiment que le potentiel des réserves de gaz et de pétrole dans les nouveaux territoires ouverts autour du Bears Ears est faible. En revanche, les gisements d’uranium – situés près d’anciennes mines, dans les parties ouest et nord-est de ces territoires – semblent prometteurs. À Grand Staircase-Escalante, 57 milliards de tonnes de charbon gisent dans le sous-sol du plateau de Kaiparowits, dont la plus grande partie se situe désormais en dehors du Grand Staircase-Escalante National Monument. Situé en profondeur, ce charbon serait très onéreux à extraire, mais il intéresse des producteurs d’acier étrangers.

 

Textes extraits du reportage “La bataille pour l’Ouest américain” de Hannah Nordhaus, publié dans le numéro de novembre 2018 du magazine National Geographic.

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