Îles Canaries : le Cumbre Vieja continue de ravager La Palma
« Je n'ai jamais rêvé d'être si proche d'un tel événement », souffle le photographe Arturo Rodríguez. Il était pourtant là au bon moment pour capturer l'impressionnante éruption du Cumbre Vieja en septembre dernier. L'éruption est toujours en cours.
Dans l'après-midi du 19 septembre, le volcan Cumbre Vieja s'est réveillé, crachant de la roche en fusion sur ses flancs et envoyant vers le ciel une colonne de cendres. Les volcans de l'île sont alimentés par un panache de roche chaude qui s'étend profondément sous terre.
Le photographe Arturo Rodríguez prenait une douche chez lui à Tenerife, la plus grande des îles Canaries, lorsque sa télévision, allumée dans la pièce voisine, a laissé s'échapper un cri d'alarme. « Il vient d'entrer en éruption ! Il vient d'entrer en éruption, j'en crois pas mes yeux ! » s'époumonait le journaliste.
Dans les semaines qui ont précédé ce jour de septembre, un essaim de séismes a secoué l'île voisine de La Palma. Rodríguez, qui a passé l'essentiel de sa vie à La Palma, se préparait à aller photographier des scientifiques dans leur mission de surveillance des volcans de l'île. Lesdits volcans dormaient depuis 50 ans. Mais l'un d'entre eux s'est réveillé il y a près de deux mois et continue de gronder.
Rodriguez s'est précipité pour changer de vol et s'est rendu sur l'île quelques heures plus tard. Cette nuit-là, il a pris des photos alors que la lave jaillissait du sommet du Cumbre Vieja, projetant une lueur étrange sur les villes voisines. Les rugissements du volcan remplissaient tout l'espace, comme des vagues se brisant sur une falaise. Des cendres retombaient du ciel et une forte odeur d'œufs pourris imprégnait l'air.
« Je n'ai jamais rêvé d'être si proche d'un tel événement », souffle le photographe. « C'est d'une telle puissance. »
L'éruption toujours en cours a détruit plus de 2 500 bâtiments et déplacé des milliers de personnes à ce jour. Les cendres sont tombées en couches épaisses, faisant s'effondrer les toits des maisons et ensevelissant les terres agricoles. La lave a tout recouvert sur son passage. « Ce volcan est entré en éruption au milieu de la zone la plus peuplée », explique Rodríguez. « La douleur des gens est palpable. »
Cette douleur s'est accentuée lorsque Rodríguez a repéré son cousin parmi la foule de personnes qu'il photographiait alors qu'elles faisaient leurs bagages pour fuir le chaos. Il a posé son appareil photo et s'est précipité pour l'aider à ranger à la hâte ses affaires dans des cartons.
Aujourd'hui, deux mois après son entrée en éruption, le Cumbre Vieja continue de ravager l'île. L'économie dépend en grande partie de la culture de la banane. Or des centaines d'hectares de terres de culture de bananes ont été ensevelies sous la lave. La plupart des bananiers qui ont survécu sont couverts de cendres et les fruits ne sont plus comestibles, encore moins exportables. L'avenir de l'île est pour le moment suspendu, alors que certains de ses habitants, qui ont tout perdu, préfèrent désormais fuir.