Les habitants des îles Pacifique apprennent à vivre avec le changement climatique

Pour les communautés autochtones du Pacifique, s’adapter à la montée des eaux, aux tempêtes violentes et aux autres conséquences du changement climatique… est devenu une nécessité.

De Janice Cantieri
Photographies de Vlad Sokhin, Panos

Cela fait trois années consécutives que les températures mondiales atteignent des sommets - et les habitants du Pacifique en ont ressenti les effets.

La région du Pacifique aura été exposée à des cyclones dévastateurs, des ondes de tempêtes, le blanchiment des coraux ainsi que des pluies erratiques. La montée du niveau de la mer menace les îles de faible altitude où l’eau salée s’infiltre dans les puits d’eau potable, détruit les cultures vivrières de base et cause des dégâts matériels.

Depuis 2013, le photographe Vlad Sokhin récolte des données sur les changements environnementaux dans les communautés du Pacifique. Sokhin se concentre principalement sur les communautés autochtones qui s’adaptent aux défis essentiellement posés par les émissions carbone des pays développés.

« Dans tous les pays, j’ai pu observer les effets du réchauffement planétaire et du changement climatique, » rapporte-t-il. « Les pays sont confrontés à différents effets. Par exemple, à Guam, le blanchiment des coraux constitue le plus grand défi, mais ces dernières années, les cyclones se sont intensifiés et sont devenus la menace la plus directe.

Les eaux anormalement chaudes de l’océan favorisent le blanchiment des coraux, un phénomène qui se produit lorsque des coraux stressés expulsent les algues colorées vivant dans leurs tissus. Le blanchiment des coraux est une menace pour l’écosystème récifal, mais les cyclones et les tempêtes tropicales, qui se font de plus en plus intenses, représentent un danger immédiat pour les habitants des îles.

Deux cyclones de catégorie 5 ont frappé le Pacifique au cours des deux dernières années : en mars 2015, le cyclone Pam a frappé le Vanuatu et en février 2016, les Îles Fidji ont été touchées par Winston, le cyclone le plus puissant qui ait jamais frappé l’hémisphère sud.

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L’îlot Teafua Tanu de Tokelau est traditionnellement utilisé comme cimetière. D’autres îlots sont utilisés pour élever des porcs, planter des cultures ou pour récolter du bois. Mais ce mode de vie ordonné est perturbé par la montée des eaux.
PHOTOGRAPHIE DE Vlad Sokhin, Panos

Les nations de faible altitude situées plus nord du Pacifique central sont particulièrement vulnérables à la montée des eaux. La plupart de ces îles sont des atolls coralliens ou des îles coralliennes en forme d’anneaux, situées à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. Selon Sokhin, certaines communautés des Îles Gilbert, Tuvalu et Marshall sont entourées d’eau lors des marées hautes.

La hausse du niveau des océans conjuguée aux changements anthropiques sur le littoral peut exacerber l’érosion côtière. Néanmoins, certaines îles récifales de faible altitude se sont élargies, et ce malgré la montée du niveau des eaux. Que les îles disparaissent ou non, à marée haute, les communautés locales sont confrontées à des conditions de vie difficiles.

Lorsque l’eau monte autour de ces îles, elle peut endommager les cimetières, infiltrer les puits d’eau potable et détruire les cultures vivrières de base, comme les arbres à pain ou le taro. Malgré tout, la plupart des autochtones ne souhaitent pas quitter la terre sur laquelle leurs familles ont vécu depuis de nombreuses générations.

« Les habitants du Pacifique sont les personnes les plus déterminés que je connaisse. Ils essaient toujours de faire face et de s’adapter, et parfois, les conditions sont extrêmement difficiles. Mais la plupart des gens disent : « « C’est notre terre, nous devons trouver une solution. » »

Aux Tokelau, une petite communauté polynésienne située au nord des Samoa, les communautés s’adaptent de manière préventive au changement climatique. À Fakaofo, l’un des trois atolls des Tokelau, une communauté d’environ 350 habitants a construit, autour de son îlot, des murs en béton s’élevant à cinq mètres de hauteur, raconte Sokhin.

« De près, cela ressemblait à une forteresse logée au milieu du Pacifique, » dit-il. De plus, les Tokelau, un territoire néo-zélandais, sont entièrement alimentées à l’énergie solaire, raconte Sokhin. « Ce modèle montre comment d’autres pays et d’autres nations insulaires formées d’atolls pourraient exploiter leurs terres et s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. »

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