L'origine des mystérieuses « cascades de sang » de l'Antarctique (enfin) expliquée
Pas la moindre goutte de sang dans cette cascade sanglante : une étude a révélé l’origine de cette couleur singulière.
Les « cascades de sang », qui doivent leur nom à leur couleur rougeâtre, ne sont en réalité pas un flot de sang qui s'échapperait d'une blessure latente.
Une étude de 2017 publiée dans le Journal of Glaciology révèle la véritable cause de cette teinte, à l'origine mise sur le compte de l'algue rouge par l'utilisation de radars qui ont scanné les couches de glace desquelles la rivière se déverse.
Cette découverte a été faite par l'équipe de scientifiques dont fait partie Erin C Petit, exploratrice émergente chez National Geographic.
Situées dans les vallées sèches de McMurdo en Antarctique, les cascades jaillissent du glacier Taylor, tandis que le liquide remonte à sa surface par le biais de fissures. Le mystère demeurait quant à l'origine de cet écoulement dont la température moyenne est de -17°C, alors qu'une faible fonte glaciaire peut être observée à sa surface.
L'imagerie réalisée sous le glacier a permis d'élucider cette énigme et a révélé l'existence d'un réseau complexe de rivières ainsi que d'un lac sous-glaciaires composés d'eau salée riche en fer, raison de la couleur rougeâtre des cascades.
D'après cette étude, la composition de cette eau salée expliquerait le fait qu'elle s'écoule plutôt qu'elle ne gèle.
« L'eau salée demeure liquide au sein des environnements sous-glaciaires et intra-glaciaires grâce à la chaleur latente de la congélation associée à la salinité élevée », indique l'étude.
De l'eau salée riche en fer
Le lac situé sous le glacier a une consistance salée peu commune. Or, l'eau salée qui a un point de congélation plus bas que celui de l'eau douce, libère de la chaleur en gelant et, par conséquent, fait fondre la glace et engendre l'écoulement des rivières.
Si le glacier peut tolérer les courants d'eau, il s'agit également du glacier le plus froid sur Terre composé d'eaux en mouvement (la teneur en fer extrêmement élevée de ces dernières le faisant cependant ressembler à tout autre chose).
L'étude a également mesuré la quantité de saumure riche en fer au sein de l'eau de la rivière, suggérant que celle-ci augmentait à proximité des cascades.
Un lien a aussi été établi entre la température de l'eau et la teneur de la saumure : des fissures de diverses tailles dans le glacier permettraient l'entrée de l'eau hypersaline en son sein. L'eau salée (ici en rouge afin d'illustrer la quantité de fer présente dans l'eau) gèle et la chaleur latente réchauffe l'eau qui l'entoure, augmentant ainsi la concentration de saumure au cœur des fissures.