Grâce à ses défenseurs, cette île des Palaos abrite une biodiversité extraordinaire

Grâce à leur inventivité, les habitants de l'île Hatohobei ont assuré la pérennité d'un atoll pour les générations à venir.

De GLEB RAYGORODETSKY
Photographies de Kiliii Yüyan, National Geographic
Publication 9 juil. 2024, 13:13 CEST
Les seuls humains de l’île Helen, une étroite langue de sable sur la frange nord de ...

Les seuls humains de l’île Helen, une étroite langue de sable sur la frange nord de l’atoll de Hotsarihie, sont les gardes présents pour en protéger la faune. L’atoll est la propriété collective des habitants de l’île de Hatohobei.

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan, National Geographic

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Un matin de décembre 2020, à la pointe sud-ouest de l’archipel des Palaos, les gardes du Helen Reef Resource Management Program (HRRMP) commençaient leur journée. Ils étaient en train de ranger les locaux et de vérifier les fusils de pêche quand ils ont entendu le vrombissement d’un moteur, avant d’apercevoir un bateau inconnu. C’était forcément synonyme d’ennuis. Ils auraient été prévenus si une embarcation autorisée devait arriver à Hotsarihie – le nom donné à l’atoll par les habitants de l’île voisine de Hatohobei, gardiens ancestraux des lieux.

Celle-ci faisait partie d’une flotte de six bateaux à moteur rattachés à un vaisseau chinois qui braconnait des concombres de mer, dont le prix peut atteindre près de 1 700 euros le kilo à Hongkong. Quand l’un d’eux s’est approché de la station des gardes sur l’île Helen, au nord de l’atoll, l’équipe a demandé par gestes aux pêcheurs clandestins de rejoindre leur navire et d’attendre les consignes. « J’ai eu peur, confie la garde Petra Tkel. C’était la première fois que je me trouvais face à des braconniers. » Elle a appelé le responsable du HRRMP à Koror, la plus grande ville des Palaos. Les renforts étaient en route, mais il faudrait quelques jours pour qu’un navire de la police maritime parcoure les 580 km de haute mer. Les gardes, qui pour leur propre sécurité ne sont pas autorisés à arraisonner des navires étrangers, devaient gagner du temps.

En 2020, les gardes Tony Chayam (à gauche), Petra Tkel (au centre) et Hercules Emilio ont ...

En 2020, les gardes Tony Chayam (à gauche), Petra Tkel (au centre) et Hercules Emilio ont refusé un pot-de-vin et aidé à arrêter des pêcheurs clandestins venus de Chine sur l’atoll de Hotsarihie, dans les îles Palaos.

PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan, National Geographic

Les pêcheurs sont revenus plus tard avec du riz, de la bière, 20 000 dollars en liquide et la promesse d’un virement de 30 000 dollars supplémentaires. Réparti entre les membres de l’équipe, ce pot-de-vin équivalait à un an de salaire par garde. Les braconniers pensaient s’en tirer ainsi. Mais, pour Hercules Emilio, responsable de la conservation au sein de l’équipe, pas question d’accepter. « On sait que, en définitive, on fait ça pour notre peuple, pour la génération à venir », explique celui qui a grandi sur Hatohobei, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de l’atoll.

Les braconniers chinois ont engagé leur navire amiral dans la passe menant aux eaux abritées du lagon et ont envoyé des plongeurs procéder au pillage. Ils n’ont cessé de proposer de l’argent et des marchandises, mais les gardes n’ont pas cédé.

Enfin, grâce à l’appui aérien et maritime de la Garde côtière des États-Unis, le navire patrouilleur est arrivé de Koror le troisième jour et a bloqué la passe, piégeant le vaisseau chinois dans le lagon. Des agents l’ont arraisonné et ont arrêté ses vingt-huit membres d’équipage. Ils ont aussi procédé à la saisie d’argent liquide, de bateaux à moteur, de matériel de pêche et de 225 kg de concombres de mer braconnés.

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    PHOTOGRAPHIE DE Kiliii Yüyan, National Geographic

    « Je suis extrêmement fière de nos gardes », s’est félicitée Rosania Victor, responsable du HRRMP, dans une vidéo relatant l’incident. « Pour leur bravoure lors de l’interception d’un navire de pêche clandestin, pendant laquelle ils ont mobilisé leur expérience et les tactiques apprises en formation. Et pour l’intégrité dont ils ont fait preuve. »

    Depuis la création du HRRMP, il y a plus de vingt ans, la gestion traditionnelle des Tobiens, les habitants de Hatohobei, guident la conservation de l’atoll. Cette philosophie en matière de préservation de la nature s’étend à tout l’archipel, l’un des sites marins les mieux protégés et les plus riches en biodiversité de la planète.

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