Le fruit toxique de la série The White Lotus existe vraiment et il attaque le cœur

L’arbre pong pong, surnommé « arbre à suicides », pourrait avoir un rôle à jouer dans la série à succès diffusée sur HBO. Par le passé, cette plante a été responsable de plus de 1 000 décès par an.

De Becky Ferreira
Publication 10 avr. 2025, 14:00 CEST
Ne mangez pas ce fruit, ce pourrait être votre dernière action ! L’arbre pong pong (Cerbera ...

Ne mangez pas ce fruit, ce pourrait être votre dernière action ! L’arbre pong pong (Cerbera odollam) joue potentiellement un rôle important dans la série HBO The White Lotus. On le retrouve en Asie du Sud-Est et son fruit mortel est si connu qu’il a donné à l'arbre son surnom d’arbre à suicide.

PHOTOGRAPHIE DE amstockphoto, Getty Images

Le fruit défendu est un thème récurrent dans toutes les saisons de The White Lotus, la série américaine diffusée sur HBO qui suit les péripéties de riches touristes séjournant dans un hôtel de luxe. Lors de la troisième saison, qui se déroule en Thaïlande, la parabole a pris une dimension plus concrète lorsqu’un des membres de l’hôtel met en garde un client de ne pas manger le fruit de l’arbre pong pong, assez toxique pour tuer un humain.

À présent, les fans de la série se posent des questions. Et si les fruits de cette graine mortelle, plantée lors du premier épisode, arrivaient à maturité lors du dernier épisode de la série ? Alors même que les idées sombres du personnage incarné par Timothy Ratliff continuent de noircir.

Mais ce que les fans ignorent peut-être, c’est que l’arbre pong pong (Cerbera odollam) est bien réel et a été par le passé impliqué dans des milliers de morts. L’effet dévastateur de ses fruits est si connu à travers toute l’Asie du Sud-Est, que l’arbre a gagné le surnom morbide d’« arbre à suicide ».

 

LE PONG PONG OU « ARBRE À SUCIDE »

L’arbre pong pong fait partie de la famille des Apocynaceae, une branche des plantes à fleurs connues pour leurs poisons. On le retrouve en Asie du Sud-Est, dans les îles du Pacifique, ainsi qu’au Nord de l’Australie, bien qu’il ait plus récemment fait son apparition partout à travers le monde en tant qu’arbre ornemental.

Le principe actif du poison de la plante, la cerbérine, est plus concentré dans les graines du fruit, qui font à peu près la taille d’un noyau de pêche. Une très faible dose peut s’avérer fatale, même si certaines personnes ont survécu à des empoisonnements.

De grosses graines du fruit de l’arbre pong pong flottent dans un étang empli d’algues de ...

De grosses graines du fruit de l’arbre pong pong flottent dans un étang empli d’algues de Bangkok, en Thaïlande. Les graines de ces plantes sont extrêmement vénéneuses. Elles contiennent de la cerbérine, un poison qui est absorbé dans le sang et peut causer une crise cardiaque.

PHOTOGRAPHIE DE ShotByRaphael, Getty Images

« Comme pour tous les poisons, tout dépend de la personne, de son âge, son sexe, sa taille et son historique médical », déclare Hilary Hamnett, professeure associée en sciences forensiques à l’université de Lincoln et autrice de Poisonous Tales: A Forensic Examination of Poisons in Fiction, qui n’a pas été traduit en français.

Le produit chimique qu’il contient donne au fruit un goût dérangeant, très amer, ce qui, du point de vue de l’arbre, est le but.

« Les plantes évoluent pour produire ces produits chimiques très amers parce que, en tant qu’arbres, elles ne veulent pas que l’on vienne manger leurs graines. Cela les empêcherait de se reproduire et de pousser », explique la professeure.

« Les animaux viennent, le mangent une fois, et le goût les convainc de ne pas y revenir », elle ajoute. « C’est un mécanisme de défense. »

Pour les humains cependant, c’est une autre histoire. Au cours des siècles, les humains ont appris à broyer les graines des arbres pong pong et de leurs autres cousins vénéneux, créant une poudre. Ils pouvaient ainsi l’ingérer pour une multitude de raisons, notamment comme médicament, comme un moyen de commettre un homicide ou un suicide, voire en tant que sentence lors des procès de sorcellerie.

 

LES EFFETS DU FRUIT SUR LE CORPS

En plus d’avoir mauvais goût, la cerbérine est un glycoside cardiaque, cela signifie qu’elle cible le cœur.

Comme d’autres poisons qui s’ingèrent, la cerbérine est absorbée par le sang depuis l’estomac. Les premiers symptômes peuvent survenir au bout de 20 à 30 minutes : le système immunitaire tente de se défendre en provoquant nausées, vomissements et diarrhées pour évacuer le poison.

Au bout d’une heure, la cerbérine peut ralentir dangereusement le rythme cardiaque d’une personne en perturbant la pompe sodium-potassium qui régule les mouvements du cœur, explique Hilary Hamnett. Une personne empoisonnée peut ressentir des palpitations et des arythmies qui dégénèrent en arrêts cardiaques.

« En fait, cela va saturer la polarisation au sein du corps, nécessaire pour que les muscles du cœur se contractent et se relâchent », ajoute Owen McDougal, professeur de chimie et de biochimie à l’université publique de l’État de Boise. « Sans ces phases de contraction et de relaxation, le muscle du cœur arrête purement et simplement de fonctionner. »

« Personne ne veut mourir ainsi », déclare-t-il.

 

EST-IL COURANT DE MOURIR À CAUSE DE CE FRUIT ?

Les arbres pong pong sont connus depuis des années comme étant des agents de la mort. Une étude publiée en 2004 a montré que les arbres étaient impliqués dans plus de la moitié des cas d’empoisonnement par des plantes et dans plus d’un dixième de tous les empoisonnements, dans la région de Kerala, en Inde, entre 1989 et 1999.

Cette même étude estimait que près de 3 000 personnes mouraient chaque année, et ce durant des siècles, à cause de l’arbre pong pong et de son proche cousin, le faux manguier (Cerbera manghas), aussi connu sous le nom de tanguin. Ce dernier était également utilisé à Madagascar, lors de procès pour sorcellerie.

« Une personne soupçonnée de subversion spirituelle, parfois de vol ou d’autres délits, devait boire une mixture de copeaux de tanguin dilués dans de l’eau, puis manger de la peau de poulet », selon un article sur la pratique de la sorcellerie, paru dans un journal en 2002. « Vomir le poulet prouvait que l’on était innocent. Certaines personnes jugées ainsi ont péri des effets du poison, d’autres n’ont jamais vomi, auquel cas elles étaient reconnues coupables et exécutées. »

La plante a laissé de nombreuses victimes dans son sillage, en partie à cause de sa consommation dans des zones rurales sans accès à des traitements d’urgence. La portée du poison est cependant internationale, beaucoup de vendeurs en ligne exportent les arbres et leurs graines à travers le monde.

Par exemple, une étude datant de 2018 a présenté six cas d’empoisonnement aux fruits de l’arbre pong pong aux États-Unis, trois d’entre eux fatals. L’une des victimes était une femme de 33 ans qui avait acheté le poison sur Internet, vendu comme un remède pour perdre du poids.

Owen McDougal a également fait face au scénario inverse. En 2022, il a publié une étude de cas sur un homme ayant tenté de mettre fin à ses jours en avalant des graines de l’arbre pong pong. L’homme a cependant survécu après l’ingestion.

 

COMMENT TRAITER UN EMPOISONNEMENT AU FRUIT PONG PONG

Il n’y a pas d’antidote miracle au poison du fruit, même pour les patients recevant une aide médicale à temps. Les médecins peuvent administrer des poisons aux effets opposés à celui du pong pong, comme l’atropine, ou bien réaliser un massage cardiaque. Le pronostic dépend cependant d’une multitude de facteurs.

« Si on part du principe que la personne ne reçoit aucun traitement, elle peut mourir dans l’heure qui suit », explique Hilary Hamnett. « Lorsque l’on ausculte dans les hôpitaux des personnes ayant consommé ces fruits, leur cœur peut battre à 30 pulsations à la minute. Il continue à battre de moins en moins rapidement, jusqu’à l’arrêt total. »

Que l’arbre pong pong ajoute ou non une victime fictive à son compteur après le dernier épisode de la série The White Lotus, son tableau de chasse dans le monde réel est déjà bien rempli. Alors que la réputation macabre de la plante se diffuse et que son utilisation comme objet décoratif exotique à travers le monde se démocratise, l’arbre vénéneux pourrait bien faire d’autres victimes. Le fruit défendu peut s’avérer tentant, mais il y a des choses auxquelles il ne vaut mieux pas toucher.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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